Ces mots retentirent dans mon esprit. Et pourquoi pas un road trip ? Direction la gare de Lyon. Il règne comme un parfum d’impatience sur ce quai où attend le TGV numéro 9211 en partance pour Dijon Ville. L’été serait-il donc passé trop vite ? L’attraction est trop forte, l’envie grandissante, il semblerait qu’il y ait de plus en plus une nécessité de se ressourcer. Les coups de sifflet retentissent, vite, embarquons et fuyons ce train-train quotidien parisien. Le retour aux sources prend tout son sens, dans cette société plus qu’affairée, usée et fatiguée.
Allons voir ailleurs, ce qu’il se passe. Nul besoin d’aller loin pour s’évader, la France est fière de ses nombreuses régions riches d’un patrimoine des plus varié.
Pas besoin de luxe pour fuir, un billet en seconde classe suffit amplement. Coupons les téléphones portables, loin des écrans qui réduisent notre espace et la véritable ouverture d’esprit puis évadons-nous tout en rêvant face au paysage qui défile à plus de 300 km/h.
Arrivés à Dijon, nous faisons un détour par la pharmacie de la Croix-Blanche dans un cadre authentique et hors du temps où les médicaments du quotidien ont été mis en retrait au profit de préparations cosmétiques faites avec des produits naturels et de qualités.
C’est le moment crépusculaire, nous n’avons toujours pas la voiture adéquate pour notre voyage. Direction Belfort-Montbéliard en TGV d’où nous rejoignons la ville de Sochaux.
Tout commence, ici, dans cette ville emblématique pour son club de football, mais surtout le fief historique de Peugeot. Impatients de découvrir la suite de notre périple, Julien et moi partons faire un tour de la ville en pleine nuit. Lorsqu’on longe la rue d’Épinal, la balade y est mystérieuse. En effet, l’on se rend compte de la vaste implantation des usines et sites industriels de la marque au lion. Peugeot est à Sochaux, ce que la Warner est à Hollywood. Une promenade qui se terminera devant le portail menant au musée Peugeot. Un écriteau intrigant y indique « l’aventure Peugeot ». Hélas, la grille est fermée, nous n’en saurons pas plus pour le moment. Mais, la nuit porte conseil…
Le lendemain, nous pénétrons enfin à l’intérieur du site et nous nous retrouvons dans un garage lumineux rappelant l’ambiance qui règne dans la série Salut les Frangins (Brotherly Love), où de nombreuses anciennes voitures sont bichonnées par quatre passionnés dont la motivation est de maintenir et préserver tout ce que Peugeot a produit depuis deux siècles.
De la voiture d’antan comme la Peugeot Type 183, 6 cylindres datant des années 30 – où, pour accéder au siège arrière « réservé à la belle mère », il faut faire preuve d’acrobatie en utilisant un marchepied qui nécessite une bonne aptitude aux cascades en tous genres –, à celle qui rappelle ces autos dans Tintin comme la Peugeot 203 vue dans l’Affaire Tournesol. Au premier coup d’œil ces carrosses vous transportent grâce à leur absence de ceinture de sécurité, boiseries omniprésentes à l’intérieur, confortables banquettes et levier de vitesses des plus vénérables.
L’un des tauliers de ce garage riche en héritage, Alain Labrell, mécanicien de l’Aventure Peugeot depuis 13 ans nous confie, avec une inquiétude et angoisse palpable, les clés de notre Peugeot 504. Cet expert et gardien des ancêtres de Peugeot tient à nous prévenir diplomatiquement : « Même si vous prenez place à bord de voitures dont la solidité ne s’est jamais démentie, ne cherchez pas leur performance ».
Lorsque l’on prend place à bord de la Peugeot 504 coupé de 1983, couleur vert menthe à l’eau, l’on change d’époque. En témoignent ces banquettes en velours qui transforment l’automobile en véritable canapé roulant. Une sensation d’autrefois qui sera parachevée par le bruit caractérisé de la portière qui claque comme dans les films.
Pour nous accompagner dans ce road trip, un troisième passager nous a rejoints. Ève était l’élément essentiel pour faire le road movie parfait comme dans Robert Mitchum est mort, une femme comme avant, nature mais moderne. Une Fifi brin d’acier aux racines jurassiennes, dont la connaissance topographique nous dispensera volontiers de GPS et aux références culinaires poussant le souci du détail jusqu’au saupoudrage du Frizzi Pazzi sur une crème brûlée, plus qu’une madeleine de Proust, un délice d’antan.
Le démarrage de la 504 se fait avec l’emblématique clé qui insuffle la vie au moteur V6, que vous insérez dans le contact à gauche – comme sur une Porsche. Ainsi, vous réveillez une cavalcade chantonnante de 135 chevaux, activez délicatement via le commodo de gauche, les feux de croisement, en le tirant vers vous. Pour les essuies-glace, il faudra donc… tourner ce dernier – c’est bien, vous suivez !
La ceinture de sécurité, des plus inconfortable, est trop « écrase-nichons » souligne ma copilote. Soit, on s’en passera ! De toute façon, je ne comptais pas atteindre les 220 km/h affichés sur le compteur.
Enclenchez la première et c’est parti pour l’aventure. En voiture, Simone ! À bord, c’est le règne de la quiétude, le confort des sièges-banquettes est comme au cinéma, rien à envier aux contemporaines.
Ses traits à l’avant, sa ligne des plus élancées, sont ceux dont Gilles Vidal et son équipe au design chez Peugeot se sont très largement inspirés pour en faire une émulation à travers un concept-car présenté au Mondial de l’Automobile à Paris : le e-LEGEND. Là aussi, panne d’idées ou soudaine nostalgie, le retour aux sources est également en vogue dans l’automobile, particulièrement chez la marque sochalienne.
Ô combien kitsch, mais non moins charismatique, à la largeur étriquée, la caisse a l’allure d’une américaine, notamment avec son arrière-train assez bas, qui conduit nos yeux naturellement sur cette double sortie d’échappement. Ses phares, fascinants et envoûtants, évoquent des réminiscences d’une célèbre Italienne : la Fiat TofaÅ.
Sur la route, je me rends compte que la 504 est dépourvue de rétroviseur à droite. Surprenant au début, mais après on s’y fait rapidement.
Nous arrivons au site de Terre blanche, un lieu fermé au public, où sont conservés toutes les photos, tous les documents, retraçant toute l’histoire de Peugeot. Mitoyenne aux archives, se trouve « la réserve », un hangar secret où sont entreposées des voitures, sur des rayonnages à la façon de chez Ikea.
Au détour d’une allée, l’on croise nonchalamment cette Peugeot 406 blanche dont l’immatriculation « 724 LNB 13 » interpelle. Et pour cause, il s’agit de la 406 phase 1, qui a servi pour le film Taxi 1. Plus qu’un véhicule emblématique, il s’agit d’un phénomène de jeunesse.
Les portes sont déverrouillées, c’est plus que tentant, j’ouvre la porte arrière et prends place à bord du célèbre Taxi de Sami Naceri, alias Daniel, dans le film. Détail trivial, mais non moins surréaliste, la clé est sur le contact. L’idée de tourner cette dernière et faire ressusciter le mythe m’effleure l’esprit… hélas, la batterie du véhicule a été retirée.
Non loin de là, planquée au deuxième étage, nous apercevons la Cobra. Cette autre fameuse Peugeot 605 blindée dans Taxi 2. « Ninja ! », lance mon photographe Julien, en vain, la voiture ne démarre point comme dans le film. Il semblerait que la 605 n’ait plus trop la « niaque ».
Il y a toutes sortes de voitures. Des autos d’antan, comme cette 402 de 1938, dont le contrôle technique date de 2017 — surréaliste ! Des voitures de rallye, dont les noms inscrits « Burns, Gronholm, Panizzi, Rovanpera » suscitent de nombreux moments de nostalgie. Tout semble figé, à l’instar de cette 206 WRC accidentée, dont le pare-chocs a été déposé à côté.
Des raretés tout droit sorties d’un dessin animé, dont la Panhard 6DS qui rappelle la « Cavaillac Blindée » d’Al Carbone dans les Fous du Volant.
Des concept-cars, notamment le H20, un véhicule de pompiers à pile à combustion, des anciens véhicules de sapeurs-pompiers à la retraite, de la gendarmerie… Mais l’objectif de Julien se dirigera sur cette 205 T16 Road Car, parce qu’« elle est aussi rare qu’exceptionnelle. Une version vaguement modifiée d’une auto de course, un moteur arrière et une gueule à couper le souffle. Le genre d’auto qui ne se fait plus maintenant… » regrette-t-il.
Un entrepôt d’anciennes Peugeot pour certains chanceux qui ont pu y accéder lors des journées du Patrimoine… un paradis pour mon photographe, qui ne serait pas contre l’idée de s’y faire enfermer le temps d’un week-end.
Il commence à faire faim. Nous reprenons la route, à bord de notre coupé presque américain dessiné par Pininfarina. Impossible de l’ignorer, sa signature est apposée sur le côté de la caisse et à l’intérieur aux côtés d’un rappel du logo Peugeot. Je laisse le volant à Ève qui veut nous faire visiter le Haut-Doubs. Quelques rappels de précautions : « la voiture n’a pas de freins ». J’avoue, j’exagère, mais ça me rassure d’annoncer cela ainsi. Car, comparé au mordant et à la précision d’une contemporaine, le freinage peut vraiment surprendre, il faut donc anticiper. Le commodo du clignotant se trouve à droite et le klaxon, quant à lui, ne se trouve pas sur le volant, mais sur le bouton latéral sur le commodo de droite. Les boutons d’ouverture de fenêtres sont placés sur la console centrale.
Le jeu des inversions ne s’arrête pas en si bon chemin et mieux vaut être averti au risque d’avoir quelques sueurs quand vous vous apercevrez que vous êtes déjà à 250. Tranquillisez-vous, le compte-tours se trouve à droite et affiche des chiffres à faire presque froid dans le dos. En effet, il ne s’agit que d’un affichage des tours par minute x 10.
Toujours harmonieusement naturelle, Ève retire ses sandales et décide de conduire pieds nus pour avoir une meilleure sensation de conduite. Quelle femme !
Sur le chemin, point de débat sur le GPS, l’on sait ou l’on ne sait pas, pas de débat sur climatisation ou pas clim', il n’y en a pas. Les leviers de chauffage, on va éviter de les tripatouiller, tellement ils ont l’air fragiles. Et forcément, on a une petite appréhension lorsque l’on s’arrête en côte, car la 504 n’a pas d’aide au démarrage en pente.
Pas de musique, du moins, un autoradio qui ne fonctionne pas, car notre 504 n’a plus son antenne. À vrai dire, quand on conduit une 504, on n’a pas besoin de musique et encore moins d’entendre les informations moroses de France info. Cependant, les chemins sinueux et les routes à perte de vue à bord d’une voiture aussi authentique nous ont fait remonter quelques réminiscences dont le clip de Modjo – Lady. Le temps d’une chanson ou deux, j’ai rapidement rangé le téléphone dans la boîte à gants, car il n’y avait plus de réseau. Sans doute, un signe pour nous faire comprendre qu’il fallait tout simplement se contenter de la mélodie vrombissante du V6.
Après une traversée des pâturages verdoyants, nous arrivons au Fort Saint Antoine, chez Marcel Petite, un affineur de Comté. Claude Querry est caséologue, derrière ce titre barbare se cache un homme qui parle à l’oreille des meules de fromage – au lait cru, bien évidemment. Ces comtés qu’il caresse, touche, hume et en deux coups de sonde, comprend si le fromage se destine à vieillir ou carrément devenir un « cadeau de la nature ».
Ici, les fromages sont de qualité et haut de gamme, les techniques de production sont artisanales. Loin des méthodes technocrates qui veulent imposer leurs normes avec des fromages rapides, dits industriels. Ici, la meule prend son temps et garde tout son aspect rustique.
Quoi de mieux pour célébrer cette ode à la gastronomie et au bon vivre qu’un plateau de fromages frugal ?
Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Conduire une Peugeot 504, plus qu’une thérapie, c’est une parenthèse, cela vous oblige à prendre le temps, à ralentir vos mouvements, à anticiper et cela vous permet de mieux ressentir puis apprécier la vie. C’est certainement ça, l’aventure Peugeot...
La playlist qu’il faut avoir sur soi, si vous avez la chance d’embarquer à bord d’une Peugeot 504 :
Modjo – Lady (Hear Me Tonight)
Joe Cocker – Up where we belong
Boyzone – Picture of You
Men I Trust – Seven
Vendredi sur mer – Femme à la peau bleue
Paradis – Sur une chanson en français
Tom Misch – It runs through me (feat. De La Soul)
Fkj & Masego – Tadow
Natalia Imbruglia – Torn
Bleu Toucan – Ananas
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