Sachez qu’il y a un peu partout en France et à l’étranger, des organisateurs de « voyage routier ». Ils s’occupent de vous proposer des expériences de conduite inoubliables.
Alors que l’hiver tire sa révérence, le Rallye de Paris propose à des passionnés de découvrir ou redécouvrir le célèbre circuit du Bugatti au Mans et les routes de campagne de l’est du pays.
Nous avons pu suivre le périple de ces passionnés de chevaux-vapeur à bord de la dernière génération de Jaguar F-Type.
Qu’est-ce que le Rallye de Paris ?
Le
Rallye de Paris est l’un des rendez-vous incontournables du début de saison pour tous les propriétaires de voitures de sport. Qu’elles soient anciennes ou modernes. Certains disent même qu’il est un véritable Salon de l’automobile roulant, car il réunit chaque année un plateau de machines d’exceptions, où modèles anciens de légende côtoient dernières nouveautés.
Cette 27e édition marque le grand retour du
Rallye de Paris dans la Ville lumière, avec une arrivée dimanche midi dans le bois de Boulogne. Mais ce n’est pas la seule nouveauté, puisque le rallye s’élancera du célèbre circuit
Bugatti au Mans où des sessions de roulage sont programmées le premier jour. Puis de magnifiques itinéraires de routes secondaires permettront de rallier Deauville, par les régions du Perche et du pays d’Auge.
Quel est mon engin ?
Tout d’abord, il faut être « éligible », en gros avoir une supercar ou une
GT de grand standing de préférence. Pour ma part, je me suis dit qu’après avoir fait la plus belle route du monde en sa compagnie, ce week-end du Rallye de Paris était l’occasion idéale pour prendre la mesure de la nouvelle Jaguar F-Type. Après une négociation qui dura 26,3 secondes, la filiale française de Jaguar m’octroyait le Graal : la nouvelle F-Type en version R.
«
Nouvelle », puisque l’on est à sa mi-carrière et que les stylistes et les ingénieurs n’ont pas fait les choses à moitié.
Tout d’abord le style. Impossible de les confondre, du moins de face. En effet, la proue est bien plus radicale. La
GT britannique perd ses optiques verticales pour gagner des yeux effilés de félin. La large calandre est légèrement descendue pour gober un maximum d’air et alimenter ses moteurs. De profil, c’est simple ; rien véritablement n’a changé, seule la poupe voit ses feux perdre en rondeur.
Dans le cockpit, si tout semble bien à sa place avec des sièges sports, la poignée d’amarrage du passager, le petit manche du levier de vitesse et les aérateurs centraux déployant, il manque des aiguilles. Celles qui se trouvent derrière le volant. Le combiné d’instrumentation a été remplacé par un écran digital évolutif. Bien évidemment, il donne toujours la vitesse et les tours-minute, mais il peut également reprendre les infos du
GPS ou la
radio.
Sous le long capot moteur… pas de chichi. C’est juste la version la plus puissante du V8 de 5 litres compresseur. Le même qui se cachait avant dans les entrailles de la
version SVR. On retrouve donc une écurie de 575 chevaux pour un couple dantesque de 700 Nm. Les chiffres sont explosifs, avec un
TOP 100 expédié en 3,7 secondes et une vitesse de pointe qui franchit la barre mythique des 300 km/h.
Montez avec moi et partons pour le Rallye de Paris 2020.
Si les anciennes éditions commençaient à la capitale, le programme 2020 me demande de rejoindre la piste du
Bugatti au Mans.
Cette langue de bitume noir serpentant sur 4 kilomètres 185 a connu les plus grands moments du sport mécanique. Qui ne connaît pas la «
chicane Dunlop » ou la ligne droite des stands ?
Moult et moult fois vu sur le grand et le petit écran, cet endroit est comme sacré pour les amateurs de sport mécanique. Eh bien, cette piste sera à notre disposition toute la matinée du premier jour.
En route avec la nouvelle F-Type R
Après un réveil difficile à 5 heures et demie, une douche froide et un café avalé à la va-vite, me voilà avec les casques dans mon parking. Bien heureusement, cette nouvelle génération de F-Type sait maintenant lancer sa mécanique en (presque) toute discrétion. Je me hâte d’aller retrouver Julien, notre photographe, pour enfin prendre la direction de la Sarthe.
À cette heure, le périphérique est vide tout comme l’A11. J’ai
575 canassons qui ne demandent qu’à tracter, mais pas question de céder à l’appel de la cavalerie. Il faut rester dans les clous de la législation. Le plus simple reste d’enclencher le limiteur de vitesse sur 130 km/h. En même temps, cela me donne l’occasion de faire un premier bilan sur les 130 km/h mélangeant voie rapide et bouchons parisiens de la ville. Ils ont englouti une moyenne de 11 litres d’essence pour 100 km.
2 heures 30 plus tard, nous voilà enfin devant la porte principale du
Bugatti.
Superbement reçus par l’équipe de l’organisation, nous voilà conviés à nous rendre sur le plateau qui accueille les participants. Nous sommes 100. Julien a les yeux qui brillent de mille feux. Le voilà en train de tourner frénétiquement la tête de gauche à droite, puis de droite à gauche. Sa bouche en c… de poule et ses onomatopées dévoilent son émotion.
Et c’est vrai qu’elles sont belles. Rouge, vert acide, orange sanguine, argent et même bleu chromé. Il y en a pour tous les goûts. Tout comme les marques et modèles d’ailleurs. Si les
Porsche 911 montent sur la première place de la représentation, la
nouvelle Alpine A110 les suit à la trace.
Comment ne pas tomber sous le charme des
Lamborghini avec leurs carrosseries acérées ou des courbes sensuelles de la toute dernière
Ferrari Portofino ?
Bon… après 10 minutes d’émerveillement, nous nous reprenons et allons chercher notre package. Celui-ci contient les instructions de bonne conduite, le programme et notre numéro, le 80. Un BUZZ retentit à 9 heures tapantes. C’est le début des hostilités.
Pur-sang et pure adrénaline !
J’enfile mon casque. Positionne mon siège. Contrôle ma rétrovision. J’enclenche le mode «
Track ». Appuie sur le bouton «
START » qui bat à l’unisson de mes pulsations. La Jag rugit. Je me positionne sur la grille. Le feu passe au vert. J’écrase le champignon. Les pneus fument et le premier freinage de la courbe Dunlop est déjà là.
Je relance avant de plonger dans la chicane
Dunlop pour écraser la pédale de droite et repartir comme une fusée à l’attaque de «
La Chapelle ». Ici, je reste très patient. La courbe n’en finit pas. Si j’accélère trop tôt, je me retrouverai sur l’extérieur de la trajectoire et perdrai mon avantage sur la Ferrari 488 Pista qui m’a pris en chasse. Je commence à entrapercevoir la ligne droite. Accélère avant d’avoir les roues droites pour relancer très vite le monstre.
Notre
F-Type a une arme par rapport à la
Pista. Sa transmission intégrale qui lui offre un grip de folie. En tout cas largement de quoi mettre 5 mètres à l’Italienne qui devra attendre 2 tours pour me prendre l’intérieur au freinage du «
S du garage bleu ».
Les tours s’enchaînent et ma monture réussit à tenir la dragée haute aux supercars du plateau. Il faudra cependant lâcher prise au bout d’une vingtaine de minutes pour laisser refroidir les freins et contrôler l’état des pneus de série. Après un peu plus d’un quart d’heure de repos, me revoilà parti pour une session de 20 minutes de piste, puis une pose, piste, pose… jusqu’au second BUZZ qui marque la fin de cette matinée.
Après un repas frugal au restaurant du circuit, nous sommes invités à prendre le road book pour rejoindre l’itinéraire de l’hôtel du golf de Deauville. Celui qui jusqu’à présent déclenchait frénétiquement son gros bazooka devint ici mon GPS. Chose bien rare, nous voici en train de converser alors que je conduis.
D’habitude, le Julien à une certaine tendance à faire reposer ses yeux. Mais là, sans son aide, impossible de prendre notre chemin jusqu’à notre lit d’une nuit. Alors, le voilà plus assidu que jamais à me donner les instructions.
«
Au rond-point prend la 3e sortie. » «
À 400 mètres, tu passeras sur Livarot. » «
Prends tout droit. » «
Fais le plein. » «
Bois un peu. » Une implication qui s’arrêtera 3 heures et demie plus tard sous le panneau d’arrivée de la belle ville normande. Accueillis par une foule faisant crépiter les flashes des smartphones et sous les encouragements de la maire, nous prenons la dernière ligne droite vers l’hôtel.
Ici, la petite communauté se retrouve pour le dîner, mais pas sans faire exploser quelques bouteilles de champagne. L’ambiance monte d’un cran et je me mets à rêver d’un DJ lançant sa platine avec «
Début de soirée ». En lieu et place, nous aurons droit aux consignes de l’organisation. Et, surprise, plusieurs portions de routes seront fermées pour laisser exploser nos grosses cylindrées. Julien s’exclame de joie, «
vivement demain ! ».
Une GT à la mode Rallye WRC
Comme quoi tout vient à point à qui sait attendre. Si notre fauve avait du mal à contenir les assauts des supercars sur le tarmac bien lisse de la piste du Mans, les choses changent sur cette deuxième journée.
Les routes départementales entre Deauville et la capitale sont notre nouveau terrain de jeu. Les suspensions de notre
JAG font merveille. Elles avalent, autant que faire se peut, les bosses et autres aspérités de nos vieilles routes. Très à l’aise, et bien aidée par le grip exceptionnel de la traction intégrale, elle passe partout à vive allure. Trop même !
Il faut savoir raison garder, car une demi-seconde dans des pensées un peu lointaines, et vous passez dans le viseur de la gendarmerie. Mais, bien heureusement, les organisateurs ont prévu la spéciale fermée.
Ici, chacun peut lâcher les fauves qui se cachent sous le capot. Cela tombe bien, mon écurie est en feu et ne demande qu’à tracter.
Je pars dans le ventre mou de cette nouvelle horde. Mais je me retrouve très vite à l’avant-poste, car ces fameuses supercars ne peuvent tenir la comparaison. Bien plus puissantes et sèches comme de la pierre, elles sautillent à la moindre saillie du bitume. Les pilotes ont bien du mal à contenir leur meute qui ne demande qu’à se dérober.
Pour ma part, notre F-Type R se place parfaitement dans la trajectoire, ses 4 roues trouvent la meilleure adhérence et l’écurie pousse de concert jusqu’à des vitesses dignes d’une voiture de Rallye WRC. Bien malheureusement, le drapeau à damier est en vue et il marque la fin de cette belle folie routière.
On reprend la route, apaisé par le garde-fou de vitesse électronique bien positionné sur les limites que nous impose le Code de la route. Nous rejoignons l’hippodrome de Longchamp avec le réservoir qui crie famine tout comme l’estomac de notre Julien.