24 h du mans motos 5 usines pour la victoire

Tous les passionnés d'endurance vont devoir recaler leur calendrier et modifier leurs habitudes. En effet, on débute la saison par les 24 heures du Mans, qui avaient marqué la fin du championnat 2014 et le Bol d'or, pour sa part, émigrera en septembre vers le circuit du Castelet. Malgré les tentatives de la Fédération internationale de motocyclisme le championnat du monde 2015 ne comportera que 4 épreuves mais réunira 5 " usines " avides de décrocher le titre.
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Nous avons eu la chance de pouvoir aller trainer nos guêtres lors des journées de roulage pré Le Mans, au cours desquelles nous avons pu rencontrer bon nombre de protagonistes et surtout juger, à l’œil et au chrono, les performances des uns ou des autres. 

Plusieurs types de concurrents

Pour que les choses soient bien claires, dans le championnat il faut distinguer deux choses. En premier lieu la catégorie des machines : 

     - les EWC c'est-à-dire les motos, qui sur une base de moto de série ont fait l’objet d’un développement compétition marqué 

      - les Superstock, très strictement conformes à la série ont subi quelques petites adaptations mineures pour la course. 

Ensuite on distinguera les teams permanents, ceux qui se sont engagés pour disputer les quatre courses de la saison. En EWC nous en avons 14 et c’est là qu’il faut logiquement rechercher les vainqueurs des épreuves, alors que 6 teams permanents seulement sont engagés en Superstock pour une Coupe du monde.

A partir de cette ossature solide de 20 motos, en général hyper préparées, nous trouverons sur le Bugatti 39 autres motos candidates à prendre le départ des 24 heures. Pour que les équipages puissent connaître les grands frissons de la courbe Dunlop, il faudra passer les contrôles techniques le mercredi 15 avril, et réussir les qualifications les 16 et 17.

Comme à l’habitude, pour la première course de la saison hypothèses et supputations vont bon train. Les petites et les grandes écuries semblent toujours en train de peaufiner les réglages et personne ne veut réellement abattre ses cartes avant les essais qualificatifs. Pour autant, il est facile de savoir que l’inquiétude des teams de pointe réside dans la gestion des pneumatiques dont le nombre demeure contingenté à 45 pour les 24 heures, alors qu’en 2015 il était prévu de descendre à 30 ! La question demeure de savoir si l’on peut enchainer deux relais à cadence maxi avec le même pneu arrière. L’équation qui était résolue par Michelin l’an dernier ne profitera qu’aux teams engagés en compétition client, alors que Pirelli et Dunlop se partagent les machines officielles.

Si nous parlions plus haut de 5 usines présentes en championnat du monde d’endurance, pour être précis il convient de moduler le rôle des usines. Aucune, qu’elle soit nippone ou allemande n’est engagée directement. Kawasaki, Yamaha et Suzuki ont leurs bases en France au sein de structures privées, Honda met en œuvre le programme à partir de l’Angleterre alors que BMW France portant l’engagement, c’est l’écurie allemande Penz 13 qui coordonne l’action.

L’avis du champion

Pour analyser la situation nous avons demandé à Vincent Philippe 8 fois champion du monde et dernier vainqueur des 24 heures du Mans de répondre à nos questions :

Repartir aux 24 heures après y avoir terminé la saison par une victoire en 2014, est-ce un bon présage ?

« Oui, l’année dernière nous avions eu des conditions très particulières, nous avons été très forts pour gérer tout ça et ramener une victoire. Cette année on ne connait pas la météo que l’on va avoir. C’est sûr que si la météo est clémente, tout le monde va être à bloc et il va y avoir du déchet et pourquoi pas faire un bon résultat, mais nous serons un peu plus en difficulté que si nous avons des conditions mitigées. On va rester vigilant par rapport aux objectifs. »

La Suzuki est une grand-mère, comment allez-vous contenir la nouvelle Yamaha très fringante et la Kawasaki très performante ? 

« Je ne confirmerai pas tes propos sinon j’aurai des petits soucis, mais c’est sûr que de conception notre moto est un petit peu vieillissante par rapport aux nouveautés, y compris la BMW aussi. C’est clair que l’on manque un peu de performance. Nous en sommes conscients, c’est la difficulté. Ces derniers temps nous voulions toujours être en haut de l’affiche tout le temps, sur toutes les séances, sur toutes les courses alors que nous étions un poil en retard au niveau des performances. Nous avons bien analysé  et accepté cette situation l’année dernière. Grâce à cela, et en connaissant nos forces et nos faiblesses, nous pouvons tirer le meilleur parti de notre moto. Nous avons la fiabilité et notre équipe fait partie des meilleures du championnat, sinon la meilleure, donc en étant conscient de cela on peut vraiment aller très loin et avoir notre beau monde à l’usure. »  

Que dire de la BMW entrant officiellement dans le jeu en 2015 et de la Honda qui a démontré un bon potentiel la saison dernière ?

« C’est clair qu’il y a pas mal de clients. Les équipages ont évolué cet hiver encore, notamment sur la BMW. On va avoir face à nous des pilotes très forts, des pilotes de vitesse, ça sera sympa à voir. Aux essais ils vont être devant. En course on va voir comment ils vont se comporter après quelques heures de course. Les motos aujourd’hui sont toutes quasiment très fiables. La BMW a prouvé l’an dernier qu’il faudrait effectivement compter avec elle. La Yamaha de cette année, on ne sait pas trop. Chez Honda, depuis le début 2014, ils sont plus rapides que nous quasiment tout le temps mais avec certaines difficultés techniques, mécaniques ou d’équipe. S’ils ont avancé sur ces points-là, c’est certain que c’est une équipe à battre. »

Dans le cadre de ces 24 heures une exposition va être consacrée aux 35 ans du SERT, et toi ça fait combien d’années que tu te complais dans ce team ?

  Gros rires

«  Je suis rentré en 2003, je pourrais faire une partie de l’expo ! »

Combien d’années encore ?

« Dans ma tête je me vois encore trois années. 2015 puis 2016 et 2017 avec la nouveauté, la nouvelle GSXR qui va arriver. J’espère pouvoir développer cette moto et gagner le plus possible avec, avant de m’arrêter…. Mais comme il est difficile de savoir ce qui va se passer à l’horizon d’une année, alors on verra bien. » 

Chercher le vainqueur

Effectivement cet entretien souligne bien qu’une course de 24 heures constitue un atout pour une équipe aussi aguerrie et très expérimentée que le SERT (Suzuki Endurance Racing Team),qui arbore avec ses trois pilotes français ( Philippe, Delhalle et Masson) cette année le numéro 30. 

Le N° 1, normalement dévolu au champion du monde sortant, restera vacant puisque le GMT a voulu conserver son numéro 94 par fidélité à son partenariat très ancien avec le département du Val de Marne. Là, l’équipage est le même que celui titré en 2014 (Checa, K. Foray et Gines).

 L’autre Yamaha, du Yart ,bénéficiant elle aussi de toutes les attentions de l’usine portera comme d’habitude le N° 7 avec un panachage d’individualités rapides (Silva, Neukirchner, Morais). 

La Kawasaki officiellement engagée cette fois pour le championnat porte toujours le N° 11 et bat pavillon français (Leblanc, Lagrive, F. Foret). La France ( F. Foray, Da Costa, Gimbert) pilote également la Honda N° 111 engagée par les anglais. L’équipe Suisse, Bollinger de la Kawasaki N°8 a annexé un autrichien Saiger aux côtés des suisses Stamm et Sutter.

Après avoir mentionné cette brochette de champions trustant les guidons dans des teams très huppés, il ne nous faut pas pour autant négliger nombre d’écuries françaises ayant une bonne connaissance de l’endurance.

Sans conteste, National Motos N° 55 et sa fidélité indéfectible à Honda  mérite de pointer en première ligne de ces passionnés d’endurance. Hervé Moineau multi champion du monde managera encore, avec toute la pédagogie dont il est capable, les jeunes loups (Fastre, Maurin et Casas-Moreno) du team April Motors Events, engagés sur une Suzuki EWC N° 50 un peu plus évoluée que celle de 2014. Toujours sur une Suzuki EWC N° 2, le team parisien R2CL, souvent remarqué depuis 2009, entend bien démontrer la pertinence de ses choix. Effectivement, Raphael Chaussée le manager, associe un anglais, un russe et un français (Storrar, Leonov et Giabbani) pariant sur l’expérience du capitaine de route français et la vitesse des deux autres pour tenter de profiter du déchet chez les officiels et rentrer dans le cinq majeur à l’arrivée.

Ne pas oublier les autres 

Nous n’oublierons de jeter un œil attentif en direction des motos roulant en Superstock. Nous avons déjà vu de quels exploits était capable le Junior Team Suzuki du Lycée le Mans Sud N°72. Avec des mécaniciens en formation professionnelle, des pilotes aussi rapides qu’enthousiastes (Guittet, Black, Maitre) et le professeur-manager Damien Saulnier, redoutable meneur d’hommes et brillant stratège, le cocktail ne manque jamais de brio. Les locaux de l’étape trouveront de vaillants adversaires avec qui croiser le fer, notamment l’équipage (J.Nigon, Lecoquen, Clere) sur la Yamaha N° 333 Viltalis Expériences, ou encore la brochette (A.Cudlin, Al Naimi, Al Sulaiti) sur la Kwaasaki N° 95 du Qatar Endurance Racing Team.

Dans la catégorie Open, c'est-à-dire celle accueillant des machines innovantes en voie de développement nous trouvons la Metiss N° 45 habituée de l’épreuve et saluons l’arrivées de la Geco, moto homocinétique, comme la définit son créateur Éric Offenstadt. C’est le team Slider Endurance qui a accepté la charge de procéder à des essais de cette moto originale dans sa conception. L’équipe a pris le risque de l’engager sous le N° 119, alors qu’il aurait sans doute fallu encore beaucoup de roulage pour fiabiliser un tout nouveau concept, passé directement de l’imagination d’Éric à la fabrication sans réelle validation chronométrique et de fiabilité. 

Une préparation minutieuse

Une course de 24 heures comporte tellement de risques de tous ordres (mécaniques, humains, faits de course) que toute la préparation tourne surtout autour de la réduction maximale de tous ceux inhérents à la mécanique. Nous avons découvert par exemple dans un top team, que pour les radiateurs de refroidissement, non seulement on montait un léger grillage de protection sur chacun d’eux –y compris sur ceux de rechange éventuel-  mais qu’on les testait en pression, fort opportunément d’ailleurs, puisqu’un radiateur neuf livré par le fabriquant présentait une légère fuite !

En raison du nombre de composants, sous-ensembles et montages différents il est facile d’imaginer le volume de travail qui mobilise les mécaniciens jusqu’au moment où l’on monte la moto dans le camion, direction Le Mans.

Pour cette reprise du championnat, les spectateurs seront nombreux à venir profiter et de la course et des multiples animations qui leur sont proposées, autour du programme sportif suivant :

Mercredi 15 avril

Vérifications administratives et techniques

Briefing des pilotes

Jeudi 16 avril

Briefing des teams managers

12h30-14h30 : essais libres

17h-18h50 : première séance essais qualificatifs

21h-22h30 : essais de nuit

Vendredi 17 avril

11h20-13h10 : seconde séance essais qualificatifs

18h-20h : visite des stands et du paddock

20-22h30 : show mécanique

Samedi 18 avril

10h30-11h15: warm up

15h: départ 38ème édition des 24 h Motos

Crédit photographique: Gilles Vitry, La Revue Automobile

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