Kia n’en est pas à sa première berline statutaire sauf que, cette fois, le constructeur y ajoute une forte dose de plaisir de conduite et un design agressif…
Avant même l’essai, Kia a réussi à donner envie aux passionnés d’automobiles de conduire la Stinger. Dernièrement, les voitures ayant provoqué un tel engouement furent l’Alfa Romeo Giulia et l’Alpine A110. L’essai de cette dernière est d’ailleurs prévu pour bientôt dans La Revue Automobile…
Se donner les moyens de réussir
Plus connu pour ses citadines ou son Sportage, Kia veut monter en gamme. Un discours presque galvaudé que nos constructeurs nationaux ne cessent de nous rabâcher. Mais il y a les discours et les actes. Oubliez les moteurs downsizing, les moteurs/boîtes transversaux et autres mesquineries financières. Kia s’est donné les moyens de ses ambitions et accepte de prendre le risque que cela ne fonctionne pas… de suite. Il faut du temps pour que le statut d’une marque change et Kia le sait très bien. Le renouveau est en marche depuis quelque temps. La Rio 1 litre turbo a été une excellente surprise et je ne m’étais pas gêné pour l’écrire. Il y a à peine deux semaines, c’est la Stonic que nous essayions…
La pêche au gros
Je déteste l’expression « berline-coupé » qui représente tout le marketing qui me répugne, cela sera donc la seule et unique fois que je l’écrirai. Avec ses 4 830 mm de long, sa concurrente la plus proche est la Volkswagen Arteon. C’était d’ailleurs la seule « généraliste » (mes excuses au service presse VW !) de la catégorie avant l’arrivée de la Kia, même si Opel aimerait qu’on pense à son Insignia Grand Sport. Les constructeurs « non-premium » ont quitté la catégorie des berlines de luxe les uns après les autres en fusionnant les segments D et E en une seule voiture. La conséquence est donc d’avoir des véhicules de taille intermédiaire sans correspondance avec ce que proposent les constructeurs à forte image. Chez Audi, la Stinger est à mi-chemin entre deux Sportback : l’A5 et l’A7. Il est encore plus compliqué de la comparer à une BMW Série 4 GranCoupé, beaucoup plus petite.
Enfin, aucune cannibalisation n’est prévue en interne, l’Optima se vendant principalement en break. Quoi qu’il en soit, la carrosserie cinq portes, toujours très appréciée des Français, est une opportunité prometteuse pour Kia France.
Six ans plus tard
C’est à Francfort, en 2011, que la Stinger a été annoncée, par le biais du concept GT. L’essai est aujourd’hui transformé. Le design agressif plaît à la majorité des personnes. Personnellement, je ne suis pas fan de la calandre Tiger Nose. En revanche, l’arrière en boomerang dans l’inspiration de la Maserati 3200 GT ne peut que me plaire. La plateforme propulsion permet d’avoir un porte-à-faux réduit à l’avant. Le long capot plaira aux Américains, marché promis à être le principal pour la Stinger. L’arrière est plus long, en particulier à cause de l’empattement rallongé bénéficiant à l’espace aux jambes. Le pavillon tombant dû au profil fastback n’est cependant pas adapté aux grands gabarits. Mais ce n’est pas bien grave puisque la Stinger n’est pas un véhicule pour se faire conduire, mais pour simplement conduire…
La GT V6 se reconnaît à ses quatre sorties d’échappement, elles-mêmes incorporées dans le diffuseur arrière. Toutes les versions disposent des écopes latérales, pas forcément de très bon goût, il faut l’admettre. Neuf coloris extérieurs sont au catalogue. La capacité de chargement du coffre va de 406 à 1 114 litres.
Présentation intérieure tout à fait correcte
On juge beaucoup le standing sur l’habitacle. Kia a donc fait de gros efforts sur la présentation et sur les matériaux. Sans être une Audi (remarque valable pour le prix de vente), le résultat proposé aux clients est plus qu’honorable. La mode est à l’écran multimédia déporté que l’on retrouve ici. La V6 est en France uniquement proposée en finition GT. Elle intègre à 99 % tous les équipements (écran 8 pouces, affichage tête haute, sièges ventilant, système audio Harman Kardon 15 haut-parleurs…). La garantie sept ans/150 000 km est proposée sur la Stinger. La GT est annoncée à 59 900 € et même en incluant les malus écologiques, la Kia reste bien moins chère que ses concurrentes de puissance équivalente. L’Arteon TSI 280 reste moins chère, mais moins puissante.
Un V6 en forme
Pour réussir dans l’Amérique du Nord, il n’y a guère le choix. Il faut a minima un V6. Kia est allé piocher dans sa banque de moteurs pour installer le 3,3 litres (revu pour l’occasion). Hyper coupleux dès le régime ralenti et proposant une belle allonge au-delà des 6 000 tr/min, il se conduit comme un gros V8. Les accélérations et les reprises sont excellentes. On a du mal à se convaincre que l’on est à bord d’une Kia tant on n’a pas été habitué à tant de vélocité.
La boîte automatique à huit rapports maison est agressive ce qui n’a pas plu à tous mes collègues. Personnellement, j’aime. La gestion n’est pas irréprochable, mais l’avalanche de couple disponible dans le V6 compense ce défaut. Utilisant quasiment exclusivement ces transmissions en mode manuel, je n’ai pas eu de souci particulier. Cinq modes de conduite sont proposés dont un Smart, censé s’adapter à la conduite de la personne au volant. Raté. Les autres modes sont les Eco, Comfort, Sport et Sport+. N’ayant roulé qu’avec ces deux derniers et à un rythme plutôt soutenu, la consommation n’a pas été raisonnable (13,5 l/100 km). À cadence équivalente, ce n’est pas tellement plus que la concurrence germanique, mieux lotie en rejets de CO2.
Destinée en grande majorité aux flottes d’entreprise, le réseau français a tout de même fait le choix d’opter pour 55 % de V6 !
Excellent châssis
En Europe, seules les conduites à droite sont des propulsions (sans que la transmission intégrale soit proposée). Pour les Stinger à volant à gauche, c’est tout l’inverse. La bonne nouvelle est qu’en dépit des quatre roues motrices, la berline se comporte comme une propulsion. La variation du couple entre les deux essieux se fait selon les modes choisis. Cela peut aller de 50/50 en Comfort à 100 % sur l’arrière en Sport+, sauf en cas de perte d’adhérence. L’ESP est vendu comme étant déconnecté, mais il se réenclenche tout de même.
La position de conduite est très bonne. Typée sportive, on se croirait davantage dans un coupé que dans une limousine. On se prend très vite au jeu et la Coréenne n’a pas peur que l’on teste ses aptitudes sportives. La direction à pas variable sur la V6 est bien calibrée. De butée à butée, c’est court. Précise, elle dynamise le maniement de la voiture. Le rayon de braquage ne favorise pas les déplacements en ville, ce n’est pas une Mercedes…
Avant d’emprunter les routes de Majorque, nous avons eu droit à quelques tours de piste. Pas foncièrement typée pour cet exercice à cause de son poids de 1 900 kg et un tracé de circuit manquant de lignes droites, elle s’en est tout de même correctement sortie. Le sous-virage est plutôt contenu et l’endurance des freins est plutôt impressionnante. Les Brembo sont fournis en série.
La GT est imposée avec les amortisseurs pilotés ECS. Toujours confortable, on ne sent guère de changement d’un mode à l’autre. Trop souple, la prise de roulis est significative, mais n’est pas en contradiction avec l’orientation GT assumée par Kia. C’est une berline de grand tourisme particulièrement dynamique…
La Stinger GT AWD confirme les espoirs mis en elle. Richement dotée, agréable à regarder et bien présentée, elle concilie hautes performances, plaisir de conduite et confort d’utilisation, lui permettant de rivaliser avec ses concurrentes prestigieuses. Dommage qu’elle ne soit pas optimisée fiscalement…
BIEN VU
Rapport prix/performances
Agrément de conduite
Boîte rapide/virile
Confortable
Designs extérieur et intérieur
À REVOIR
4 roues motrices imposées en Europe (hors Royaume-Uni)
Malus maximal
Consommation essai : 13,5 l/100 km
Prix : à partir de 59 900 €
Crédit photo : Julien Fautrat pour La Revue Automobile
2020 118895 km Manuelle Essence
2018 69117 km Automatique Diesel