C’est en plein petit-déjeuner, alors que nous dégustions avec Julien des œufs brouillés accompagnés de trois tranches de bacon, que je reçus un SMS. C’était Aurélie, l’attachée de presse de la marque au lion qui nous est affiliée qui m’écrivait ceci :
« Benoît, serais-tu intéressé par un shooting ? Il s’agit de notre concept-car pour le Mondial de Paris. Par contre, il aura lieu dans un endroit secret à Nanterre, demain, à 11 h 30. Nous avons eu un désistement, donc j’ai pensé à toi tout de suite. Dis-moi vite. »
Et mon café au lait alors… on ne respecte plus rien dans ce bas monde. De là, avec ma voix agréable et suave du matin, je dis à mon compagnon d’en face.
« Bon bahhhh, mon Juju on est de corvée demain. Il nous faut nous rendre dans l’une des bases secrètes de Peugeot pour contempler, ou pas, le dernier délire des designers Peugeot ».
Julien me répondit tout de go.
« Je mange mes œufs, là… Ils sont bons par ailleurs. Mais je vais commander un jus d’orange. C’est bon, un jus d’orange. T’en veux un ? Bref… s’il faut y aller, faut y aller. Madame, deux jus d’orange s’il vous plaît ».
Le rendez-vous est donc pris. Mais à cette heure-là, on ne savait toujours pas pourquoi, ou plutôt avec quoi et avec qui.
Tout vient à point à qui sait attendre… Il paraît !
Nous voici le lendemain matin. Sauf que, là, a contrario de la veille, j’ai dû faire l’impasse sur le café puisque Mercedes a eu la bonne idée de nous donner les informations sur son premier SUV électrique, l’EQC, et que j’étais normalement de « garde » d’actualités.
Il est 10 h 30. J’enfile un T-shirt, mes baskets et cours vers le RER A direction la Défense. Vingt minutes plus tard, je téléphone à Juju, qui, comme de coutume, n’est pas à l’heure pour notre rendez-vous. Heureusement, il arrive 4 minutes plus tard, de quoi laisser passer 2 tramways.
Accompagné de mon fier bougon de photographe, nous voilà maintenant devant le hangar secret. Évidemment, il faut montrer patte blanche et passer les molosses qui servent de « gardiens du secret ». Après un palper-rouler gratuit. Il nous est enfin permis de nous rendre au point de rencontre.
Et quel bonheur, nous avons 7 minutes d’avance et les gens de Peugeot en ont 5 de retard. J’ai donc l’occasion de prendre ce café noir qui me manque tant et qui sera accompagné par une viennoiserie.
C’est l’heure ! La machine et les hommes sont prêts. Nous allons enfin savoir ce que c’est.
Les lumières baissent d’intensité. Peugeot a décidé de nous mettre en situation. J’entends déjà les premiers cliquetis de Juju qui prépare son gros calibre, comme il aime le dire. Une lumière blanche éclaire le fond du hangar. Elle bouge lentement. Se rapproche. Mais tout est encore trop loin pour voir cette chose. La lumière monte doucement en intensité. La voiture sort de la pénombre sans un bruit. Accélère fort pour se stopper à 5 mètres de nous. Stupéfiant !
Cette fois, c’est la bonne. L’auto est longiligne, rectiligne, horizontale, agressive, moderne et rétro à la fois. Sa robe champagne me fait penser aux belles teintes des concept-cars de la fin des années 90. Julien se précipite, sur ELLE. Le calme qui régnait il y a peu est perturbé par les enclenchements frénétiques du Juju qui frémit de plaisir. Il semble être séduit par les formes de ce concept-car !
Derrière nous, une porte dérobée s’ouvre. Les silhouettes qui se cachaient derrière deviennent de plus en plus claires, jusqu’à reconnaître la tête grisonnante de Gilles Vidal, patron du style PSA, accompagné par sa horde. En avançant vers nous le jeune quinquagénaire s’exclame : « Son nom de code est P18. Mais nous la nommons Peugeot e-LEGEND concept ».
Ici, j’ai enfin le droit de comprendre ce qu’est l’esprit de cette chose qui me rappelle un autre modèle. Et cela sera confirmé par Gilles Vidal, l’e-LEGEND est un hommage à la somptueuse Peugeot 504 coupé qui fête ses 50 ans. À peine finit-il cette explication qu’un brouhaha résonne non loin. C’est une 504 coupé originelle.
Nous les mettons non loin l’une de l’autre et je comprends de suite que ce magnifique show-car est bel et bien le descendant du coupé réalisé par le roi du design automobile, Pininfarina.
La ligne de caisse est basse, longiligne et comme cintrée en son centre. Elle laisse entrapercevoir de petits plis, ici et là, pour marquer son caractère. Les jantes remplissant parfaitement les passages de roues ne sont que du 19 pouces. Elles sont chaussées par les mêmes gommes que la nouvelle 508 GT. Matthias Hossann, responsable des concept-cars PEUGEOT, me dira « Les 19 pouces, c’est une volonté de notre part. Il est trop facile de faire des concepts avec des jantes immenses comme du 22 ou 23 pouces. Mais ceci n’est qu’un aveu de faiblesse stylistique. Ici, on s’est concentré sur la faisabilité et sur l’aérodynamique. C’est pourquoi ses jantes sont presque pleines. Cela facilite le bon cheminement des flux d’airs. »
On se rapproche encore de la machine. Gilles me présente les multiples petites attentions stylistiques, telles que sa face avant qui est marquée par un nouveau logo néo-rétro qui semble sorti des années 60. Les optiques, full LED, dessinent comme un regard froncé. L’habillage du pare-chocs à disparu au profit de la poutre « apparente » qui se voit sculptée et sérigraphiée d’un drapeau tricolore. En partie basse, le bouclier lisse est taillé pour fendre l’air et l’acheminer vers les zones de refroidissement. En poupe, on retrouve la malle qui s’affaisse élégamment sur les feux qui singent les griffes d’un lion. Ils sont reliés par une bande noire, où l’on peut voir le nom de PEUGEOT, fièrement apposé.
Gilles nous demande de passer à l’intérieur. Il prend son smartphone, appuie dessus, et la porte du conducteur s’ouvre sur un habitacle, que dis-je, un cockpit digne d’une série de science-fiction. Bon, OK, il y a toujours deux sièges avant, qui sont d’ailleurs inspirés de son illustre ancêtre : en forme de « H », et une banquette arrière. Sauf que la planche de bord a disparu, tout comme le volant.
Là encore, Gilles tapote sur son phone. Le volant perce le mobilier dans un mouvement complexe pour prendre enfin sa place. À ses pieds, la partie sombre s’anime de lumières.
Je m’exclame : « C’est un écran ! »
Gilles Vidal rétorque : « Oui, un de petite taille puisqu’il mesure 49 pouces de diagonale. Il sert d’interface digitale pour le système d’infodivertissement. On peut y projeter le GPS, commander la barre de son Focal haute résolution qui est juste au-dessus, prendre des nouvelles de ses amis sur les réseaux sociaux, regarder un film et même jouer à PONG »… « et tout cela sans aucun danger, puisque l’e-LEGEND est une voiture autonome de niveau 4 »… « Mais n’allez pas croire que l’on va délaisser le plaisir de conduite. Tout le monde a travaillé d’arrache-pied pour offrir une expérience de conduite exceptionnelle lorsque le passager se transforme en pilote. La e-LEGEND utilise un système à propulsion électrique certes, mais il compte pas moins de 460 chevaux et est capable de catapulter ses occupants de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes. Si on reste sur les chiffres, notre technologie est aujourd’hui validée avec une autonomie de 600 km en norme WLTP. »
Voilà, vous commencez à tout connaître de cette Peugeot e-LEGEND concept ou la Peugeot 504 du 21e siècle. Reste à savoir si la direction aura le courage de lancer une version de production. Car je serais bien l’un des premiers acheteurs et même si mon Juju n’a pas le permis, je crois qu’il le passera rien que pour la conduire.
Il y a maintenant quelques mois, Peugeot présentait sur son stand du Mondial de l’Automobile 2019, un concept-car qui bouleversa un grand nombre d’... Voir plus
2019 109719 km Automatique Diesel
2020 39825 km Automatique Essence