Essai citroen sm

Dans les années soixante, la DS était devenue l'emblème de la marque et Citroën avait pris une place sérieusement prometteuse dans le secteur. Belle réputation, bonnes compétences techniques et acquisition de Maserati, la marque aux chevrons avait toutes les cartes pour développer un modèle qui les propulserait dans le segment premium. Forte de ses capacités et de son partenariat, la SM naîtrait donc, chargée de savoir-faire et d'attentes, face à une clientèle aux yeux pétillants et dans le contexte économique délicat des années soixante-dix.
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Projet S Maserati, une belle promesse.

Il faut remonter dans les années 50 pour découvrir la genèse de la SM. À l’origine, il s’agissait d’un programme pour lequel les ingénieurs souhaitaient atteindre les limites des véhicules traction. Aucune traction rapide n’existait en série et se présenter sur le marché avec une traction performante ferait tourner les têtes ! Jaques Né en serait le directeur de programme.
En 1962, le programme est baptisé DS Sport et Robert Opron, dessinateur de la SM telle que nous la connaissons, rejoint l’équipe. À ce moment, l’idée se précise. Les ingénieurs trouvent la DS inachevée et en mal d’une vraie motorisation : il lui faut de meilleures performances. De nombreux prototypes verront le jour durant ce programme. Presque un chaque année ! Les développements s’enchaînent. En 1966, un grand pas est réalisé. Sur un design de DS raccourci, abaissé et dépassant légèrement les 1 200 kg, la voiture franchit la barre des 200 km/h ! En 1967, les lignes de la SM sont figées. Le Cx est amélioré de 25 % par rapport à celui de la DS, soit un coefficient de pénétration dans l’air de 0,46. En parallèle, à la même période, Citroën s’empare de Maserati et en vient à s’intéresser de près à leurs motorisations. La conclusion est vite tirée : c’est Alfieri, « il dottore », qui sera responsable du développement du V6 – de tout de même 192 ch – propulsant le véhicule à plus de 220 km/h. Le nom du véhicule devient « S » pour programme DS Sport et « M » pour Maserati : la SM est née !

Sur la route, elle est vivante !

C’est à quelques encablures de Chatillon-sur-Seine que nous retrouvons Nicolas, descendant actif de la société familiale Sm2a, spécialisée en restauration de véhicules anciens. Nous voilà donc devant une belle SM dorée. C’est une version injection 2,7 L que nous avons la chance d’essayer. Nous avons d’abord été conduits par Nicolas sur quelques kilomètres, de quoi profiter d’un point de vue externe pour quelques instants. Depuis notre C5 agrippée à la route, nous avons observé la SM prendre le roulis de manière déraisonnable et c’est dans un silence – peut-être le seul de tout le voyage – religieux que nous avons apprécié le spectacle de la belle dansant à chaque virage. Quelques bornes plus tard, c’est mon tour.
Au volant, je me sens confortablement installé, comme dans mon canapé. Un peu enfoncé certes et sans aucun maintien latéral, mais je ne m’en plains pas. Le sentiment d’espace que m’offre la SM est d’ailleurs agréable. Contrairement à d’autres véhicules quadragénaires, l’espace se fait présent, mais je n’éprouve pas de sensation de vide pour autant. Le tunnel central occupe une bonne place : ni trop ni trop peu. Plaisant.

La phase d’observation terminée, passons aux choses sérieuses. Démarrage : facile ! Bravo Sm2a. La belle monte en pression, claquements et grognements se font entendre : elle se réveille. Allez, première. La douceur est de rigueur : effleurer l’accélérateur suffit, sous peine d’entendre le 6 cylindres grimper inutilement dans les tours. C’est parti ! Le moteur est étonnamment souple à bas régime et finalement je n’ai eu droit à aucun hoquet ou autre caprice. Docile ! La vitesse monte relativement rapidement, mais rien de foudroyant, c’est tout de même bien aseptisé, cependant on a de la ressource.

La direction est étonnante, particulièrement franche, ce qui donne un vrai dynamisme à la voiture. La Diravi se fait oublier... sauf à l’arrêt où le volant revient naturellement au point milieu dans un claquement plus que douteux.

C’est un jouant avec qu’on en ressent le vrai potentiel. Nicolas, étant né entre deux cylindres d’une SM, la prend en main pour nous en faire la démonstration. Bluffante pour sa tenue de route, elle est de plus incroyablement saine. Cependant, inutile d’essayer de lire ou d’avoir une autre activité perturbante pour l’oreille interne ! À vos risques et périls, mais ça ballotte sérieusement.

intérieur

La chute.

La production totale de SM n’a pas atteint les 13 000 unités. La mécanique Maserati complexe et sensible livrée à un service après-vente trop peu formé pour assurer son entretien va engendrer la mauvaise réputation de la SM, déjà sujette à quelques soucis techniques. Cependant, ces points noirs techniques auraient pu être gommés par les évolutions (l’injection arrive en 1973) et l’engouement qu’elle suscitait. Mais le sort va s’acharner. Taillée pour les USA, elle y remporte d’abord le prix de la voiture de l’année en 1972 et les ventes y décollent aussitôt. En 1972 et 1973, 1/4 de la production y est vendu. Malheureusement, en 1974, le règlement pour l’homologation sévit et il est désormais inenvisageable d’exporter la SM sans une pléthore de mises aux normes trop coûteuses pour la marque. Citroën devra abandonner ce marché. Puis les chiffres parlent d’eux-mêmes, la production chute sévèrement dès 1974. Ajoutez à cela les difficultés financières de Citroën, autant dire que l’avenir de la SM est compromis. À tel point qu’en 1975 elle devient un fardeau et sa production est si faible qu’elle est confiée à Ligier avant d’être définitivement arrêtée par Peugeot (qui aura racheté Citroën en 1976).

Un vaisseau admirable.

La SM, ou l’accueil d’une perle sans son écrin. Il s’agissait d’une véritable vitrine technologique roulante qu’il allait falloir assumer techniquement une fois présente sur route. Elle n’a malheureusement pas été portée à sa juste valeur évoluant de plus dans un contexte qui n’était pas favorable à sa réussite. Sans aucun doute un échec pour certains, autant qu’une belle source d’inspiration pour d’autres – à l’image des travaux réalisés par Chapron. C’est donc au-delà de l’aspect financier, tout compte fait négatif, qu’il faut aller chercher l’attrait des collectionneurs pour cette aristocrate d’acier. Car si sa rareté est pour beaucoup dans l’évolution de sa cote ces dernières années, il faut admettre que son design laisse pantois la majorité des natifs post 1980 autant que quelques rêveurs puristes ou autres nostalgiques d’une époque révolue en automobile. Et quand Woody Allen se targue de nous faire comprendre que notre époque est la bonne, si on regarde le projet S Maserati, on y pense sérieusement, à ces années qu’on n’a pas connues…
Bravo les gars, elle est réussie ! Nous, on l’aime notre SM !

Remerciement à l’équipe de Sm2a

Photos : Etienne Rovillé

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