Mes deux protagonistes font preuve de philosophies très différentes, à commencer par leurs styles. La Golf R propose un dessin plutôt sobre malgré le bouclier qui gagne en agressivité et les quatre sorties d’échappement un brin ostentatoire. L’ensemble demeure assez lisse et convenu et ce ne sont pas les jantes Pretoria de 19 qui vont la démarquer d’une version « de base ». La Focus RS lui oppose une tenue d’apparat pour le moins exubérante : gros diffuseur arrière pourvu d’énormes sorties d’échappement, ailes sensiblement élargies, becquet volumineux, bouclier avant hypertrophié et calandre béante respirant l’agressivité.
Il en va de même pour l’intérieur : là où la Ford propose d’accueillants sièges baquets en cuir avec surpiqûres, la Volkswagen offre des sièges R en tissu et alcantara plus civilisés, mais peu sportifs, dommage pour une R ! Cette dernière prend l’avantage sur la qualité perçue et l’utilisation de matériaux plus flatteurs, bien que l’on se passerait volontiers du plastique noir laqué de la console centrale.
Sur la route :
Au quotidien, la Golf R est facile à vivre. En mode ECO, NORMAL ou CONFORT, ce dernier, justement, est préservé et l’amortissement civilisé. La direction, ferme, semble en faire un petit peu trop, sans que ce soit alarmant. A contrario, la Focus RS manque de consistance sur ce point, comme pour l’ensemble des commandes telles que le pédalier ou le levier de vitesses. Cela dit, ça la rend souple en usage urbain en nous gardant d’une fatigue inutile. Sur ce plan-là, la Golf fait encore mieux en s’occupant des passages de rapports comme une grande grâce à sa boîte DSG 6 bien gérée.
La comparaison des coffres prête à sourire et ne signifie rien ici, mais pour donner un gros avantage à la Golf R SW nous allons tout de même la tenter. Le break voit son volume de chargement s’établir à 605 litres, l’un des plus importants de sa catégorie. À l’opposé complet, la Focus RS la joue minimaliste avec un coffre minuscule de 260 litres ! Une comparaison plus sérieuse se ferait avec la Golf R non break qui la verrait tout de même sortir vainqueur avec 343 litres.
Que ce soit le 2.0 TSI de la Golf ou le 2.3 Ecoboost de la Focus, les deux moteurs impressionnent par leur douceur d’un côté et leur capacité d’accélération d’un autre côté. La Focus prend l’avantage avec son énorme couple de 470 Nm et ses 350 ch, là où la Golf doit se contenter de 300 ch et 380 Nm. Mais au quotidien, cette différence reste invisible et chacun est capable de transformer le moindre trajet soporifique en spéciale de rallye. La Focus garde l’avantage du plaisir sur ce point avec sa boîte manuelle et son comportement plus joueur. Mais la route n’étant pas un terrain de jeu, direction le circuit de La Ferté Gaucher.
Deux philosophies, une même piste :
La Golf R SW, malgré de très bonnes accélérations peine à convaincre sur la piste avec son train arrière soudé au sol. Le mode RACE durcit les suspensions et la direction qui devient excessivement lourde tout en n’apportant que peu d’informations, c’est tout simplement inutile. Le train avant est assez précis, mais c’est toujours lui qui glisse en premier, offrant un comportement sous-vireur vite ennuyeux. La boîte DSG, utile et efficace en usage courant, devient ici un frein, parfois même en refusant de rétrograder. C’est tout de même frustrant d’avoir un badge R et 300 ch pour en arriver-là. Heureusement, la Golf GTI Clubsport semble bien plus amusante pour qui veut rester chez Volkswagen. Nous effectuons cependant plusieurs sessions avec, par souci du travail bien fait, mais la délaissons rapidement au bénéfice de la Focus RS.
L’idée du plaisir chez Ford est directement liée à une approche ludique de la conduite. La marque américaine n’a pas cherché à faire la voiture la plus efficace, mais à en faire une voiture amusante. N’allez pas croire pour autant qu’elle n’est pas capable de réaliser un bon temps, la Golf R s’en souvient encore !
La RS c’est un syncrétisme puisant autant chez Renault pour le côté joueur que chez Audi pour l’efficacité des 4 roues motrices, en gros c’est une 4 roues motrices amusante, mais performante. Les entrées en courbe sur les freins, puissants et endurants, sont secondées par le train arrière mobile comme il faut, mais qui pousse ensuite la Focus vers la sortie. Le jeu est de trouver le bon équilibre entre la dérive trop timide et le gros travers aussi amusant que peu efficace. On ne s’ennuie jamais à son volant, en cherchant toujours le placement idéal, le freinage au bon moment, la dérive parfaite du train arrière et la nouvelle accélération judicieuse pour reprendre du grip. Dommage que la consistance des commandes manque à ce point de fermeté, enlevant de facto une part de sportivité.
La Golf R SW et la Focus RS sont deux idées différentes du sport, l’une très (trop) sérieuse et l’autre divertissante sans jamais être dangereuse sur route. La différence de comportement se trouve décuplée sur la piste où l’une va se montrer sérieuse, voire sérieusement ennuyeuse, et l’autre carrément ludique et amusante. À chacun sa philosophie, mais à La Revue Automobile, notre choix se porte sur la Ford.
Vous pouvez lire nos essais de la Ford Focus RS et de la Volkswagen Golf R en suivant les présents liens.
2020 25585 km Manuelle Diesel
2021 52064 km Automatique Essence