Audi n’a jamais été réputée pour être la marque la plus "fun" du monde automobile. Et avec la Q6 e-tron, on ne déroge pas à cette règle. Ce n’est pas la révolution du siècle, mais plutôt l’aboutissement d’une maîtrise technologique que la marque aux anneaux tient à démontrer. Il ne s'agit pas d'une critique acerbe, mais simplement d'une observation : l'ère du tout-tech est bien là, et chez Audi, les ingénieurs mènent la danse.
Audi Q6 e-tron : Une question d’équilibre
Dès le premier coup d’œil, la
Q6 e-tron pourrait être confondue avec ses sœurs, les
Q4 e-tron et
Q8 e-tron. Ce
SUV à l’apparence banale dissimule pourtant un arsenal technologique de pointe, destiné à renforcer la position d’
Audi dans la course à l’électrification. Mais ne vous laissez pas tromper par les apparences : la véritable révolution se cache sous sa robe sobre.
Mon premier contact avec l’
Audi Q6 e-tron date de mars dernier, lors d’une présentation en studio. Aujourd'hui, avec la version finale entre les mains, le verdict tombe. Ce SUV affiche
4,77 mètres de long, 2,19 mètres de large (rétroviseurs inclus), et 1,70 mètre de hauteur. Il se situe donc entre les segments compacts et les SUV plus imposants. Audi a, en quelque sorte, trouvé une niche entre le Q4 et le
Q8 e-tron. Son
empattement de 2,9 mètres garantit une habitabilité correcte, comme attendu pour un véhicule destiné aux familles, mais pas trop nombreuses.
Côté design, ne vous attendez pas à un bouleversement de la scène automobile. Au contraire, elle semble déjà familière, comme si elle roulait depuis quelques années sur nos routes. La calandre Singleframe fermée, les lignes sculptées et les feux diurnes numériques perpétuent l’esthétique des autres modèles électriques de la marque. En ville, la
Q6 se fondra dans le décor, à moins que vous soyez du genre à prêter attention aux détails. Seule exception notable : le travail minutieux réalisé sur les optiques.
Un spectacle de son et lumière
C’est précisément là que la
Q6 e-tron marque sa première vraie différence.
Audi a intégré la dernière génération de signature lumineuse active. Oui, vous avez bien lu. Ce système d’éclairage sophistiqué est piloté par l’un des cinq ordinateurs de bord. Les feux arrière OLED de deuxième génération, composés de six panneaux et 360 segments, génèrent une nouvelle image toutes les dix millisecondes. Concrètement, chaque segment est contrôlé de manière indépendante pour créer des effets lumineux à la fois esthétiques et fonctionnels.
Les feux diurnes bénéficient de cette même technologie, permettant une communication via le
système Car-to-X. Par exemple, si un véhicule vous colle un peu trop, un triangle lumineux s’active pour signaler un danger potentiel. Sécurité et esthétique s’allient donc en parfaite harmonie. Pour les adeptes de la personnalisation, Audi propose jusqu’à huit signatures lumineuses différentes pour que votre
Q6 e-tron ne ressemble à aucune autre. À moins, bien sûr, que tout le monde ne choisisse la même configuration.
La plateforme PPE : la clé de voûte technique
Maintenant que nous avons abordé les lumières, penchons-nous sur ce qui fait battre le cœur de cette machine. La
Q6 e-tron repose sur la nouvelle plateforme PPE, développée en collaboration avec Porsche. Cette plateforme, c’est un peu la carte maîtresse d’
Audi pour couvrir tous les segments du marché avec des propositions 100 % électriques d’ici 2027. Et si vous suivez l'actualité, vous saurez que cette
PPE servira également de base à la future A6 e-tron.
Si vous pensez que ce n’est que du jargon marketing, détrompez-vous. Techniquement, la
plateforme PPE se distingue grâce à son architecture électrique en 800 volts, la même que celle utilisée par les meilleurs du moment. Pourquoi est-ce important ? Tout simplement parce que cela permet des recharges ultra-rapides. Avec une
puissance de recharge maximale de 270 kW,
Audi promet de récupérer jusqu’à 255 km d’autonomie en seulement 10 minutes sur une borne HPC (Haute Puissance). De 10 à 80 % de charge, il ne vous faudra qu’environ 21 minutes.
Et si vous n’avez accès qu’à une borne de 400 volts, pas de panique.
Audi a trouvé la parade : la batterie se divise en deux unités de 400 volts, permettant une recharge parallèle à une puissance de 135 kW. Un tour de force technique qui rassurera ceux que les longues pauses de recharge inquiètent.
La
batterie de la Q6 e-tron est composée de douze modules et 180 cellules prismatiques, capables de stocker
100 kWh (94,9 kWh net). Cela permet à
Audi d’annoncer une
autonomie de 625 km en cycle WLTP, de quoi envisager sereinement les longs trajets, du moins sur le papier.
Sous le capot : un système e-moteur
En termes de motorisation, la
Q6 e-tron reste fidèle à la configuration e-moteur. On trouve un moteur à l’avant, délivrant 190 chevaux pour 275 Nm de couple, et un moteur à l’arrière avec
380 chevaux pour 580 Nm. Cei dit, cette Q6 e-tron quattro se contente d'une puissance de
387 chevaux, alors que la véritable star, la
SQ6 e-tron, franchit des caps de puissance pour arriver à 517 chevaux. De quoi vous catapulter dans la stratosphère sans effort.
Le 0 à 100 km/h ? Bouclé en 5,9 secondes pour la version
quattro, tandis que la
SQ6 franchit ce cap en un temps record de 4,3 secondes. Les vitesses maximales s’établissent à 210 km/h et 230 km/h respectivement, des performances qui suffiront à satisfaire les amateurs de sensations.
E³ : l'architecture électronique nouvelle génération
Audi ne s’est pas arrêté à la motorisation et à la
recharge. Avec l’introduction de l’architecture E³, la marque promet une révolution numérique à bord. Cette architecture repose sur cinq ordinateurs de haute performance, capables de gérer des fonctionnalités de plus en plus complexes. Mais soyons réalistes, tout cela ne deviendra pertinent que si cela simplifie l’expérience utilisateur, au lieu de l’alourdir.
Le tableau de bord numérique, baptisé "
Digital Stage", se compose d’un écran panoramique
OLED incurvé de 14,5 pouces, accompagné d’un cockpit virtuel de 11,9 pouces. L’écran passager de 10,9 pouces inclut un mode Active Privacy pour éviter que le conducteur ne soit distrait par ce qui s’affiche. L’option d’affichage tête haute à réalité augmentée projette les informations directement sur le pare-brise pour une immersion totale.
L’assistant vocal d’
Audi, fort de plus de 800 commandes, promet une interaction fluide et intuitive, mais cela reste à vérifier. Enfin, l’intégration d’
Android Automotive OS garantit des mises à jour régulières et un large choix d’applications. Pour finir,
Bang & Olufsen signe le système audio avec
22 haut-parleurs délivrant 830 watts. L’expérience sonore est censée être immersive, mais encore faut-il l’expérimenter.
AUDI Q6 e-tron : entre les mains, ça donne quoi ?
Le Lubéron s'étale sous mes yeux, comme un tableau vivant de courbes et de reliefs. Les petites routes sinueuses, bordées de cyprès et de vignes, serpentent jusqu’à Gorde, cette perle perchée qui semble surveiller les plaines alentours. Et c'est ici, au cœur de cette Provence authentique, que la
Q6 e-tron et moi allons entamer un duel silencieux.
Au volant, d'abord de la
Q6 Quattro, puis de la
SQ6, on ressent immédiatement la cavalerie qui s’active sous les pieds. À gauche,
387 chevaux bien ordonnés, et à droite, 489 chevaux prêts à bondir. Ce que l’on sent immédiatement, c’est la facilité avec laquelle ce mastodonte réagit à la moindre pression sur l’accélérateur. C’est un peu comme piloter une baleine à réaction : vous ne savez pas trop comment un objet si volumineux peut se déplacer avec tant d’agilité, mais ça se fait. Une simple pression sur la pédale, et vous vous retrouvez à des vitesses qu’il serait de mauvais goût d’afficher sur votre tableau de bord.
Mais la magie ne réside pas uniquement dans cette puissance électrique. Là où la
Q6 e-tron surprend véritablement, c’est dans son confort de conduite. Vous pouvez attaquer une petite route de campagne cabossée, avec des virages serrés et des reliefs qui n’ont aucun respect pour les suspensions, et pourtant, cette Audi se comporte comme une danseuse étoile sur un parquet parfaitement lissé. Les suspensions actives analysent et ajustent chaque millimètre du terrain en temps réel, absorbant tout ce que la route peut lancer contre vous, qu'il s'agisse de pavés mal ajustés ou d'ornières creusées par des siècles de passage.
Sur l'autoroute, le silence de la
Q6 e-tron est presque déconcertant. À 130 km/h, on pourrait presque se croire à l’arrêt, tant le confort et l’insonorisation sont optimisés. Les bruits extérieurs ? Inexistants. Les vibrations ? Quasiment nulles. L'électrique, ici, n'est pas seulement une technologie, c'est une expérience sensorielle, où le calme règne en maître.
Efficience et consommation : des surprises en réserve
Ce qui m’a le plus surpris lors de ce voyage dans les collines provençales, c’est l’efficience de cette
Audi Q6 e-tron. Vous vous attendez à ce que ce mastodonte électrique engloutisse des électrons à la pelle, mais non. Sur autoroute, la consommation tourne autour de 21 kWh aux 100 kilomètres. Pour un SUV de plus de 2,5 tonnes, c’est presque respectable, pour ne pas dire surprenant. En milieu urbain, les chiffres sont encore plus étonnants, avec une consommation comprise entre 18 et 20 kWh pour 100 km. Pas mal pour une voiture qui pourrait probablement servir de bunker roulant en cas de crise mondiale.
En termes d’autonomie, la
Q6 e-tron ne déçoit pas non plus. Audi annonce 530 km en ville et environ 450 km sur autoroute. Avec un peu de gestion raisonnable de l’accélérateur, ces chiffres ne sont pas de simples rêves de marqueteurs. En réalité, si vous n’avez pas la tentation constante de tester les accélérations à chaque sortie de péage, vous pourriez bien approcher ces performances.
Recharge : rapide, et pas si douloureuse
L’un des avantages majeurs de la
Q6 e-tron, c’est sa capacité à recharger rapidement. Avec la
technologie 800V, vous pouvez récupérer 400 km d’autonomie en moins de 20 minutes sur une borne de recharge rapide. C’est presque assez rapide pour faire une pause café et repartir sans avoir perdu trop de temps. Ce genre de performance pourrait presque faire oublier la traditionnelle "angoisse de l’autonomie" qui hante les conducteurs de voitures électriques.
La
recharge sur bornes 400V, elle aussi, est optimisée grâce à la division de la batterie en deux unités de 400 volts, permettant une
recharge parallèle et efficace. Là où beaucoup de voitures électriques voient leur puissance de charge chuter après 50 % de capacité, la
Q6 e-tron maintient une courbe stable, ce qui signifie que vous n’aurez pas besoin de passer une éternité à la borne.
Parlons chiffres…
Mais bien sûr, tout cela a un prix. Et pas des moindres. La
Q6 e-tron Quattro démarre à 83 450 €, ce qui est déjà une belle somme à aligner. Si vous êtes tenté par la finition S-Line, préparez-vous à débourser 87 550 €. Et si la
SQ6 e-tron est celle qui fait battre votre cœur, sachez que le tarif de départ frôle les 100 000 €, avec un
prix de base à 99 870 €. Oui, vous avez bien lu, pour le prix de cette voiture, vous pourriez presque vous offrir une maison dans le
Lubéron, à deux pas de
Gorde.
Heureusement, Audi prépare également des versions plus "accessibles", si tant est qu’on puisse utiliser ce terme ici. Les modèles Q6 e-tron "Performance" et "de base" devraient être proposés à partir de 77 400 € et 72 170 €. De quoi légèrement adoucir la note, même si elle reste salée.