Essai Subaru Solterra : Du rallye… au silence

Il fut un temps où Subaru faisait trembler les chronos sur les spéciales de rallye, la caisse secouée par des moteurs boxer qui crachaient leurs décibels en symphonie. L’Impreza WRX STI, ça vous parle ? On la croisait sur les tracés WRC, sabrant les virages à coups de contre-braquages, propulsée par une transmission intégrale redoutablement efficace. Le sans-plomb coulait à flot et la marque aux six étoiles s’offrait une jolie réputation de constructeur pour pilotes en herbe. Mais la fête a ses limites : l’Europe, avec sa fiscalité CO₂ de plus en plus sévère, oblige aujourd’hui même les plus rebelles à devenir sages. Adieu le carburant, vive le kilowatt. Subaru entre donc dans l’arène électrique avec son tout premier SUV à batterie : la Solterra.

L’essai débute dans mon fief d’Île-de-France, quelque part entre l’agitation parisienne et les majestueuses allées du château de Fontainebleau. Comme la région, Subaru a des ambitions : marier un héritage de performance et un respect des nouvelles normes environnementales. Reste à vérifier si cette Solterra a ce qu’il faut pour convaincre, ou si Subaru va finir en queue de peloton avec un SUV électrique qui ne sortirait pas du lot.
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Solterra : (re)connaissable, mais pas inoubliable

Premier contact : difficile de nier la parenté avec la Toyota bZ4X. Les silhouettes sont presque jumelles, à tel point qu’on se demande si Subaru n’a pas joué au jeu des sept différences. Côté face avant, la Solterra reçoit une calandre artificielle rappelant vaguement celles des anciennes thermiques, mais qui n’a évidemment pas de fonction vitale sur un véhicule électrique. À l’arrière, exit la grande bande LED de la Toyota : Subaru lui préfère deux blocs optiques séparés. Le résultat manque peut-être de flamboyance, mais il existe une édition limitée « STI style » pour combler ceux qui réclament un brin de caractère.

En ouvrant la porte, on découvre un habitacle sérieux, plus costaud que fastueux. Subaru a toujours misé sur la robustesse et l’ergonomie plutôt que sur le tape-à-l’œil. La qualité perçue est satisfaisante : les matières ont l’air conçues pour encaisser les aléas du temps, et l’assemblage se montre rigoureux. On ne se sent pas assis dans une sculpture contemporaine, mais dans un espace où tout semble pensé pour durer. L’équipement, lui, tient la comparaison avec des concurrents allemands : clim’ efficace, écran d’info-divertissement réactif (on y revient plus loin), rangements en quantité et quelques vraies touches physiques au lieu d’une avalanche de commandes tactiles. C’est basique, mais diablement pratique.


Solterra : la carte d’identité électrique

Sur le plan mécanique, la Solterra partage beaucoup d’éléments avec sa cousine bZ4X, mais Subaru la propose en configuration quatre roues motrices. Les deux moteurs (un sur chaque essieu) délivrent une puissance combinée d’environ 218 ch, juste de quoi naviguer sans être à la traîne. La batterie affiche une capacité utile proche de 64 kWh, permettant d’espérer une autonomie oscillant entre 400 et 450 km selon le cycle WLTP et le type de jantes (18 ou 20 pouces).

Côté recharge, on parle de 150 kW maximum en courant continu (DC), même si la réalité sur borne rapide avoisine parfois les 100 kW en pic selon la température. En courant alternatif (AC), pas de surprise : la Solterra bénéficie d’un chargeur embarqué à 11 kW, un atout non négligeable pour ceux qui veulent refaire le plein plus rapidement sur les bornes publiques triphasées. L’absence de préconditionnement de la batterie peut cependant rallonger les temps de charge en hiver. Subaru compense en partie avec une pompe à chaleur efficace, qui réchauffe l’habitacle sans trop altérer l’autonomie.

Sur la balance, le poids dépasse deux tonnes, conséquence logique de la transmission intégrale et de la batterie. Cette masse finit par se faire sentir sur la consommation : dans des conditions froides, il n’est pas rare de frôler les 22 kWh/100 km. Au printemps ou à l’automne, on peut s’attendre à descendre sous cette barre, mais tout dépend évidemment de la conduite et du parcours.


Solterra : de la capitale à la forêt de Fontainebleau

Arpenter les rues de Paris au volant d’un SUV électrique, c’est un peu comme se faufiler incognito dans une bibliothèque : le silence fait presque oublier qu’on conduit un véhicule de plus de deux tonnes. La Solterra se manie avec aisance : la direction, plutôt légère, et l’excellente visibilité avant facilitent la vie en milieu urbain, même si on préférerait parfois quelques centimètres en moins pour se garer plus aisément. Les suspensions, à la fois souples et bien tenues, digèrent plutôt bien les pavés, sans trop secouer les passagers. Côté aides à la conduite, Subaru ne fait pas dans l’invasion de bip sonores : l’alerte de franchissement de ligne est présente, mais reste discrète. Pour la déconnecter, il faut traverser un labyrinthe de menus, moins intuitif que chez certaines concurrentes (mention spéciale à Renault et son Scenic E-Tech, plus simple à paramétrer).

En milieu extra-urbain, direction Fontainebleau et son décor forestier. Là-bas, les courbes rapides et les lignes droites de campagne permettent de juger la stabilité de l’engin : la transmission intégrale et les réglages de suspension évoquent le savoir-faire Subaru, connu pour ses voitures collées à la route. Même si la Solterra n’a pas la fougue d’une vieille WRX, elle offre un comportement sain, rigoureux, avec un roulis contenu. Les accélérations sont franches, sans catapulter l’équipage pour autant. À titre de comparaison, un SUV électrique plus musclé comme une Volkswagen ID.5 GTX laissera la Solterra derrière. Mais ici, on sent surtout la volonté de Subaru d’offrir une conduite sereine, adaptée aux trajets familiaux.

Sur chemin boueux, l’auto reste imperturbable grâce à sa garde au sol et ses quatre roues motrices. Il ne s’agit pas d’un franchisseur pur et dur, mais vous pourrez quand même vous aventurer hors bitume sur quelques pistes cabossées, histoire de retrouver un soupçon de l’ADN « tout-terrain » cher à la marque. Quant aux freinages, la modulation reste correcte, même lorsque la récupération d’énergie se montre plus présente en mode « fort ».


Conclusion:

Un SUV 4x4 électrique rassurant, mais un brin cher

Face à la concurrence, la Solterra avance quelques arguments : un système quatre roues motrices de série, une garantie de 8 ans sur la batterie pour tranquilliser les acheteurs, et une ergonomie générale plutôt bien pensée. Les clients Subaru, sensibles à la fiabilité et à la robustesse, y trouveront sans doute leur bonheur. Reste la question du tarif, qui s’avère souvent un peu salé par rapport à la Toyota bZ4X. Le surcoût justifie-t-il de recevoir un badge Subaru, sachant que les autos sont très proches techniquement ? Certains aficionados répondront par l’affirmative, invoquant le feeling spécifique de la marque et la tradition du 4x4.

Pour les amateurs d’excentricité esthétique, il faudra probablement lorgner du côté d’une série spéciale plus aguicheuse, ou accepter le style plutôt discret de la configuration standard. Mais la plupart des acheteurs ne demandent qu’un SUV électrique fiable, bien équipé, capable d’affronter un hiver rigoureux comme un embouteillage interminable sur le périphérique. Sur ce point, la Solterra coche les cases essentielles. On lui reprochera surtout une consommation élevée lorsqu’il fait froid, un planificateur de trajet perfectible et un prix qu’on aurait aimé plus agressif.

Cependant, c’est sans doute la moins onéreuse des SUV électriques à transmission intégrale du marché, ou du moins l’une des rares à proposer cette transmission d’office sans faire exploser la facture. En prime, la garantie 8 ans retire un poids du dos de l’acheteur, déjà assez sollicité par le budget.

L’histoire retiendra que Subaru aura troqué le rugissement du boxer pour la discrétion du courant continu. Reste à savoir si les puristes, qui jetaient un œil humide sur les exploits de l’Impreza en rallye, pardonneront ce virage électrifié. L’avenir nous dira si la marque réussira à revigorer ses ventes en France, minées par le malus ces dernières années. En tout cas, la Solterra symbolise bien la mue écologique de Subaru : on ne trouve plus d’aileron façon WRX, mais on conserve l’âme du 4x4 tout en électrifiant l’essentiel. De quoi tenter les amateurs d’aventure en silence, qu’ils soient dans la jungle urbaine ou dans les allées humides de Fontainebleau.

Performance


Performance
3 / 5
Tenue de route
4 / 5
Habitabilité
4 / 5
Consomation
2 / 5
Prix
2 / 5
Confort
4 / 5

Verdict : la raison

Verdict : la passion

  • + Dynamique et confortable
  • + La garantie, Subaru, de 8 ans
  • + Le SUV 4X4 électrique le moins cher, mais ....
  • - ... son PRIX reste conséquent
  • - Allure originale, mais pas harmonieuse

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