Apparue en 1994 pour remplacer la vieillissante Audi 80, l’A4 a rapidement trouvé son public, en s’imposant comme une référence dans le segment des berlines premium. Seulement, BMW a repris du poil de la bête au fil des années, portant la Série 3 au rang de best-seller à l’échelon mondial. Pour cette nouvelle génération, Audi a donc remanié l’A4.
Une évolution en douceur :
Une évolution bien timide, comme de coutume avec Audi. En fait, le constructeur ne nous a pas vraiment habitués à l’audace, en remplaçant ses modèles avec douceur afin de ne pas brusquer la clientèle. Au chapitre stylistique, l’orientation retenue est la même que pour les A3 ou R8 : remplacer sans dénaturer et l'on pourrait prendre cette nouvelle venue pour un simple restylage de mi-carrière plutôt que pour une réelle nouveauté. Toutefois, la nouvelle Audi A4 est bien plus racée que sa devancière, avec des arrêtes vives de la proue jusqu’à la poupe. Dommage que le dessin général se distingue peu des autres véhicules proposés dans le catalogue du constructeur. Les efforts sont en revanche plus importants au niveau technique. La nouvelle carrosserie permet d’économiser 15 kilos sur la balance (un total de 110 kg gagnés par rapport à la B8), alors que le Cx tombe à 0,23, une valeur record dans la catégorie, profitant directement aux consommations.
Un confort digne des plus grandes :
La nouvelle berline affiche donc des dimensions sensiblement similaires à la précédente génération, avec 3 cm gagnés en longueur et un seul en largeur. Pas vraiment de quoi servir l’habitabilité, déjà très appréciable sur la B8 qu’elle remplace. L’espace à l’avant augmente de 28 mm alors que les passagers arrière profitent de 23 mm de plus. Le coffre cube toujours 480 litres (965 litres avec la banquette à plat). Le dessin de l’habitacle se démarque en revanche un peu plus de la génération précédente. Le dessin est plus dans l’air du temps, plus fin et la finition, simplement exemplaire. C'est une habitude avec la marque aux anneaux, le détail étant poussé jusqu’au plus petit des boutons tactiles reliés à la climatisation ou au rétroviseur sans encadrement, comme sur la Tesla Model S.
Pour cette génération, Audi n’y va pas avec le dos de la cuillère sur les équipements. On y retrouve, pêle-mêle, l’affichage tête haute, une phone box qui permet la recharge d'un smartphone par induction, un hotspot WiFi, la climatisation tri-zone, le combiné GPS fixe ou le Virtual Cockpit, inauguré sur le TT. La nouvelle Audi A4 reprend aussi le régulateur de vitesse adaptatif du Q7, qui se base sur les données GPS et topographiques pour ralentir l’auto avec anticipation et favoriser l’éco-conduite. Nous ne sommes plus très loin de la mobilité autonome et du confort « classe business » de certaines limousines.
Un ensemble mécanique parfait. Trop parfait ?
Lors de cet essai, nous avons fait le choix de la version équipée du 2,0 litres TFSI d’une puissance de 252 ch pour 370 Nm, associé à la boîte S-Tronic à sept rapports. Un choix pas forcément déraisonnable face aux nombreux TDI proposés par la marque. Dès les premiers tours de roues, nous avons été impressionnés par le silence de fonctionnement. Audi affirme qu’un travail rigoureux a été effectué sur l’insonorisation, portant le niveau sonore aux valeurs mesurées à bord de l’Audi A8. Si les jappements des échappements sont effacés par les avancées en termes de confort auditif, les performances sont au rendez-vous : avec le pic de couple disponible dès 1 600 tr/min, l’Audi A4 2,0 litres TFSI ne manque pas de reprises, suffisamment généreuses pour une utilisation quotidienne, mais le caractère demeure muselé.
Le moteur travail de concert avec un châssis efficace, élaboré autour de la plateforme MLB Evo. Sur le réseau secondaire, la berline est aussi à son aise, avec un train avant précis et un arrière qui enroule sans broncher. Toutefois, elle n’aime pas être chahutée. Avec la transmission Quattro, l’A4 devient sous-vireuse à la limite, la direction manque clairement de retour d’informations alors que l’amortissement, ni trop souple ni trop ferme, ne procure pas de passion. Ce n’est pas une sportive, certes, mais elle gagnerait à afficher plus de caractère. Pour les amoureux de conduite, comme nous, préférez la BMW Série 3 ou la Jaguar XE, cette dernière étant la surprise de l’année dans la catégorie.
Le juste milieu :
Avec cette nouvelle génération d’A4, Audi ne fait pas dans la révolution. La marque se contente d’améliorer une formule déjà gagnante, sacrifiant le plaisir de conduite sur l’autel du confort. À vouloir trop penser au conducteur, en lui offrant de multiples aides à la conduite et équipements de confort, le constructeur fait l’impasse sur le plaisir de ce même conducteur. Comme le papier pH, l’Audi A4 est un juste milieu, entre passion et raison, avec un résultat parfaitement conservé dans le temps. Sans doute par manque d’audace de la part de ses géniteurs, pas vraiment aptes à prendre des risques ni à froisser une clientèle conservatrice.
Affichée au prix de 30 850 € avec le 1,4 TFSI de 150 ch d’entrée de gamme, notre version d’essai grimpe à 58 300 € avec son bloc 2,0 litres de 252 ch. Les troubles obsessionnels pour les ajustements au millimètre près ont un prix. Le tarif est également affiché sans les options, qui font rapidement grimper la facture à une somme déraisonnable pour la majorité des acheteurs. Pourtant, son confort et l’ensemble des équipements dernier cri vont sûrement aider l'Audi A4 à s’imposer comme la référence de la catégorie, devant son ennemie de toujours la BMW Série 3 et la nouvelle Jaguar XE.
Note : 15/20
Bien vu :
- Silence de fonctionnement
- Dotation technologique
- Finition exemplaire
- Comportement routier sûr
- Consommations
À revoir :
- Style sans audace
- Manque de caractère
- Châssis muet
- Tarifs et liste des options
Crédit photo : Soufyane Benhammouda / La Revue Automobile
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