Peugeot 3008 3008 BlueHDi 180ch S&S EAT8
2019 109719 km Automatique Diesel
Nous venons donc de vivre des 24 heures du Mans en tous points conformes aux canons de la discipline. Les ingrédients nécessaires pour affronter avec quelque chance de bien figurer, voire de gagner, après deux tours d'horloge, sont en général connus de tous les grands teams, et pourtant il est toujours très difficile de bien les mixer, avant et pendant la course.
Supputations...
Avant l'épreuve, tout le monde savait que les Yamaha n'avaient pas pu prendre le recul nécessaire pour envisager en toute sérénité une course sans encombre. La toute nouvelle R1 réclamait sans doute plus de mise au point.
Chez BMW tout semblait en place dans une rigueur toute germanique, la bière en moins.
On se demandait pourquoi chez Honda on ne pensait à greffer les phares sur les carénages que juste avant le début des essais de nuit. Avait-on vraiment préparé une course d'endurance dans tous ses détails ?
Chez Kawasaki, Gilles Stafler changeait de logiciel en abordant enfin un championnat du monde. Sans complexe de supériorité, on répétait les gammes qui avaient si souvent conduit la Z 10 R à la victoire.
La frustration née la saison passée poussant le SERT à entamer une reconquête, générait la vraie remise en cause d'une foultitude de points de détail, en vue d'une amélioration globale de la Suzuki vieillissante dont on connaissait pourtant tous les éléments.
On le sait depuis des décennies, les courses de 24 heures, conformes souvent aux tragédies grecques, respectent toujours les unités d'action, de lieu et de temps. L'intrigue, on la connait, elle est simple et constante. Avec la victoire: le champagne et les coupes, alors que l'abandon alimente pleurs et dépit. Le lieu, le circuit Bugatti n'a plus aucun secret et les 24 heures imposent leur implacable exigence pour les organismes et les machines.
...et réalités
Alors, même si cette année, avec des conditions météorologiques clémentes, la course ne s'est heureusement pas résumée à une succession de chutes, pour autant, la dure loi de l'endurance a encore marqué d'une forte empreinte le millésime 2015. C'est bien, d'ailleurs, pour se prévaloir d'avoir affronté une épreuve aussi redoutable, que l'on se bouscule tant pour s'engager aux 24 heures.
Alors, après la descente aux enfers de la Honda no 111, il faut bien s'interroger sur l'apparente impossibilité de la marque aux ailes à maitriser une discipline qui semble la fuir. L'explication semble tenir à la conception que les japonais ont de la course. Les performances étant bien présentes sur la moto de base, mais les adaptations nécessaires pour la rendre plus exploitable dans les conditions particulières de l'endurance semblent vraiment hors du schéma de pensée des ingénieurs. Embrayage, échangeur d'huile, connexions électriques, boîte de vitesse, tout y passa ou presque sur la no 111, alors que l'on sait tous que les pilotes s'étaient entrainés comme jamais. Déception maximale donc pour l'équipe d'exploitation anglaise et surtout pour les trois pilotes Foray, Da Costa et Gimbert.
Le championnat est bien mal engagé avec cette 41e place finale.
La marque aurait pu se prévaloir d'un très beau résultat avec la National Moto no 55 montée avec des pièces de série par un concessionnaire Honda parisien, très au fait des spécificités de l'endurance. Hélas, la troisième place approchée pendant quelques heures en début de ce dimanche se trouva ruinée par la défaillance d'une cosse à dix centimes.
La Yamaha no 7 montra de très belles choses en termes de vitesse pure, mais là aussi l'approche endurance n'a pas été retenue pour contenir un peu ce moteur tellement brillant qu'il explosa !
Pour l'autre Yamaha no 94, outre le fait que Checa s'était un peu entamé lors de chutes aux essais, tout n'était pas sous contrôle (montage de roue arrière, capteur ??) et la fin de course sonnait comme une délivrance avec une cinquième place, somme toute satisfaisante dans ces conditions, et dont Christophe Guyot espère qu'elle sera une première marche en vue du championnat.
Le cas de la BMW semble un peu particulier car on n'a pas recensé d'incident majeur, mais globalement la moto et les interventions n'étaient pas au niveau attendu sur la durée de la course, comme si les performances s'effilochaient peu à peu. Sur les courses de 8 heures, il faudra certainement réviser notre jugement à la hausse.
Chez Kawasaki, la chute de Fabien Foret déchaina la colère du manager Gilles Stafler. Les consignes précisément inhérentes à une course de 24 heures n'avaient pas été respectées. Toute l'équipe, confiante dans les grandes possibilités de la moto et des pilotes, décida de repartir à l'assaut du classement en vue du championnat du monde. La chevauchée nocturne ne manqua ni d'audace, ni de panache, ni de maestria. Quand la seconde place fut rejointe, le manager décida de ne pas risquer de tout perdre en continuant la chasse à la Suzuki, qui d'ailleurs n'était pas exactement à portée de fusil, avec 8 tours d'avance.
L'autre Kawa de Bolliger fit preuve de son métier habituel pour tranquillement faire sa route avec une superbe troisième place à l'arrivée.
Chez Suzuki, on pourrait penser que les choses ont été faciles. Du point de vue mécanique certainement, puisque malgré une chute en début de course Delhalle n'avait pas été dans l'obligation de repasser par les stands. Pour le reste, disons que les gens heureux n'ont pas d'histoire, et pourtant si. Depuis 5 heures du matin, Vincent Philippe et Etienne Masson se partagent le guidon laissant Anthony Delhalle se remettre d'une bonne gastro. La régularité de la cadence dans des temps rapides, l'excellente gestion des ravitaillements, une équipe plus soudée que jamais et Vincent Philippe, en vrai capitaine de route, engagé dans une saison de reconquête du titre, tout ce bel ensemble méritait bien la victoire.
Les 24 heures ne se résument pas à une victoire ni aux quelques déconvenues des teams officiels. Bien d'autres joutes homériques sont intervenues. Nous pensons tout particulièrement à ces motos directement issues de la catégorie Superstock.
La bataille de chiffonniers, opposant dès le départ de l'épreuve les Kawasaki no 95 et no 33 à la Suzuki no 72, perdait un acteur quand la moto du Qatar no 95, subissait une fuite d'essence. Louit Moto et Emeric Jonchière alignaient des temps canon, répliquant autant que faire se peut à Grégory Black du Suzuki junior team Le Mans Sud. On ne pouvait dire que c'était la guerre, mais on calculait comment l'on pourrait jongler avec un ravitaillement en moins chez Suzuki pour enfin contrer la Kawasaki. Le sort en décida autrement, quand un tube d'échappement cassa net sur la Kawa. Ce podium des Stock était complété par l'excellent équipage du team Tati Beaujolais, de vrais amateurs, en famille.
S'il fallait apporter une conclusion provisoire à ce nouveau championnat 2015, il faudrait souligner deux ou trois petites choses.
Suzuki n'a aucunement envie de rendre les armes face à la concurrence, fût-elle plus moderne ou mieux dotée financièrement. Kawasaki a adopté les mêmes méthodes de travail et de gestion que celles utilisées par le SERT. Les autres feraient bien de s'inspirer de ces démarches pour sauver leur saison.
Crédit photographique: Gilles Vitry, La Revue Automobile
Le classement:
1- Suzuki no 1: Philippe-Delhalle-Masson 833 tours
2- Kawasaki no 11: Leblanc-Lagrive-Foret 826 tours
3- Kawasaki no 8: Saiger-Stamm-Sutter 821 tours
4- Suzuki no 72: Guitet-Black-Maitre 821 tours
5- Yamaha no 94: Checa-Foray-Gines 819 tours
6- Kawasaki no 33: Pilot-Jonchière-Berchet 816 tours
7- BMW no 13: Reiterberger-Jones- Valcaneras 816 tours
8- Kawasaki no 4: Enjolras-Tangre-Savary 813 tours
9- Suzuki no 3: Loiseau-Ayer-Camus 811 tours
10- Suzuki no 50: Fastre-Maurin-Diguet 808 tours
2019 109719 km Automatique Diesel
2018 114165 km Manuelle Diesel
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2018 114165 km Manuelle Diesel