La Bentley Continental GT V8 S, c’est 2,3 tonnes d’élégance et de distinction que le temps peine à altérer. Il m’aura fallu presque une quinzaine d’années pour enfin appuyer sur le bouton poussoir de celle qui envoûtait mes nuits, après sa présentation officielle au Mondial de Paris en 2002.
Pour remettre les pendules à l’heure !
Héritière d’une longue lignée de coupés britanniques au sang bleu, la GT s’avance vers moi dans une livrée rouge, dénommée St James Red, qui fait honneur à son pedigree. Tout comme les Porsche 911, les changements stylistiques intergénérationnels de la Continental GT ne s’offrent qu’aux regards avertis de la caste des spécialistes. Pourtant, ils sont assez nombreux. La calandre noire barrée d’un jonc chromé vertical met en valeur les optiques ovoïdes incrustées de « petits diamants » à LED. Son profil semble tout droit sorti d’une table de dessin. C’est comme si sa ligne était née d’un seul coup et même coup de crayon ! En poupe, les épaules et sa malle sont marquées par le diffuseur arrière, lui-même rythmé par une double sortie d’échappement en forme de 8.
Ce 8 composant une ode à ce qui se cache sous son long capot. Car plus question du 12 cylindres en W. Selon les nouvelles normes antipollution, il serait responsable de la disparition de l’habitat des ours polaires. Le Connétable, officier en charge de la cavalerie royale, conscient du problème, s’est donc alloué l’aide d’un moteur à 8 pistons cubant 4 litres et gavé d’air par un double turbocompresseur. Si l’écurie de 528 pur-sang à 6 000 tr/min et 680 Nm de couple à 1 700 tr/min catapulte la machine de 0 à 100 km/h en seulement 4,5 secondes, pour une vitesse de pointe de 309 km/h, elle annonce en revanche une chute des consommations et des émissions de 40 %. Un exploit technique rendu possible par l’extinction de voix de 4 de ses cylindres lorsque le conducteur conserve le pied léger. Voilà donc de quoi rassurer les scribouillards normalistes !
Moderne. Pour quoi faire ?
Ici pas de technologie avant-gardiste dont peuvent être armées ses concurrentes teutonnes. Elle n’est pas capable de lire les panneaux de signalisation ni de prévenir d’un danger imminent, et encore moins de conduire seule. Non ! Entrer dans cette Bentley, c’est avant tout respirer le savoir-faire des maîtres-artisans de l’usine Bentley à Crewe.
Le cockpit sent bon le cuir pleine fleur. Les métaux sont polis à la perfection. Les tapis épais accueillent les passagers en douceur et lorsque ces mêmes passagers touchent de leur main le cockpit, ils ne peuvent qu’être transportés par les matières utilisées. À ce moment-là, il ne leur restera plus qu’à s’enivrer de la majestueuse mélodie du V8 et apprendre l’heure grâce à l’horloge Breitling qui trône au centre du tableau de bord.
Si le bagage technologique n’est pas au goût du jour, la Continental n’a pas renoncé au confort, loin de là. Son système multimédia à écran tactile dispose de 30 Go pour stocker des musiques, les sièges sont chauffants et réfrigérants, tandis que des moteurs électriques assistent à la fermeture des portes et du coffre. Le nécessaire y est ! Et ce n’est pas la transmission intégrale ni la suspension active qui nous diront le contraire.
Pour l’allumer ?
Il suffit de presser le bouton « Start ». Et là, on se rend compte que cette Bentley n’est pas une voiture comme les autres. Le feulement du V8 en dit long sur les ambitions de la belle. Ce qui étonne, dans les premiers kilomètres, c’est l’omniprésence de la cavalerie. Les canassons sont parfaitement tenus par une boîte automatique ZF à huit rapports qu’il est possible de changer via deux palettes fixées à la colonne de direction. Pour ma part, je préfère lorsqu’ils sont solidaires du volant.
Une fois sorti de la capitale, j’opte pour les petites routes de Seine-et-Marne qui m’emmèneront sur l’asphalte de notre circuit partenaire : LFG. En attendant d’y arriver, je m’offre un petit plaisir en actionnant la position « Sport ». Je commence à jouer des palettes. À mon grand étonnement, la boîte répond au quart de tour et ponctue chaque rétrogradage par un grondement du V8 qui me procure des frissons le long du dos.
Arrivé sur le tarmac, je sens un sourire me monter aux lèvres, lorsque tout d’un coup l’ESP me joue de mauvais tours. Son tempérament castrateur m’obligera finalement à le mettre en sourdine. Il ne comprend pas qu’il faut mettre du frein en virage puis relever la pédale pour faire basculer le popotin de la GT et ainsi l’inscrire sur sa ligne de sortie de courbe. Amusant à souhait !
Les virages s’enchaînent et malgré une masse plus proche de celle d’un camion que d’une sportive, elle accepte maintenant les changements d’appuis rapprochés avec ferveur. Les premiers gros freinages me rappellent vite qu’en dépit de tout le savoir-faire de la marque, les lois physiques sont les mêmes pour tout le monde…
Je commence à bien l’avoir en main. Je ressens même le travail de la transmission intégrale qui répartit la force motrice vers chacune des roues en privilégiant le train arrière capable d’encaisser jusqu’à 60 % du couple. Cela me permet même d’anticiper et de relancer juste avant la corde dans le bruit assourdissant des pneumatiques.
Après une petite heure, l’auto crie famine. Il est temps de repasser à la pompe, puis de faire ce pour quoi elle a été conçue : de l’autoroute.
Ici, je pénètre dans un autre monde. Celui où règne le silence. Les ingénieurs anglais ont réalisé un excellent boulot ! Avec son double vitrage et son insonorisation soignée, l’habitacle de la Continental se transforme en refuge où il suffit de se laisser transporter. J’ai l’impression de conduire sur un nuage et les suspensions, contrôlées électroniquement, jouent également leur rôle. Comme elles sont indépendantes les unes des autres, en cas de bosse, le choc n’est pas transmis aux autres roues. Je peux donc rouler plus vite et plus longtemps, sans me fatiguer.
Au diable l’avarice !
La Continental GT V8 S se place tout droit dans la grande lignée des GT britanniques. Chère, très chère même, avec un prix de base de 190. 560 €, auquel s’ajoutent 38. 370 € d’options (pour ma version). Elle attire cependant indéniablement les regards sur sa belle carrosserie. Son style délicieusement outrancier, sans pour autant tomber dans la vulgarité, affiche toute la retenue d’une Bentley à la filiation si prestigieuse. Si on se laisse influencer par la passion, elle reste une excellente auto pour rouler jusqu’au bout du continent, et cela dans un habitacle à l’atmosphère inimitable.
Note : 15/20
Photos : Étienne Rovillé & Julien Fautrat
Bien vu :
- Le style unique
- Le V8 et son rendement
- Plaisir au volant assuré !
À revoir :
- Les consos qui s’envolent
- Les places arrière
- Le tarif et les options
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