Le nombre de bornes de recharge publiques pour véhicules électriques en France doit passer d'environ 31 000 à la fin 2020 à 350 000 d'ici 2030 selon une nouvelle étude exhaustive de The International Council on Clean Transportation (ICCT, Le Conseil International pour un Transport Propre).
Ceci est indispensable pour répondre à la demande des 8,5 millions de véhicules électriques qui sillonneront les routes françaises à cette échéance. Les infrastructures de recharge privées doivent également être développées de manière significative, il en faudra quinze fois plus en 2030 comparé à 2020, si la France veut atteindre son objectif national de 100 % de ventes de véhicules neufs zéro-émissions en 2040.
Les résultats de l’analyse ont conduit à quatre conclusions principales :
La croissance du marché français du véhicule électrique exige une expansion conséquente du réseau d'infrastructure de recharge.
Pour assumer une croissance de 470 000
véhicules électriques (VE) en 2020 à quelque 8,5 millions sur les routes de France en 2030 (incluant 1,1 million de véhicules utilitaires légers électriques), les chargeurs publics vont devoir porter leurs effectifs de 31 000 à près de 350 000 unités. En incluant les infrastructures publique et privée, 5,7 à 6 millions de chargeurs sont nécessaires pour 2030, 15% à 19% de moins que l'objectif initial de la France de 2015, soit 7 millions de chargeurs pour 2030. Néanmoins, dans un scénario alternatif où l’ensemble des ventes de véhicules neufs serait électrique dès 2035, 7,3 millions de chargeurs seraient nécessaires en 2030, incluant 430 000 chargeurs publics. L’accomplissement de l’objectif de 7 millions de chargeurs en 2030 pourrait donc mettre la France sur le chemin de l’électrification totale des ventes neuves dès 2035, cinq ans avant l’échéance actuelle. L'amélioration de l'accès à la recharge à domicile sera essentielle pour la gestion des besoins de recharge publique et une utilisation accrue des chargeurs publics ainsi que de meilleures rentabilités sont attendues à l’avenir.
Les aires urbaines, ayant tendance à mener le bal de l'essor du véhicule électrique, affichent la hausse la plus élevée des besoins de recharge mais un soutien d'infrastructure de recharge majeur est aussi nécessaire dans les zones rurales françaises.
Les zones urbaines plus denses et riches, comme Paris et Marseille, affichent le niveau d'adoption le plus élevé des véhicules électriques en 2020. Ces espaces urbains manifestent le besoin le plus important en termes d’expansion de l'infrastructure de recharge publique d’ici 2030, partiellement en raison de la disponibilité inférieure de la
recharge à domicile dans ces centres urbains densifiés. Afin que la France décarbone son secteur des transports et répartisse équitablement les avantages des véhicules électriques, l'adoption du véhicule électrique et l'infrastructure de recharge dans son ensemble (publique et privée) vont devoir augmenter plus rapidement dans les zones plus rurales et moins prospères.
La croissance projetée de la demande énergétique pour les véhicules électriques est gérable.
Pour soutenir la croissance du
véhicule électrique, la demande annuelle d'énergie de recharge va croître de 1,0 térawattheure (TWh) en 2020 à 16 TWh en 2030, soit une hausse annuelle moyenne de 32%. La demande d'électricité des VE projetée pour 2035 s'élève à seulement 7% des 439 TWh de demande d'électricité de la France en 2020, tous secteurs confondus. La demande énergétique pour les véhicules électriques serait compensée, jusqu'en 2026, par les économies d'électricité annuelles de 7 TWh mobilisées par la
Loi Énergie-Climat. Tous les impacts réseau de la demande énergétique des véhicules électriques sont estimés gérables lors des mises à niveau générales du réseau.
Une nouvelle stratégie de déploiement d'infrastructure de recharge coordonnée pourrait galvaniser les investissements.
Bien qu’une couverture d’
infrastructure de recharge de base soit importante pour susciter la confiance du marché à ses débuts, un déploiement ciblé des chargeurs est désormais nécessaire pour stimuler les investissements et assurer les besoins des conducteurs. Sur la base des développements en France et ailleurs, une approche prometteuse passerait par la mise en œuvre d'un processus d'installation de bornes de recharge coordonné sur la base de la demande de recharge identifiée auprès des conducteurs, des orientations claires pour assurer un accès équitable et des attributions de permis rationnalisées. Ce faisant, les investissements pourraient être guidés, coordonnés et catalysés entre les différentes parties prenantes pour assurer la transition vers la mobilité électrique en France.
Détails de la publication :
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Infrastructure de recharge au service de la transition vers la mobilité électrique en France ».
Auteurs : Marie Rajon Bernard, Dale Hall, et Nic Lutsey