À l’époque du toujours plus, un constructeur bien de chez nous a opté pour le moins. Moins de poids et moins de puissance. Or, comme on l’apprend en maths, moins par moins, ça fait plus. Plus de plaisir, comme vous en avez pu vous en apercevoir dans notre comparatif « 100 % made in France » qui l’oppose à l’Alpine A110…
Mignon tout plein et français
C’est au salon
Rétromobile de 2017 que
Secma dévoila son nouveau modèle, le
Fun Buggy. Si
Secma a été créé en 1995 par
Daniel Renard, c’est une décennie plus tard que le constructeur nordiste a acquis sa notoriété avec la sportive F16. Un cap a été passé en 2016 avec le passage au turbo, offrant des performances d’un tout autre ordre, digne de supercars.
La gamme est, depuis trois ans déjà, complétée par un
buggy. Il dispose de son propre design avec notamment les gros phares style
Buggy et les feux à LED. Avec seulement 2,76 m de long, cette Française a tout de la petite puce. Encore plus qu’une
Caterham, par exemple. Même les
Ariel Atom et
Nomad sont plus longues, c’est dire. La
photo de profil au côté de l’Alpine A110 est d’ailleurs très parlante…
À rouler dans une voiture plaisir, souvent égoïste par nature, on est souvent montré du doigt dans la rue. Pas dans la
Secma. Elle attire instantanément et partout la sympathie même si c’est souvent, en premier lieu, un regard étonné que l’on croise. «
Qu’est-ce que ce truc ? » peut-on lire sur les lèvres. Non, ce n’est pas une voiture sans permis. Vous le comprendrez assez rapidement à la première zone de dépassement possible…
Plaisir accessible au plus grand nombre
Démarrant à 21 200 euros, et non assujetti au malus écologique, cette biplace a le mérite de rester les pieds sur terre. Quelques options peuvent s’avérer utiles, mais la note ne s’envole pas comme vous pouvez le constater avec les différentes formules proposées (arceau origine + toit seul découvrable : 820 €, arceau origine + toit découvrable avec portes papillon : 1 690 € et arceau spyder + capote souple : 980 €).
Le modèle de presse dispose de l’arceau spyder, mais pas des portières pourtant achetées quasiment systématiquement par les clients. Et je les comprends ! Comme l’a relevé mon collègue dans l’autre article, c’est assez déroutant de ne pas dorloter les journalistes. Nous ne leur en tenons pas rigueur, en dépit des 250 km de retour effectués sous une pluie torrentielle. Le chauffage s’est avéré efficace, et performant. Le désembuage fonctionne parfaitement également.
L’habitacle est minimaliste et offre comme seul rangement le bas situé aux pieds du passager. Il est toujours possible d’opter pour un seuil de rangement placé au-dessus du compartiment moteur, compensant l’absence de coffre.
Enfin, si la fibre patriotique vous anime, ne manquez pas la mention « fabriqué en France » entre les deux sièges. J’en profite pour mentionner le fait que
Secma recrute.
Confidences d’un essayeur heureux
C’est un peu LA question que je me posais avant de l’essayer.
Dans quelles conditions peut-on l’utiliser ?Sur les 20 premiers kilomètres, la réponse n’est pas aisée. J’ai beau avoir conduit en plusieurs endroits qui peuvent être considérés comme extrêmes, c’est chaque fois pareil. Il faut du temps pour se faire à la conduite ou, plus exactement, aux autres. Car c’est finalement l’appréhension que l’on a avec un si petit véhicule lancé dans le flot de circulation des voitures, mais aussi des poids lourds ! Ajoutez à cela le boucan du moteur placé dans votre dos, dopé par l’échappement inox, et les tourbillons qui s’invitent dans l’habitacle, à tel point que vous n’entendez même pas le GPS de votre smartphone, pour donner une idée du début du périple. «
Qu’est-ce qui m’a pris de vouloir faire 600 km là-dedans ? ». Sans vouloir vous spoiler la fin de l’essai, je vous garantis qu’au moment de rendre le
Buggy, c’est tout l’inverse. J’aurais bien gardé les clés.
Parce qu’entre temps, je me suis familiarisé avec ce drôle d’engin. Accessoirement, entre le 80 km/h et la culpabilisation incessante versée sur les automobilistes, pouvoir rouler avec des sensations à allure tranquille est tellement appréciable. Finalement, c’est un peu le credo des youngtimers sauf que là, on profite d’une voiture neuve et
Crit’air 1, tant qu’à faire !
Si sa base technique est le F16 (double triangulation avant et bras tirés à l’arrière), plusieurs modifications sont apportées. La garde au sol est de 220 mm tandis que les roues sont plus grosses en 16 pouces à l’avant et à l’arrière. Les triangles et les suspensions sont différents pour avoir une meilleure garde au sol. Sans oublier la touche finale, les
pneus Michelin Cross Climate. Bien que pas sportifs, ils en offrent suffisamment pour une utilisation routière dynamique. On se surprend à aller de plus en plus vite, jusqu’à même atteindre des vitesses inavouables dans un essai public. Le
1,6 litre d’origine Renault développant 110 chevaux offre plus que ce qu’il faut pour tracter les 567 kg à vide. 5,9 secondes pour le 0 à 100 km/h, c’est pas mal ! La consommation est des plus raisonnables puisqu’avec les 26 litres, j’ai pu quitter Cambrai pour rejoindre mon 93, avant d’atteindre le lendemain La Ferté-Gaucher. Sans me traîner sur une bonne partie du trajet, il restait encore un quart dans le réservoir ! Le constat est vraisemblablement le même avec les consommables, tels que les freins, du fait de la masse à stopper.
À ce propos, le réservoir est placé dans le châssis poutre. Une solution idéale pour le centre de gravité. Bien équilibrée, cette
Secma est la parfaite école de la conduite. Un véritable kart homologué pour la route. N’attendez pas la moindre assistance, il n’y en a aucune. Attention à l’empattement très court qu’il ne faut pas sous-estimer. On en revient aux bases du pilotage, là où d’autres sportives pardonnent plus facilement. Les pneumatiques ont été utiles sur le trajet du retour. Je n’ai jamais été pris en défaut par la motricité, même sur chaussée détrempée. L’avantage, du petit bloc atmo, aussi…
Tout est parfait ? Non. Malheureusement, un point noir subsiste. Cette fichue boîte de vitesses et son guidage manquant cruellement de précision. Le 4-5 est particulièrement délicat.
Pour le sport, il existe les F16, Evo et Turbo
Pour l’anecdote, on m’a confié que
Secma a été le premier constructeur artisanal à être prêt pour WLTP. Ils ont même été trop rapides pour l’UTAC, ce qui a causé quelques soucis d’homologation pour les voitures devant être livrées. Aujourd’hui, c’est rentré dans l’ordre et aucun des modèles de la gamme ne subit de malus écologique. Et pour poursuivre sur le sujet, il est toujours flatteur d’apprendre que les personnes de Caterham ont justement contacté Secma afin de savoir comment s’était passé leur passage à WLTP. Signe que leur renommée dépasse nos frontières…
Comme j’ai tenté de l’expliquer, le
Fun Buggy n’est pas vendu comme une sportive. Pour le sport, il y a le choix entre le
F16 (à la même motorisation), le F16 Evo (au châssis plus évolué) et le
F16 Turbo (développant à présent 225 chevaux en Euro6d-temp et full). La philosophie demeure la même pour toutes : le plaisir dans son plus simple appareil. Niveau tarifs, seule la version Turbo se démarque en réclamant un budget plus conséquent (à partir de 34 900 €), mais, avec
un 0 à 100 km/h revendiqué en 4,5 secondes, cela est loin d’être excessif…