Cette route mythique et vertigineuse, créée de toute pièce par Ceausescu sera le terrain d’essai de la nouvelle SEAT Leon ST Cupra qui fait grimper la cavalerie de son 4 cylindres turbo de 10 chevaux pour atteindre un total de 290 pur-sang.
La Transfagarasan
Cette chaussée, au bitume imparfait, traverse du sud au nord les Carpates. Les presque 100 km de circonvolutions de la DN7c (dénomination officielle) relient Curtea de Arges au sud et Cartisoara au nord. Mais pour y arriver, le voyageur doit passer les monts Fagaras, dont elle tire son nom, culminant à 2 544 mètres d’altitude.
Il fallut attendre 4 ans, entre 1970 et 1974, pour que le despote Nicolae Ceausescu voie enfin la fin des travaux de sa route DN7c. Elle représentait sa réponse stratégique à l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’URSS en 1968. La Transfagarasan garantissait une intervention militaire rapide à travers les montagnes des Carpates dans le cas où l’URSS se lancerait sur le chemin de la capitale roumaine.
Elle a été réalisée avec des moyens matériels et humains considérables. Si, officiellement, on annonce 40 décès lors de sa réalisation, les personnes encore en vie 40 ans après la fin des travaux parlent de plusieurs centaines de morts.
Pourquoi la Leon ST CUPRA ?
Cela fait plusieurs années que les marques généralistes se battent à coup de centièmes de seconde sur le circuit du Nürburgring, pour revendiquer le titre de berline compacte à traction la plus rapide du monde.
Après une lutte acharnée entre la Mégane RS et la Leon CUPRA, c’est la Honda Civic Type R qui mettra Renault et SEAT d’accord avec un temps explosif de 7 minutes 50 secondes et 63 centièmes. En attendant la réplique des deux constructeurs européens au Japonais, SEAT s’est adjugé le titre de break compact le plus rapide sur le Nürburgring, avec un temps de 7 minutes 58, soit le même que celui de la dernière BMW M2 coupé. Un chrono qui restera longtemps en tête du classement, car ni la Mégane ni la Civic n’offrent à leur break une déclinaison aussi sportive.
Le pilote espagnol de la firme catalane, Jordi Gené, qui était une fois encore derrière le volant, a présenté ce record comme un « sentiment indescriptible ». Ce temps s’explique, d’après lui, par la puissance du 2 litres TSI à double injection et arbre à cames variable, le réglage adaptatif du châssis DCC, mais également par le différentiel autobloquant qui améliore la motricité en sortie de courbe.
Il fallait donc à cette SEAT Leon ST CUPRA, un terrain de choix capable de répondre à ce chrono diabolique et après de longues discussions, nous avons opté pour la Transfagarasan.
Le tour du proprio…
En étirant la poupe, les ingénieurs espagnols ont fait grimper la taille de la Leon ST de 27 cm, pour un total de 4,54 m. Ce qui nous fait déjà un beau bébé, d’autant que SEAT a préservé la silhouette dynamique de sa compacte en jouant sur l’inclinaison de la lunette arrière. Sans rouler des mécaniques, le break s’offre une ligne de profil fluide et élancée, mise en valeur par ses deux arrêtes stylistiques provenant des feux avant et arrière. Les jantes de 19 pouces Titanium bicolores, au dessin sportif, laissent entrapercevoir les étriers de frein rouges. Avec ses larges prises d’air et ses projecteurs full LED, la face avant est bel et bien celle d’une « sportive bourgeoise », alors qu’en poupe la jupe arrière percée de deux sorties d’échappement ovales et le spoiler de toit lui assurent un tempérament d’athlète.
L’habitacle, quant à lui, est plus germanique dans l’âme. Pas de fioritures ! Les plastiques, de qualité, sont noirs et bien ajustés, mais manquent cruellement de « joie de vivre ». Il n’y a guère que les sièges sport bi-ton en suédine et l’éclairage d’ambiance qui relèvent un peu la morosité générale. Cependant l’espace intérieur est vaste et les passagers ne se sentiront jamais à l’étroit, leurs bagages non plus d’ailleurs : ils trouveront aisément place dans la soute qui annonce entre 587 et 1 470 litres de capacité.
Couplé à la boîte DSG, mon break avale le 0 à 100 km/h en seulement 5,9 secondes. Sa vitesse de pointe est, quant à elle, bridée à 250 km/h. Si le 4 cylindres offre généreusement 290 chevaux, le souffle de son gros turbo lui permet de dégager un couple de 350 Nm disponible entre 1 700 et 5 800 tr/min. Largement de quoi faire face à toutes les situations ! Pour autant, la Leon ST CUPRA se montre, sur le papier, d’une étonnante sobriété au regard de ses performances : 6,6 l/100 km de consommation moyenne soit un taux d’émissions de 158 g/km de CO2.
Cap sur les Carpates…
C’est au pied du palais de l’ancien dictateur roumain que ma SEAT m’attend. En plein cœur de Bucarest. Cette ville vouée à l’automobile est aujourd’hui entièrement saturée. Mais la boîte de vitesses automatique DSG enchaîne tranquillement les rapports sans le faire savoir. Le couple du moteur me permet de me dégager facilement du trafic urbain composé à 80 % de Dacia plus ou moins modernes. Un régal ! Le châssis, même en position « Confort », éprouve quelques difficultés pour absorber l’asphalte bricolé par la DDE locale. Mais il est vrai qu’à part une DS 23, je ne vois pas vraiment quelle auto pourrait résister à ce champ de bataille bitumineux.
Une bonne heure et demie plus tard, me voici enfin sur l’autoroute me menant à Curtea de Arge?. Et mine de rien, les 290 canassons qui n’ont en principe que peu d’intérêt sur autoroute sont devenus très utiles. Chaque dépassement est une mission ! Les autochtones semblent écrire leur propre code de la route. Dépassement à droite, conduite à 80 km/h sur la file de gauche, zigzag pour faire chauffer les pneus… Même la conduite des Napolitains me paraît plus raisonnée. Alors pour éviter toute erreur de trajectoire franco-roumaine, la solution consiste à faire parler les chevaux. Une ouverture et c’est plein gaz ! Une méthode qui permet de dépasser en 2 secondes la voiture récalcitrante.
Enfin le Graal !
Après plus de 2 heures de route, ma Leon ST CUPRA foule enfin de ses roues la DN7c. La nuit tombe, je me dépêche de passer le barrage « Vidraru », qui ne mesure « que » 166 m de haut, pour atteindre le dernier hôtel de la région. Il surplombe le lac Vidraru et offre un panorama de toute splendeur.
7 heures du matin. Après un petit déjeuner gastronomique, me voici fin prêt pour la Transfagarasan. Les premiers virages arrivent rapidement. Mais il faut tenir encore quelques petites minutes pour faire chauffer la mécanique et les pneumatiques. J’augmente la cadence en synchro avec l’altitude du GPS.
Les virages se font de plus en plus serrés, je passe en mode CUPRA qui mobilise le châssis, la direction, la boîte de vitesses, le moteur et le différentiel autobloquant à son maximum. Ça avance, mais le rythme est relativement saccadé, car une pluie fine fait son apparition et les pneus Continental ont vraiment du mal à faire passer la cavalerie sur le sol. Je coupe totalement l’ESP. Les réactions deviennent brutales, mais en même temps la CUPRA démontre sa force. Et quelle force ! J’en oublie même que je suis installé dans un break et non dans un coupé sportif.
Je franchis les 1 850 mètres lorsque, tout d’un coup, une purée de pois vient m’empêcher de voir plus loin qu’à dix mètres. Je lève le pied et me laisse porter par l’ambiance surnaturelle. Un tunnel de trois kilomètres, non éclairé, m’emmène jusqu’au point culminant de la route. L’autre versant est, quant à lui, entièrement dégagé. GAZZZzzzzzzz…
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