Essai Morgan Aeromax : une anglaise au coeur bavarois

C'est au Salon de Genève de 2005 que la Morgan Aeromax a été présentée pour la première fois. Modèle unique et entièrement artisanal né de la volonté du Prince Eric Sturdza et des traits de Mathiew Humphires. Destiné à rester exclusif, il n'en fut rien tant l'accueil du public et des amateurs de Morgan fut bon. La marque tente alors le coup et promet de produire 100 exemplaires, afin de célébrer les 100 ans de la marque, si 100 acheteurs se manifestent. Vous l'aurez compris, c'est l'un de ces 100 exemplaires que j'ai pu essayer.
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En effet, la marque a reçu 170 bons de commande confirmés par des acomptes en seulement 48 heures. Seuls les 100 premiers seront servis au rythme de 2 voitures par semaines dès janvier 2008. Aucune des 100 Morgan Aeromax ne sera identique à une autre tant le choix des couleurs est vaste avec 25 000 teintes extérieures et 5 000 couleurs de cuirs. Pour les clients pointilleux, il est néanmoins possible de faire faire des teintes sur mesures. La marque anglaise laisse également le choix, limité pourrions-nous dire, entre quatre bois précieux.

Contrairement au modèle du Salon réalisé à la main, l’Aeromax « de série » est réalisée, pour la toute première fois pour la marque, à l’aide de la CAO (conception assistée par ordinateur) afin de redessiner intégralement le modèle final. La carrosserie est ensuite réalisée en aluminium, par un procédé innovant d’étirement à chaud, qui permet de conserver les propriétés mécaniques de l’aluminium tout en permettant de contenir le poids ; l’Aeromax ne pèse que 1 050 kg !!

Œuvre d’art

Il est temps de découvrir la voiture, irréelle dans ses proportions majestueuses, au style néo-rétro qui, comme toute œuvre d’art, demande de prendre son temps pour en apprécier tant l’ensemble que les détails. L’avant, très long, dans lequel nous trouvons des phares de Mini Cooper S, ses ailes galbées et son capot bombé. La découverte se poursuit par son profil tout en courbes, celles des ailes avant en forme de vague qui viennent s’échouer sur la roue arrière, celles des ailes arrière tout en arrondi ou celle du toit, très douce qui descend ensuite sur un arrière monumental. La poupe de l’Aeromax est sans aucun doute la partie la plus intéressante, tout droit issu des années 30 et leurs fantastiques Bugatti T57S Atlantic et autres Talbot Lago T150C SS avec un arrière en pointe et un double pare-brise arrière. Les ailes, une fois de plus fortement galbées, reçoivent pour leur part des feux de Lancia Thesis.
Morgan
Une conception néo-rétro

Entre modernité et héritage, la Morgan Aeromax pose sa carrosserie en aluminium d’à peine 1 mm d’épaisseur sur un improbable bâti en bois de frêne. Ce dernier, anachronique, repose sur un châssis sophistiqué tout en aluminium extrudé, soudé, collé et riveté. Tout aussi à la pointe de la technologie, il y a 10 ans, nous trouvons entre autres quatre roues indépendantes à double triangulation, rotules Uniball pour toutes les articulations, amortisseurs in board activés par des basculeurs, freinage assuré par des étriers à six pistons et disques ventilés.

Un habitacle surprenant

Dans cet intérieur luxueux, mêlant les odeurs de cuir de qualité et d’essence de bois précieux se côtoient le pire et le meilleur. Le pire, ce sont des ajustements parfois approximatifs, parfois grotesques avec nombre de vis parfaitement visibles. D’un autre côté, le cuir beige est somptueux et recouvre l’ensemble, des sièges au pavillon de toit en passant par les contre-portes, la colonne centrale ou encore le levier de vitesse. Là où le cuir n’est pas, ce sont des inserts de bois précieux ou de l’aluminium ou, plus surprenant, un tableau de bord moderne tout en carbone qui détonne du classicisme observé jusque-là. Les sièges sont parfaitement accueillants et, face à moi, je trouve un volant d’une banalité et d’une qualité affligeantes, même pas relevées par les commodos en plastique noir issus de chez BMW, décevant dans cette atmosphère de salon anglais au charme suranné. Au-delà, un pare-brise tenant plus de la meurtrière pourvu de 3 petits essuie-glace offre un regard sur le très long capot s’ouvrant en aile de mouette. Il est l’heure de réveiller l’orchestre qui sommeille en dessous.

Pièce majeure

Immédiatement, les 8 cylindres en V s’accordent sur un « La » profond, rauque et puissant qui s’extrait des échappements latéraux. Je sélectionne le mode « drive » de la boîte automatique ZF à 6 rapports et entame mon périple sur les routes de Sologne. Oubliez les voitures modernes et leur moteur « downsizés » gavés de turbo, rien de tout cela ici. Les Anglais ont fait entrer au chausse-pied le V8 de 4,8 litres que l’on trouvait dans la BMW X5 (Type E70). Officiellement et pour des questions d’homologation, ce moteur est inchangé ou presque et développe 368 ch à 6 100 tr/min et 490 Nm à 3 600 tr/min. Officieusement, il semblerait que la barre des 400 ch ne soit pas bien loin. Les performances sont à la hauteur avec un 0 à 100 km/h couvert en 4,2 secondes et une vitesse maximale de 273 km/h.
Morgan
Ce moteur offre une souplesse et une élasticité d’une autre époque, toujours plein quel que soit le régime moteur, me permettant de rouler sur le couple sans me poser de questions. En ville ou sur route, la Morgan Aeromax se conduit donc très facilement, sans à-coup, et si je dois dépasser sur départementale, je n’ai même pas besoin de rétrograder, le V8 gavé de couple allié au poids plume relance l’Anglaise sur le rapport en cours. J’en suis ravi, mais très franchement j’ai le pied droit qui me titille sur ces routes aussi sinueuses qu’en bon état. Fidèle d’Oscar Wilde, je respecte un de ses célèbres aphorismes en cédant à la tentation dans le seul et unique but d’en être ensuite débarrassé et j’écrase la pédale de droite.

Il ne fallait pas. La débauche de couple et de puissance sur les seules roues arrière provoque chez elle une ruade. Maîtrisable, mais une ruade tout de même… pas si flegmatique, l’Anglaise ! C’est donc avec un peu de retenue et pas mal de bon sens que je m’y prends par la suite.

La chevauchée fantastique

Tel un chef d’orchestre, je dirige mes musiciens, non pas avec une baguette, mais avec une pédale, celle de droite. À moteur allemand, compositeur allemand et c’est du Wagner que je joue, l’acte III de L’Anneau du Nibelung, la Walkyrie. Les échappements Morgan complètement libérés permettent aux huit cylindres de s’exprimer au mieux de leur forme, sans retenue, se laissant griser par les montées en régime jusqu’à plus de 7 000 tr/min, par ce rythme insensé qui me permet de me délecter de cette musique euphorisante. Pourtant, il me faut garder la tête froide afin de négocier les virages qui s’enchaînent. Heureusement, l’Aeromax dispose d’une direction précise et directe offrant une consistance adaptée à la conduite en cours. Le train arrière, pour sa part, demeure sportif et demande toujours autant d’attention. Néanmoins, la position de conduite, presque sur l’essieu arrière, permet de sentir immédiatement cet arrière espiègle et de réagir très vite et avec facilité tant il n’est pas piégeur et la voiture bien équilibrée. Seules les routes dégradées demandent une certaine attention, car dans ces situations, bien que confortable, la Morgan a tendance à « rebondir » à droite, à gauche de la route. Mieux vaut se mettre vers le centre de la chaussée où, judicieusement, lever le pied.
Morgan
Bien qu’elle emprunte de nombreuses pièces chez d’autres constructeurs, des feux de Mini ou de Lancia aux moteur et commodos de chez BMW, la Morgan Aeromax n’en est pas moins une voiture singulière. Je ne dis pas ça à cause de ses ajustements parfois si surprenants qui ont du mal à passer pour une voiture vendue 160 000 €. Toute son ipséité réside dans ce style à nul autre pareil, dans cette conduite si particulière, dans ses effluves si agréables et dans sa rareté.

Note : 17/20

Bien vu :
- Style
- Moteur
- Performances
- Sonorité
- Côte d’occasion

À revoir :
- Volant et commodos qui dénotent
- Certains ajustements intérieurs

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