J’ai très vite arrêté de compter le nombre de pouces levés et les torticolis créés par mon passage. Là où rouler en Ferrari peut-être clivant auprès des badauds, cette Alfa Romeo 4C Spider remporte tous les suffrages. Malgré des proportions trapues, la légèreté de sa ligne fait des miracles et la fait sembler bien plus fine qu’elle ne l’est. Le galbe des ailes arrière, intégrant une entrée d’air, est parfait. Alfa Romeo n’a pas besoin d’alerte d’angle mort tant je regarde dans mon rétroviseur – plus que de raison – juste pour admirer cette courbe.
Je prends d’ailleurs plus de plaisir à regarder l’extérieur que l’intérieur. Non pas qu’il soit vilain, il progresse même par rapport au coupé, notamment grâce à un habillage cuir du tableau de bord et des surpiqûres (en option). Ces dernières se retrouvent – toujours en option – également sur les jolis sièges. Non, ce qui jure, c’est l’autoradio qui semble tout droit sorti d’un magasin de seconde zone. De plus, mon modèle d’essai étant équipé de l’échappement Racing et de la prise d’air latérale (en fibre de carbone et en option), c’est bruyant et totalement incompatible avec l’écoute de l’autoradio, à moins de vouloir saturer ses tympans de décibels.
C’est grave docteur ?
Je ne m’en plains pas, loin de là, ça participe totalement à l’expérience qu’offre cette Alfa Romeo 4C Spider. Toute la voiture est articulée autour du plaisir et des sensations de conduite. Propulsion, rapport poids/puissance inférieur à 4, suspensions fermes, pédales qui le sont tout autant ou encore direction non assistée qui retranscrit la route, mais dont le point milieu est assez flou. Sur les petites routes de Picardie, je suis secoué et je me bats avec le volant. Celui-ci demande d’être bien tenu, sans quoi la voiture suit les aspérités de la chaussée. Le moteur positionné juste derrière moi me crie dans les oreilles, voire siffle quand le turbo se déclenche. Elle me donne du fil à retordre cette Alfa et, dès que la route est un peu humide, l’arrière se propose de passer devant si je brusque l’accélérateur ! Elle ne me ménage pas, et j’aime ça. Je ne me lasse pas de ses exigences, bien au contraire. C’est une véritable « voiture-passion » comme nous en trouvons bien peu, qui nous rend au centuple ce qu’elle nous demande. C’est une sorte de pierre philosophale qui transforme la sueur et l’effort en bonheur. Les performances, très bonnes avec un top 100 effectué en 4,5 secondes et 258 km/h en vitesse de pointe, en sont presque anecdotiques.
Outre son prix élevé de 73 000 € (10 000 de plus que le coupé), elle n’est pas exempte de défauts. À commencer par la boîte, que j’aurais aimée manuelle pour encore plus de plaisir. Ensuite, pour ce qui est des dimensions, si elle est large et laisse de la place aux coudes, elle est basse et les grands ne seront pas des plus à l’aise. De même, la latitude dans le réglage des sièges est minimaliste. Si elle est basse de plafond, elle l’est également de garde au sol et je frotte à plusieurs reprises, selon mon rythme et les aléas de la route. Et la belle sait me le faire remarquer : la remontée d’informations dans le postérieur est encore supérieure à celle du volant dans mes mains. Ça frotte et je le sens au fond de moi… Pour le coup, l’apprentissage est rapide et mon rythme ralentit considérablement dès que je me trouve sur une route en état moyen.
Taillée pour la piste.
Avec seulement 940 kg à vide grâce à sa monocoque en carbone, une répartition du poids de 60/40, une boîte de vitesses à double embrayage TCT accouplé au moteur 4 cylindres 1750 TBi de 240 ch et 350 Nm et un ensemble de commandes fermes (voir plus haut), je m’attends à du sport !
Je choisis le mode Natural (N) sur le sélecteur de conduite Alfa DNA, je passe la boîte en mode manuel et j’entre en piste. Les impressions que j’avais commencé à éprouver sur la route se confirment : c’est un gros kart. Le châssis rigide à souhait répond parfaitement aux sollicitations et la fermeté des suspensions est un atout sur le plan des sensations. Le freinage est vigoureux et les passages en courbe sont vifs. Je me fais avoir par quelques sous-virages, dont la responsabilité m’incombe totalement. En effet, j’ai tendance à relâcher le frein un peu trop tôt en entrée de virage. Je corrige rapidement et la 4C Spider se place comme je le lui demande, l’arrière pivote délicatement pour venir se placer avec une certaine précision. Si je réaccélère trop fort, trop tôt, l’Alfa Romeo me rappelle à l’ordre.
Après quelques tours et ayant compris le fonctionnement, je passe en mode Dynamic (D sur le sélecteur), raccourcissant les temps de passage des rapports de 25 %, l’accélérateur répond plus promptement et l’ESC se déclenche plus tardivement. La 4C Spider, très agile, me demande encore plus de finesse dans le pilotage et une amélioration toujours plus grande de mes trajectoires. C’est presque une voiture « à l’ancienne », ne permettant pas de faire n’importe quoi, a fortiori sur des routes/pistes humides. L’Alfa requiert de revenir aux fondamentaux, de réapprendre, si besoin était, les règles primordiales du pilotage.
L’Alfa Romeo 4C Spider en plus d’être belle (ah bon, je l’ai déjà dit ?) est une voiture au caractère fort et rare. C’est une véritable « voiture-passion », dévouée au seul plaisir de conduite. De son exigence naît de la gratification, car en prenant le temps de la connaître et de la comprendre j’ai éprouvé un plaisir que des autos deux ou trois fois plus puissantes n’ont pas su me donner. Au final, même si le prix est élevé, même si la boîte, bonne au demeurant, ne me convient pas et même si elle n’est pas exempte de défauts, j’ai juste envie de dire : « Merci Alfa Romeo ».
Note : 17/20
Bien vu :
- Sensations
- Esthétique
- Performance
- Plaisir de conduire
A revoir :
- Pas de boîte manuelle
- Autoradio qui jure un peu
- Prix un peu élevé
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