C’est dans un hangar sombre, à l’atmosphère pesante, que j’ai rendez-vous avec la McLaren. Elle est là, endormie, derrière des grilles. Même dans cet état elle dégage une force animale, une sensation de puissance brute avec ses proportions qui frôlent la perfection. Large et basse, elle exhibe des épaules musclées, un avant profilé et un arrière costaud d’où sortent deux échappements haut placés. Elle m’impressionne, mais quelques détails viennent, à mon goût, gâcher son esthétisme. Je n’aime pas les spoilers de couleur contrastante, ici en carbone, ni leurs formes.
Je lève les grilles afin de rendre au fauve sa liberté de mouvement. La 650S s’éveille, dans un feulement rauque et discret, puis ouvre les yeux. Me faisant face, elle me regarde d’un air farouche, prête à en découdre. Je m’avance vers elle, en douceur, en ami. Loin de me sauter à la gorge, ou de fuir, elle déploie sa porte en élytre pour m’accueillir à son bord. Celle-ci gêne l’accès, rendu déjà peu aisé à cause du large seuil de porte à enjamber. Les efforts consentis sont vite récompensés par un accueil parfait des sièges baquets. Ils assurent un confort et un maintien irréprochables, tout en offrant une excellente position de conduite. Seule l’absence de repose-pied à gauche est surprenante.
L’intérieur présente une finition soignée, avec une console centrale en carbone et un nombre de boutons limité. Je tire sur celui qui permet d’ouvrir le toit – en 17 secondes – afin de profiter au maximum du côté Spider, mais il ne se passe rien. Contrairement à la grande majorité des cabriolets, il faut appuyer sur le bouton pour enlever le toit et tirer dessus pour le fermer.
La McLaren 650 S sur la route
Je quitte le hangar ainsi que le Havre pour rejoindre la région parisienne, laissant très peu de monde indifférent sur mon passage. Le système d’infodivertissement est peu ergonomique et l’écran illisible sous le soleil, tant pis pour le GPS. La McLaren est incroyable de confort, absorbant les irrégularités de l’asphalte avec une facilité étonnante. Ceci est dû au système « Proactive Chassis Control » qui remplit simultanément les fonctions d’amortissement et de raideur antiroulis. Je vous épargne l’explication technique à base de vérins hydrauliques interconnectés, de roues indépendantes et autre recalibrage en continu, pour simplement vous dire que c’est bluffant d’efficacité.
Bien que la voiture semble très basse, elle s’autorise à passer quelques gendarmes couchés peu élevés de face. Heureusement d’ailleurs, tant l’usage du lift System, surélevant la voiture de 2 centimètres, est fastidieux. Comme je le ferais pour un coup spécial d’un jeu de combat, nécessitant une manipulation ésotérique sur sa manette, je dois déplacer un même commodo dans 4 directions différentes et ensuite attendre quelques secondes que ce soit fait. Heureusement, c’est effectif jusqu’à 60 km/h avant de se remettre automatiquement à hauteur normale.
En ville, le V8 biturbo de 3,8 litres est très civilisé et me permet de rouler sans la crainte d’une accélération trop brusque. Sur route, je me rends compte que ce moteur est en fait creux sous 3 000 tr/min et très plein au-dessus. Lorsque je mets le pied au plancher, la poussée est phénoménale, sans fin, la boîte de vitesses automatique à double embrayage passe les rapports sans heurt. Les 650 ch et 678 Nm de couple permettent le 0 à 100 km/h en tout juste 3 secondes, ce qui reste moins impressionnant que le 0 à 200 km/h effectué en à peine 8,6 secondes. Il faut cependant faire attention au freinage tant que les disques en carbone céramique ne sont pas chauds. La pédale est plutôt spongieuse et la décélération manque de franchise. Je quitte les grands axes pour rejoindre des routes aussi vides que sinueuses où la 650S va se révéler plutôt…
… Froide et chirurgicale
Là, sur route, la McLaren se montre d’une précision indécente. Tel un bistouri, elle taille la route sans hésitation, suivant mes gestes au millimètre, traçant une trajectoire parfaite, fluide. Rien ne m’empêche de suivre la ligne que j’ai en tête, aucune aspérité ne peut me dévier ni aucune courbe me mettre en difficulté ; l’instrument que j’ai entre les mains est trop efficace.
Les freins, une fois chauffés, se montrent aussi puissants qu’endurants. L’aileron mobile, baptisé « airbrake », qui se dresse lors des phases de freinage, aide à la stabilité en créant un appui aérodynamique sur l’arrière l’empêchant de se délester. La boîte de vitesses, de son côté, reste tout aussi parfaite. Elle monte les rapports les uns après les autres sans le moindre à-coup, sans que j’aie rien à faire, si ce n’est profiter de la capacité du V8 qui m’en donne encore et toujours.
Il ressort, à mes yeux, une certaine froideur de cette perfection. Elle réalise presque sans âme ce qu’elle doit faire et ce n’est pas le son du V8 qui rattrape ça. Heureusement qu’aux changements de vitesse, les échappements produisent un crépitement, sans quoi les montées de rapports, trop lisses, finiraient par m’ennuyer. Les modes Sport et Track offrent un ESP largement plus permissif, accordant de belles dérives très (trop ?) saines.
La McLaren 650S est très confortable, utilisable au quotidien, très saine et en même temps elle affiche des performances hors du commun. La sensation de poussée est phénoménale, sans fin et la tenue de route défie les lois de la physique. Cette recherche de la perfection sur le papier engendre finalement une voiture que je trouve malheureusement un peu froide à l’usage, quelque peu dépourvue de l’étincelle de folie qui me ferait frôler l’extase. C’est en fait son absence de défaut qui me dérange, il ne lui manque presque rien pour qu’elle déclenche la passion...
Tous nos remerciements à la patinoire La Cartonnerie de Dammarie-lès-Lys pour son accueil chaleureux (oui oui, malgré le froid !)
Note: 16/20
Bien vu :
- Civilisé
- Coffre pratique et conséquent pour la catégorie
- Performances
- Confort
À revoir :
- Trop parfaite
- Prix
- Quelques détails stylistiques
- Ergonomie des fonctions
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