Essai Alfa Romeo Giulia GTA : ti amo per « Mille Miglia » motivi

Il y a des moments uniques dans notre vie de journaliste automobile. Des moments hors du temps. Et autant vous dire que depuis 2 ans, avec notre satanée pandémie, ces moments sont devenus rarissimes. Sauf que voilà, un certain lundi soir du mois de juin, j’ai reçu un SMS du responsable presse d’Alfa Romeo. Le voici : « Benoit, j’ai une proposition malhonnête à te faire. 
Suivre les Mille Miglia au volant de la nouvelle GTA.
Ça pourrait t’intéresser ? »…
À votre avis qu’ai-je répondu ?

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Aller chercher le monstre d’Alfa Romeo…

La première des choses est donc d’aller en Italie.
Pas le choix, il faut prendre la direction de Charles de Gaulle et retrouver l’équipage de notre chère compagnie Air France pour rejoindre Milan. C’est dans la cité de la mode italienne que nous avons pris rendez-vous avec Marco. Il s’occupe de l’organisation du périple pour la firme au trèfle. Mais avant de partir tout de go vers notre superbe machine. Il nous faut (car je suis accompagné de notre JUJU pour prendre des clichés de notre aventure) recevoir un long coton-tige dans les deux narines.
Par chance, j’ai eu droit à une belle et délicate infirmière, alors que le JUJU, conquis par la beauté du geste, s’est vu confié à la mama qui apparemment n’y est pas allée avec délicatesse au vu des naseaux tout boursouflés…
Eh oui, c’est aussi ça, l’Italie !
Peu importe, nous voilà embarqués dans un vieux Lancia Thema et nous prenons la direction du Museo Alfa Romeo.

L’entrée est SPECTACULARE avec cette porte magistrale qui ne peut laisser aucun doute sur les lieux. Nous marchons quelques minutes pour arriver dans un coin assez sombre. Marco éclaire la lumière, et la voilà.
Elle, c’est l’une des 500 Giulia GTA produites.

Cette Alfa est revêtue d’un blanc immaculé. La nacre fait ressortir les petites touches de brillant comme un ciel d’été étoilé. Mais personne ne s’y trompera. Cette Giulia n’a rien à voir avec celle de monsieur Tout-le-Monde.
On est sur de la haute voltige stylistique !
Ailes avant galbées. Bouclier avant largement percé par des entrées d’air capables d’aspirer le premier sanglier passant devant elle. Le popotin prend en largeur et à la différence de Kardashian, c’est beau. Envoûtant, même !
Le profil a ce « je ne sais quoi du too much » à l’italienne qui fait que l’on ne peut qu’apprécier.
Chez d’autres, ce serait vulgaire, ici c’est spectaculaire !



Clé en main, nous devons déjà partir et rejoindre le reste de la troupe à Brescia. C’est au musée des « Mille Miglia » que tout commence.

On pose nos sacs dans la soute à bagages qui est largement capable de les accueillir, car en passant en mode GTA, la Giulia n’a pas rogné sur sa contenance (480 litres).

On ouvre les portes et « Bim Bada Boum Bim », comme dirait le 5e élément. L’habitacle est entièrement revêtu d’alcantara. Lorsque celui-ci n’y est pas, il fait place à un superbe cuir noir. Le mobilier est bien agencé. Le toucher du volant et ses palettes en aluminium sont juste parfaits. Bien au contraire de l’infodivertissement qui est juste passable, malgré sa grosse mise à jour, il y a moins d’un an.

Mais, les 500 heureux propriétaires n’achètent pas une Giulia GTA pour ça ! Ce qu’ils veulent c’est les CAVALLI.
Ça tombe bien, il y en a à foison.
Les ingénieurs en ont compté 540, pour être exact.
Ils sont de plus épaulés par une boîte de vitesses automatique à 8 rapports d’origine allemande qui fait passer la puissance sur le train arrière. Même si cette GTA reprend la base de la surpuissante Quadrifoglio, les ingénieurs ont travaillé sur de multiples éléments pour abaisser son poids. On parle ici d’une cure d’amaigrissement de plus de 100 kg. Ce qui nous emmène sur l’un des meilleurs ratios poids-puissance du segment. Une catapulte capable de vous expédier, selon la fiche technique, de 0 à 100 km/h en 3,6 secondes. Quant à la vitesse de pointe, Alfa Romeo parle de 300 km/h.

Bref… un engin hors du commun qui le fait savoir lorsque l’on presse le petit bouton rouge. Oui, le bouton qui se trouve sur le volant et qui demande au dieu de la foudre de faire ses vocalises. Attention de ne pas tomber sous l’envoûtement du chant des sirènes. Ce n’est pas une voiture qui fait du bruit, mais un orchestre philharmonique qui a rencontré un groupe de Métal.
On doit cette prouesse au V6 et au système d’échappement Akrapovic.

Point de temps à perdre, nous voilà avec Waze sur l’autostrada. Évidemment, le diablotin posé sur mon épaule gauche me demande de taquiner la pédale de droite. Mais il n’est pas encore temps de faire joujou avec elle. Régulateur (non adaptatif) enclenché, je me laisse porter par la route. Ici, la GTA chantonne doucettement et sa consommation flirte avec les 14 litres…

Enfin le Graal des 1000 Miglia

Alfa Romeo est sur ses terres, il est donc tout naturel qu’elle soit l’un des sponsors de la course. Nous profitons de fait de certains passe-droits et avons accès à tout, ou presque. En tout cas, nous sommes au musée, qui sert de paddock pour la course.
Le pedigree des autos est stupéfiant. Leur provenance l’est tout autant. On ne compte plus le nombre de plaques californiennes, new-yorkaises, et même texanes. Les Yankees sont venus en force, bien que ce soient naturellement les Européens du Nord qui trusteront la majorité des 400 équipages.



Il est 13 heures.
Les vieilles horloges commencent à faire tourner leur moulin.
Les pilotes s’habillent et prennent la direction de la rampe de départ.
L’effervescence monte de plus en plus fort, et ce, à chaque seconde.
Le calme avant la course laisse place à un brouhaha sans nom.
Ça pétarade !
Ça grogne !
Ça conspue !
Puis ça se vide.
C’est le temps pour nous de les suivre. Car si nous ne faisons pas la course en soi, avec les temps de régularité, nous faisons partie intégrante du cortège. Nous allons rouler avec ces fous du volant.
Et pour rouler, on roule !
Premier jour de compétition et 8 heures de route sur les petites routes de campagne.
Le plus dingue, c’est que des autos de plus de 50 ans et des bolides de plusieurs millions d’euros se tirent la « bourre » à coup de freinage, point de corde et autre dépassement spectaculaire par aspiration.
Ça ne conduit pas, ici !
Ça pilote !


Ne voulant pas trop me mêler à cette lutte d’ego, je n’aurais pas trop pris part au combat… Mais ça, c’était les deux premières heures. J’ai compris très rapidement qu’il fallait que je les enquille, car ces mordus du volant me le réclamaient, tout comme la police.
Oui la police !!!

Pour les Mille Miglia, la police sert d’escorte.
Elle ferme les feux rouges. Bloque les ronds-points.
Tel un détachement présidentiel, elle fait en sorte que nous ne nous arrêtions jamais.



Le second jour, c’est le jour de la cavalcade.
Si la plupart des participants sont partis à 7 h, nous partirons à un peu plus de 8 h 30. Assez pour mettre enfin à profit le Cuore Sportivo de la GTA.
C’est simple… plus d’économie, plus de pied sur le frein. Plus rien ne compte que la vitesse.
Une demi-heure plus tard, et toujours escorté par la police, je commence déjà à rejoindre le troupeau. Vous imaginez bien qu’avec les pur-sang présents sous le capot moteur de cette Giulia GTA, pas question de me laisser faire par les « mamies ». J’enchaîne ma remontée folle. Les pilotes lèvent le pouce, s’égosillent à tue-tête. La police fait passer le message. Ils bloquent les croisements. Préparent les ronds-points à mon passage… C’est du grand délire.
La foule scande « GAZZZZE »… Plus j’enchaîne les virages, les glissades, les dépassements, plus les Italiens agitent leurs drapeaux.
Ce qu’ils ne savent pas, c’est que si la GTA a une plaque italienne, ce sont bien deux petits Froggies qui sont dans l’habitacle…
Bien heureusement, pour tenir ce train ahurissant, il me fallait m’arrêter. Une chose qu’Alfa Romeo n’avait semble-t-il pas prévue, puisqu’avec une consommation de 24,6 litres de moyenne, et donc une autonomie de 200 km, c’est une chose que j’ai dû faire régulièrement. Et même très lentement, car un défaut de conception du réservoir oblige à maintenir la gâchette de la pompe doucement.
En gros, comptez 10 minutes pour faire le plein…
Peut-être une solution pour nous donner envie de passer à l’électrique.

Conclusion:

Cette Alfa Romeo Giulia GTA, c’est l’Italie.

Un peu, beaucoup même, m’as-tu-vue.
Mais son style vulgaire touche, tel un tireur d’élite, le cœur.
Bref, on ne peut que succomber à ses courbes sensuelles.

Au volant, c’est du grand n’importe quoi.
Surpuissante, caractérielle, gloutonne.
Elle ne demande qu’à être cravachée…
… et c’est là où elle fait la différence avec les Teutonnes.
Elle distille un plaisir de pilotage hors normes.

En même temps, peut-être que je vous dis ça, car je n’ai qu’une chose à lui dire à ma petite Giulia GTA.

Ti amo !



Performance


Performance
5 / 5
Tenue de route
5 / 5
Habitabilité
3 / 5
Consomation
1 / 5
Prix
1 / 5
Confort
3 / 5

Verdict : la raison

Verdict : la passion

  • + Un Ténor qui chante du Métal
  • + Le style spectaculaire
  • - Une supercar pour quatre
  • - Le remplissage du réservoir... une énigme
  • - Tarif de plus de 170k€ mais ...
  • -... comme il n'y en a plus à vendre

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