Avec le Cadillac Escalade, c’est l’un des symboles de l’automobile américaine qui débarque sur le sol européen. Non pas qu’il soit très ancien –la première génération est née en 1998, cette quatrième l’année dernière–, ni même très diffusé –620 000 ventes en 16 ans–, mais ce SUV pachydermique a déjà marqué la mémoire collective. C’est lui qui compose l’escorte de sécurité du président américain quand il se déplace, qu’il s’agisse de Barack Obama pour le réel ou de Franck Underwood ou tout autre personnage de fiction pour le virtuel. Tout le monde a déjà vu une scène, au cinéma ou à la télévision, où une dizaine d’Escalade noirs encadrent la limousine blindée de Potus*
L’Escalade version 2015, c’est tout simplement le plus gros SUV qu’il soit possible d’acheter de ce côté-ci de l’Atlantique. A côté de lui, même le nouvel Audi Q7 et ses 5,05 mètres de longueur passent pour des petits joueurs : 5,18 mètres pour la version de base et 5,70 mètres pour la version ESV à empattement allongé. Avec ça, vous êtes tranquille pour transporter 7 ou 8 passagers (selon la configuration des banquettes arrière) avec leurs bagages. Et les grands gabarits peuvent s’installer aussi bien à l’avant qu’à l’arrière (sur les sièges de deuxième rang en tout cas), sans se retrouver la tête dans les épaules, ni les genoux dans le menton.
Il faut dire que l’Escalade a été pensé pour un humain « moyen » américain, c’est-à-dire format XXL pour nous. Il mesure tout de même 1,89 mètre de haut et est porté sur une garde au sol de plus de 20 centimètres. Pour monter à bord, il faudrait faire un véritable effort de lever de pied mais heureusement, un marchepied rétractable apparaît dès que l’on ouvre la porte. Il n’y a que 50 centimètres à lever pour poser sa chaussure dessus, tout va bien ! Même la découpe des portes arrière a été modifiée pour faciliter l’entrée à bord des personnes de grande taille et un adulte tient confortablement sur la banquette de troisième rang.
Côté modularité, difficile de faire mieux avec des boutons électriques placés dans le coffre et près des places arrière, qui permettent de faire tout ce qu’on veut sans se fatiguer avec les différentes rangées de sièges, jusqu’à obtenir un plancher tout plat et un volume de chargement qui peut monter jusqu’à 2 668 litres (3 424 litres en version longue). Pachydermique on vous dit !
Mais c’est tout de même à l’avant qu’on est le mieux installé, même si le lecteur Blu-ray et son écran vidéo accroché au plafond sont réservés aux passagers arrière. Assise très généreuse, sellerie cuir semi-aniline, réglages électriques des sièges sur 18 positions, pédalier ajustable, etc. Quel confort et quel luxe ! Inutile de citer tous les équipements, ils sont tous là de toute façon. Même le démarrage à distance, la caméra panoramique, le système audio Bose à 16 haut-parleurs et le support de recharge sans fil pour le téléphone portable. Il ne manque que la conduite autonome, ce sera sans doute pour la prochaine génération. Et que dire du splendide tableau de bord entièrement numérique, avec trois modes d’affichage différents et la possibilité de personnaliser tout ce qu’on veut ou presque. On peut même avoir, de chaque côté des compteurs, la carte du GPS et la direction à suivre (qu’on voit déjà sur l’écran 8 pouces de la console centrale et l’affichage tête haute). Bref, impossible de se perdre avec cet Escalade !
Par contre, l’ergonomie des commandes n’est pas optimale. Le sélecteur de transmission est caché par le commodo de gauche et le massif sélecteur de rapport de la boîte automatique, vestige des voitures américaines des années 50, 60 et 70, déborde sur la console centrale. Sachant que celle-ci présente déjà un ordonnancement des boutons pas évident à saisir et que ces boutons tactiles sont parfois sensibles parfois insensibles, vous comprenez qu’on a déjà vu plus simple pour manipuler le GPS, la climatisation et le système multimédia. Heureusement, l’écran est tactile et permet de gérer plus facilement le maximum de choses, y compris la climatisation.
Un couple de camion
En symbole de l’Amérique, le Cadillac Escalade ne pouvait pas la jouer petit bras côté motorisation. Alors, il a droit à un bon gros V8 essence 6.2 litres bien glouton (13 litres/100 km selon le constructeur, 15 litres/100 km constatés) mais qui cède quand même à la modernité avec une fonction de désactivation des cylindres. Vous ne roulez qu’en V4 lorsque la demande de charge n’est pas trop soutenue. C’est-à-dire pas très souvent car même avec 426 chevaux sous le capot, il faut appuyer sur l’accélérateur pour ébrouer et faire avancer une telle bête de 2,7 tonnes.
Par contre, quand on appuie bien, ça fait plus que pulser. Le 0-100 km/h est avalé en 6,7 secondes, soit le même temps qu’une GTI comme la Ford Focus RS de première génération ou la Renault Clio R.S. 200 EDC. Tout ça grâce à un couple de camion, 610 Nm qu’il faut tout de même aller chercher à 4 100 tours/min, ce que fait très bien la boîte automatique à 6 rapports. Dans ces cas-là, l’ordinateur de bord bloque à 39,9 litres/100 km mais la consommation réelle doit exploser encore plus. Heureusement, le régulateur de vitesse adaptatif permet par la suite de compenser tout en roulant en toute sécurité.
Au niveau de la conduite, l’Escalade est resté en Amérique. Malgré le châssis Magnetic Ride Control et ses deux modes Tour et Sport, l’amortissement reste souple et la prise de roulis inévitable, tout en faisant bien remonter les aspérités de la route. Pas idéal pour le confort et pas recommandé pour toute forme de conduite dynamique. Par contre, qu’est-ce qu’on est bien monté sur ces énormes jantes 22 pouces recouvertes de chausses toutes saisons ! Sans oublier qu’on est en transmission intégrale, parfait pour les petites escapades dans les sous-bois voire carrément en dehors du bitume, mais surtout pour circuler avec un tel engin sur des routes aux conditions dégradées, par exemple lorsqu’il neige.
Excellente mais atypique voiture, ultra luxueux mais gigantesque SUV, le Cadillac Escalade ne sera certainement pas la tête de pont commerciale de la filiale de General Motors en Europe. D’autant que seuls deux distributeurs, un à Paris et un à Tours, seront habilités à le vendre. Mais il sera en tout cas son porte-drapeau, à l’image des Escalade de l’escorte présidentielle américaine.
Pour se l’offrir, par contre, il va falloir faire un gros chèque. Un très gros chèque même. La version de base Premium est à 99 000 euros et la version (encore) plus haut de gamme Platinum est à 109 000 euros. C’est elle que nous avons essayée. Comptez 2 000 euros de plus pour la version longue ESV et, dans tous les cas, un malus écologique maximal de 8 000 euros. Mais on le répète, pour ce prix, absolument tout ou presque est compris. C’est ça aussi, le rêve américain !
*acronyme et surnom pour le « President Of The United States »
Crédit photographique: Gilles Vitry, La Revue Automobile
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