Peugeot et Opel : La croisée des chemins
Pour comprendre les enjeux, faisons une marche arrière à une époque pas si lointaine où
Opel appartenait au géant yankee,
General Motors. Les Américains, bien loin des demandes pointues des Européens laissaient tant bien que mal la gestion de la marque aux Teutons. Mais alors que la rigueur est un cheval de bataille bien allemand,
Opel semblait plutôt gouvernée par des Latins. Résultats ? Chaque année, GM devait éponger les dettes de sa filiale européenne. Mais voilà, la grande crise industrielle de 2008, mit un terme à cette fuite en avant. GM voulait se débarrasser promptement de ce fardeau européen.
Peugeot avait également touché du doigt la faillite, durant cette période. Mais grâce à un plan de sauvetage ambitieux et aux ressources financières de l’état ainsi qu’à une prise de participation au capital du Chinois
DongFeng et de GM, qui était quant à lui redevenu l’un des constructeurs automobiles les plus fructueux. À tel point que le cash disponible a permis à Carlos Tavarez et à la famille Peugeot d’acheter
Opel à GM pour une somme avoisinant le milliard d’euros. Une bouchée de pain, mais les dettes annuelles étaient toujours bien là.
Les ingénieurs de productions, les acheteurs de matières, les usines, les stylistes, les transporteurs, les équipementiers… tous se sont mis à travailler de concert pour enfin proposer de bons modèles, bien dans le coup. Le meilleur des exemples de cette coopération était jusqu’à présent l’
Opel Grandland X, qui a par ailleurs reçu le prix de «
SUV compact de référence 2018 » par
La Revue Automobile. Cerise sur le Strudel, les ventes montèrent dès lors en flèche et le retour des bénéfices est arrivé au bout de seulement 2 ans de travail, alors que le plan de sauvetage espérait un point zéro à la 4e année.
Aujourd’hui, nous voilà en compagnie de la dernière-née d’
Opel. La
6e génération de Corsa. Et cette citadine a une histoire un peu particulière. Car les ingénieurs allemands avaient déjà travaillé sur le remplacement de leur best-seller avant le rachat par Peugeot. Mais par manque de moyens et certainement d’ambitions, cette
nouvelle Corsa allemande fût retoquée par la maison mère française. PSA obligea les ingénieurs allemands à reprendre pour base technique la
nouvelle 208 et comme le temps manquait, ils devaient se contenter de modifications à la marge.
Autant vous le dire tout de go. Cette humiliation a été la meilleure chose qui leur soit arrivée depuis fort longtemps. Car cette nouvelle Corsa est tout simplement la meilleure citadine du moment. Comment cela est-il arrivé ?
Opel Corsa : le copié-collé de la 208 !
Les ingénieurs n’ont pas eu d’autre choix que de récupérer la dernière plateforme du groupe PSA, la CMP. Elle fait déjà le bonheur des conducteurs de DS 3 Crossback et bientôt de ceux de la
nouvelle Peugeot 2008. En réalité, cela va même plus loin. Pour des raisons de «
timing » et d’investissement,
cette nouvelle Corsa reprend tout de la Peugeot 208. C’est devenu une sorte de copié-collé de la Française.
Du châssis aux moteurs en passant par les trains roulants, tout vient des planches de dessin des concepteurs français. Les gens d’
Opel n’auront eu le droit qu’à quelques menus changements sur les réglages. Et c’est une bonne chose, car cette
Opel Corsa récupère les derniers moteurs Peugeot PureTech, BlueHDi et même électrique de PSA.
On retrouve donc sous le capot moteur 4 groupes motopropulseurs à essence. Ils sont tous à 3 cylindres de 1,2 litre avec une injection sophistiquée. Le premier d’entre eux se contente de 75 canassons. Bien évidemment, cette
Corsa en offre bien plus avec ce même moteur équipé d’un turbocompresseur. Ici, le PureTech fait grimper sa cavalerie à 100 et même 130 chevaux.
Question boîte de vitesses, les deux versions à turbo peuvent recevoir une EAT8. Vous êtes en déplacement constamment. Alors, il vous faudra vous pencher sur la BlueHDi. Son turbo diesel propose 100 chevaux et les émissions de CO2 les plus basses avec 85 grammes (NEDC). Enfin, tout comme la 208, cette
Corsa est proposée en version 100 % électrique. Sa batterie au Li-ion de 50 kWh fournit le jus nécessaire au moteur pour contenir 136 chevaux.
La
Corsa reprend également la nouvelle gamme de systèmes d’infodivertissement de PSA. Cela comprend le Multimedia Radio, le Multimedia Navi avec écran tactile couleur de 7,0 pouces et le sommet de gamme, le Navi Pro avec écran tactile couleur de 10,0 pouces.
Pour les ADAS, c’est la même chose. Tout provient de
PSA et pour être plus précis de la
nouvelle 508. La
Corsa est donc une citadine semi-autonome de niveau II qui intègre le régulateur de vitesse adaptatif, le maintien au milieu de la voie, l’alerte de présence dans l’angle mort, le Park Pilot, l’assistant aux panneaux de circulation, etc.
En quoi la Corsa est meilleure que la 208 ?
C’est n’est certainement pas l’espace à bord. On est sur le même espace à vivre qui est suffisant. Mais quelques centimètres de plus ici et là auraient été clairement bien accueillis par les passagers ayant mangé beaucoup de soupe comme notre Étienne qui se rapproche du double mètre.
Sur la route, on retrouve de suite le toucher particulier qui a fait la réputation des…
Peugeot. Et j’irai même plus loin… cette
Corsa est tout simplement bluffante ! Précise et très incisive, la direction permet de placer le châssis au centimètre près à chaque virage. Levez le pied en courbe et les réactions se feront saines, jamais dangereuses, mais toujours plaisantes !
Quelques souvenirs de mon essai de la
nouvelle 208 me reviennent en mémoire, avec ce train avant fabuleux, d’un mordant incroyable et il me semble qu’elle offre un chouïa plus de mordant, cette
Corsa. Et la bonne nouvelle, c’est que le confort est toujours garanti. Il faut dire que l’amortissement travaille avec un certain talent et semble même un brin plus permissif que celui de la
Peugeot.
Question lumière, la
Corsa dévoile le savoir-faire de la marque. Il est possible d’opter, pour la première fois dans une citadine de grande série, pour les phares matriciels adaptatifs anti-éblouissement IntelliLux LED. Pour être « clair », les caméras scrutent l’environnement pour enclencher les pleins phares et si l’
Opel croise un autre véhicule, le système adapte le faisceau lumineux pour créer une sorte de trou noir tout autour de celui-ci. Les LED évitent l’éblouissement, tout en éclairant le reste de la route.
La belle surprise…, c’est le style ! Personnellement, je trouve le dessin de cette
nouvelle Corsa bien plus réussi que celui de la
nouvelle 208. Ce n’est pas que la Peugeot est disgracieuse. Bien au contraire ! Mais sa face avant est vraiment torturée et est par conséquent très clivante. Et puis les passages de roue en plastique pour lui donner un air de SUV, c’est vraiment too much. Les stylistes Opel ont su construire un savant mélange d’élégance des lignes et de sportivité. La
Corsa, elle plaît à tout le monde sans pour autant renier son affiliation de marque. Une belle prouesse de designer !
Enfin, et cela compte triple, la
gamme tarifaire de l’Opel Corsa est largement plus accessible que celle de la Peugeot. Tenez-vous bien. La nouvelle 208 est en moyenne vendue entre 800 et 1 500 € de plus que sa fausse jumelle Corsa. Et cela malgré des prestations et équipements globalement identiques.