Essai Jaguar XE : la berline des gentlemen drivers

Depuis ces dernières années, Jaguar tente de se refaire une place au soleil. Après avoir développé une toute nouvelle gamme, la firme anglaise s'intéresse désormais à un autre segment, celui des berlines familiales, oùcertaines références règnent en maître. Impossible n'est pas British, Jaguar met sur le marché la XE, qui entend bien bouleverser la concurrence.
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Pour tous les passionnés que nous sommes, Jaguar est avant tout un grand nom du sport automobile, mais c'est aussi le spécialiste de la grande berline anglaise, habillée d’une robe classique et équipée d’un châssis privilégiant – trop – le confort. En 2001, le fabricant change de voie et vient s’attaquer au segment des berlines familiales avec la X-Type : une catastrophe. Basée sur une classique Ford Mondeo et disponible avec une transmission aux roues avant (lancée avec une transmission intégrale), cette voiture, vendue comme une berline sportive, a aussi été la première Jaguar à adopter une mécanique diesel. Autant de facteurs qui auront eu raison de son succès commercial. Bien conscient de ses erreurs passées, Jaguar a décidé de revoir sa copie.

Une réussite stylistique :
La nouvelle Jaguar XE a donc la lourde tâche de reprendre le flambeau maudit laissé par la X-Type. Sauf que Jaguar arrive maintenant avec une nouvelle signature stylistique. Reprenant les grandes lignes de ses grandes sœurs, la XE devient presque une pâle copie de la XF. Ce qui n’est pas vraiment un mal à en juger par le nombre de têtes qui se retournent sur son passage. La face avant, très expressive, le regard acéré et la calandre béante, ouvre sur un long capot plongeant et la partie arrière ramassée exhibe de nouveaux blocs optiques évoquant la F-Type. Si certains peuvent regretter le style traditionnel des berlines Jaguar, ces nouvelles lignes font l’unanimité.

Sauf lorsque les passagers prennent place à l’arrière où, rançon de la gloire, l’espace aux jambes et la garde au toit sont limités. À l’avant, les passagers sont en revanche bien mieux lotis. Le dessin général est réussi, avec notamment un bloc d’instrumentation repris de la sportive F-Type. Les plus pointilleux pourraient pester contre quelques détails de finition ou d’ergonomie (commodos éloignés ou bien boutons trop nombreux sur le volant). Toutefois, la Jaguar n’a rien à envier aux ténors de la catégorie et ajoute même quelques artifices, comme la commande de boîte automatique qui se soulève au démarrage. Revers de la médaille, à trop vouloir atteindre le niveau dicté par les allemandes, la Jaguar XE perd de son identité British. Même les placages en bois vernis en option ne parviennent à corriger le tir. Une histoire de goût, mais les placages en bois font partie de l’identité de Jaguar.

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Le meilleur châssis de la catégorie :
Entièrement nouvelle, la Jaguar XE repose sur une toute nouvelle structure monocoque réalisée à 75 % en aluminium. Un matériau cher à la marque anglaise, qui permet d’économiser du poids sur la balance et d’afficher une grande résistance à la torsion avec des éléments collés et rivetés. Pour le reste, de l’acier à haute résistance et du magnésium occupent les endroits stratégiques. Toutefois, la berline n’est pas timide sur la balance, avec un poids allant de 1 474 kg (diesel 163 ch) à 1 665 kg (XE S V6 340 ch). Un surpoids qui se fait oublier dès les premiers tours de roues. Car la XE, présentée comme une berline sportive ou, pour reprendre une qualification chère aux Anglais, une driver’s car, repose sur un train avant à double triangulation repris de la Jaguar F-Type, s’il vous plait, et sur un essieu arrière multi bras. Le tout est commandé par une direction à assistance électrique, une première pour Jaguar.

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Sur la route, cela se traduit par un comportement dynamique qui se situe clairement au-dessus de la concurrence. Le train avant affiche une précision suffisamment rare dans la catégorie pour être noté et, associé à l’équilibre général de la voiture, il permet d’enfiler les courbes comme des perles sur un collier. La berline vire à plat et le train arrière volontaire permet d’enrouler les courbes, le tout sans sacrifier le confort. Les changements d’appui s’opèrent dans la plus grande décontraction et à aucun moment le conducteur ne versera une goutte de transpiration pour imprimer un rythme largement répréhensible sur route ouverte. Elle devance clairement la BMW Série 3, la référence au chapitre dynamique. Il faudra vraiment le faire exprès pour aller titiller les lointaines limites de la voiture. Seuls, la commande des freins – puissants et suffisamment endurants pour le commun des mortels – et de légers mouvements de caisse en appui lors des courbes rapides, peuvent déplaire, mais ce n’est en rien rédhibitoire.

La multiplication des blocs 2,0 litres :
La Jaguar XE est disponible dès sa sortie avec cinq motorisations, dont deux 4 cylindres 2,0 litres diesel de 163 et 180 ch (développés en interne) et deux 4 cylindres 2,0 litres essence de 200 et 240 ch. Le haut de gamme est pour le moment représenté par la XE S avec un V6 3,0 litres compressé de 340 ch.

Lors de cet essai, nous avons eu l’occasion de mener le diesel de 180 ch avec la boîte manuelle. Le bloc sans bougie est performant et agréable à l’usage. Nous préférerons ce moteur et ses 430 Nm de couple plutôt que la version à 163 ch. Dans les deux cas, la sonorité agricole est bien trop présente dans l’habitacle lors des accélérations et s’accompagne de vibrations peu gracieuses. Des reproches qui se font oublier grâce à la partie dynamique, aux consommations modestes (près de 5,0 l/100km) et aux rejets de CO2 limités à 99 g/km sur le diesel 163 ch. Nous recommanderons également l’unité automatique ZF à huit rapports, bien plus intéressante que la banale boîte manuelle à la commande ferme et peu maniable.

Au rayon essence, la déclinaison à 240 ch pour 340 Nm est une alternative qui mériterait que l’on s’y intéresse de plus près, si on accorde plus d’importance à l’image véhiculée par la XE qu’aux consommations au-dessus de la moyenne, dans la catégorie. Et puis, on trouve en haut du tableau la Jaguar XE S, avec le V6 3,0 litres compressé, déjà connu sous le capot de la F-Type. Dans ce cas, la XE compte sur une cavalerie de 340 ch à 6 500 tr/min et 450 Nm de couple à 4 500 tr/min. Très communicatif, avec une sonorité à l'échappement envoûtante et le sifflement du compresseur, le moteur permet au châssis de la XE de s'exprimer pleinement.

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La nouvelle reference ?
Dans le giron du groupe indien Tata, Jaguar a pu bénéficier d'un investissement conséquent pour développer le projet XE. Pour faire oublier la placide X-Type, la marque anglaise s'est donné les moyens de proposer une berline familiale capable de rivaliser avec les ténors de la catégorie. En résulte une automobile bien née, avec un châssis jouissif, des mécaniques intéressantes et un équipement de confort et de sécurité parmi les plus pléthoriques du marché. Si présenter la X-Type comme une berline sportive fut une hérésie, l’appellation driver's car employée par Jaguar pour la XE est loin d'être une publicité mensongère.

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Cependant, la nouvelle Jaguar n'est pas exempte de reproches, avec une habitabilité aux places arrière réduite, un plancher de coffre (450 litres) en escalier ou une finition intérieure qui n'atteint pas les références de la catégorie. La Jaguar XE est disponible selon quatre niveaux de finition: Pure, Prestige, Portfolio et R-Sport. La gamme tarifaire en essence débute à 37 200 € avec la 2.0 200 ch en finition Pure et grimpe jusqu'à 50 900 € avec le bloc 240 ch et la version Portfolio suréquipée. Au rayon diesel, le ticket d'entrée est fixé à 37 000 € pour la 163 ch Pure, alors que la 180 ch Portfolio occupe le haut du tableau avec un prix de 45 000 €. Le haut de gamme S est facturé 61 800 €. Dans tous les cas, les prix de vente sont sensiblement similaires à ceux pratiqués par la concurrence allemande.

Conclusion:

Si elle ne se distingue pas par ses tarifs, la Jaguar XE est toutefois une excellente alternative aux autres propositions de la catégorie pour ceux qui souhaitent bénéficier de l'image de marque de Jaguar et ceux qui s'intéressent davantage au plaisir de conduire qu’aux ajustements intérieurs au millimètre près. Elle est faite pour les Gentlemen Drivers.

Bien vu :
- Boîte automatique volontaire
- Châssis d'une efficacité redoutable
- Caractère de la XE S V6

À revoir :
- Niveau sonore dans l'habitacle (diesel)
- Pas de GPS ni de cuir en finition Pure
- Certains détails ergonomiques et de finition


Performance


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