24 heures du mans on se met en ordre de marche

Par tradition, on parle de la grande semaine du Mans quand on évoque les 24 heures auto. Il faut dire que cette tradition, on la cultive avec un soin tout particulier pour que la course soit toujours la plus importante au monde. Les 24 heures se nourrissent de la légende, cultivent la tradition et anticipent le futur. Tout cela conduit tous les acteurs: équipes, pilotes, organisateurs, commissaires de piste... à enchaîner un certain nombre d'opérations ayant débuté dès dimanche, par les vérifications administratives et techniques et qui se sont poursuivies lundi, au c?ìur même de la cité, Place de la République.
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Mardi, outre les photos officielles et les séances de dédicaces, les pilotes et le managers ont eu droit au briefing, toujours très important pour préciser les règles et procédures de sécurité. Et puis, c'est mercredi que les affaires ont repris en piste avec les essais libres et la première séance d'essais qualificatifs. Nous étions présents pour jauger un peu les forces en présence et rencontrer divers compétiteurs.

On s'organise pour la  course

Auparavant un petit tour dans le paddock permet de mesurer également l'importance des moyens déployés tant en termes de communication qu'en matériels ayant trait directement à la course.

Les oriflammes, les toilées décorées, les barnums aux couleurs des diverses écuries engagées rivalisent de teintes vives avec un ciel sarthois qui hésite à passer au bleu.

Les escouades de mécaniciens portant fièrement la tenue du team arrivent en rangs serrés. On reconnait la discipline germanique chez Audi, mais les japonais de chez Toyota n'ont pas grand chose à leur envier question organisation, ni du côté de l'uniforme! Chez Porsche, on ne peut apercevoir que les coursives des stands sévèrement gardées par des  agents de sécurité plus que vigilants et fort dissuasifs pour quiconque s'aviserait à vouloir jeter un œil vers ce que l'on considère comme secret défense, au minimum . 

En attendant chacun s'organise. On voit arriver dans les stands des sèche-linge, des mini- frigo, des boissons, mais aussi des jantes encore emballées, des jantes montées, des sous ensembles de châssis, des boîtes de vitesses, des pinces de freins... Rassurez-vous les voitures sont bien prêtes. Elles bénéficient des dernières attentions de leurs mécaniciens, qui les bichonnent et vérifient encore et toujours le dernier détail. On fait même tourner les moteurs, comme celui de  Ferrari N°58, ce qui a pour effet immédiat de chasser Fabien Barthez ( se bouchant les oreilles), qui arrivait pour saluer l'équipe Sofrev pour laquelle il court en compagnie de Soheil Ayari et Anthony Pons.

Les pilotes sont en général protégés eux aussi des diverses sollicitations retranchés dans leurs bunkers eux aussi placé sous bonne garde. Dans la quasi totalité des teams les préparateurs physiques, les coaches, les kinés sont à leur disposition car les choses sérieuses vont commencer avec une séance d'essais libres  de 16 à 20 heures puis une séance de qualification de 22 heures à minuit, à un moment où les moteurs respirent le mieux.

La pause de midi attire un ballet de camionnettes de traiteurs venus livrer les diverses loges où les mondanités mancelles ne font que commencer. La course du Mans comporte également autant de réceptions privées que de conférences de Presse et pour certains peoples l'épreuve est décidément un vrai parcours ...d'endurance.

Les allées du paddock s'animent  avec les quads porteurs de pneus, les scooters de liaison entre les hospitalités et les stands, les mécaniciens qui vont prendre leur place et les photographes professionnels en partance en navette, à vélo, à pied pour ne pas rater les premiers tours de roues du début de la vraie course.

Toyota favori ?

Au détour de ce branle bas de combat nous croisons Hugues De Chaunac le patron d'Oreca  doublement engagé dans ces 24 heures. En effet en tant que team manager il assure la partie exploitation du team Toyota et en tan t que constructeur il va voir évoluer 8 voitures de sa marque engagées par des teams privés en catégorie LMP2.

Alors Hugues combien de 24 heures ? Dans quel état d'esprit les abordes-tu  aujourd'hui?

Je crois que c'est la 21ème édition. C'est toujours dans le même état d'esprit. d'abord il faut de la sérénité pour aborder une course comme celle là. Cette année nous supportons une pression supplémentaire parce que Toyota est un des favoris de cette course. Il y a une bonne chance de pouvoir remporter cette course donc nous sommes impatients d'être au départ.

Avec Toyota quelle est ta fonction?

Je suis en charge de la partie exploitation des voitures et stratégie pendant la course. Nous avons  des mécaniciens, ingénieurs et David Floury l'adjoint de Pascal VASSELON pour diriger toute la stratégie.

Si tu changes de casquette quel est ton challenge purement Oreca?

Oui il y a un vrai challenge en LMP2 nous avons 8 voitures et en LMP1 nous avons aussi les deux Rebellion. Alors avec 10 voitures Oreca au départ, près de 20% du plateau, c'est une belle responsabilité et surtout une belle présentation de ce que l'on sait faire.

A propos des Rebellion lors de la journée test, elles ne sont pas apparues en grande forme, as-tu une explication à cela? 

Je pense que les Rebellion sont dans un règlement technique où l'équilibre n'est pas encore trouvé par rapport aux autres LPM1 hybrides. L'ACO a pris des décisions qui vont dans le bon sens. Les Rebellion auront 40 kilos de moins. Ceci devrait permettre aux Rebellion de se rapprocher des voitures usine.

Alors en LMP2 comment vois-tu les choses pour tes couleurs ?

En LMP2 il faut espérer gagner, monter sur le podium, là ce n'est qu'au travers de nos clients.. mais nous avons de bons clients de bonnes équipes, alors ça se présente bien.

Et l'Alpine ?

L'équipe Alpine de Philippe Sinault fait clairement partie des favoris en LMP2, ça c'est certain. 

Une action philanthropique et des animations

Vendredi la parade des pilotes va transporter la fête au cœur de la ville. De cœur il en sera également question durant la course avec une opération Mécénat chirurgie cardiaque, que nous tenons à présenter. OAK racing et l'Automobile club de l'ouest associés ont lancé les 24 heures du coeur. La Ligier N° 33 du Team Oak racing Asia portera les couleurs de cette forme originale de sensibilisation. Les pilotes chinois seront aussi mobilisés avec une séance spécifique de dédicaces vendredi  entre 9h45 et 10h 30. Les spectateurs pourront aller pédaler pour l'association au restaurant La courbe, dans le village et pour faire des dons tout le monde peut appeler le 3620 et dire cœur. Dans le village et le paddock Paul Belmondo, Satya Oblet et Inès seront les ambassadeurs de cette opération philanthropique.

Les festivités débutées en ville se dérouleront en simultané sur le circuit, avec la découverte des stands et de la pit-lane. On s'acheminera, sans moteur, vers la grande  date du 14 juin. Dès 9 heures  et pour 45 minutes, les concurrents des 24 heures  effectueront leur warm-up, avant de laisser la place à une course des anciens protos  groupe C, puis à une manche de la Porsche Carrera Cup.

Le grand frisson devrait faire frémir une foule considérable de spectateurs, le beau temps semble attendu et l'empoignade sera grandiose, on vous l'assure.

Des essais amputés

Les essais libres n'ont pas été une promenade de santé pour le team Audi qui perdait sa N° 1 dans un gros crash un peu après 17 heures. Après presqu'une heure d'interruption, toutes les équipes s'empressaient alors de boucler leur programme avec, par exemple chez Alpine, un entrainement à procéder à tous les changements qui pourraient être nécessaires. Nous avons constaté que les interventions pour remplacer un  capot, par exemple, n'était pas une sinécure. 

Sur la Porsche N° 76 Imsa-Performance Matmut, le manager nous indiquait ne pas se soucier des temps en qualifications, mais  mettre à profit tous les moments passés en piste pour accorder les réglages de l'auto avec la piste et aussi en accord avec les perceptions et sensations des trois pilotes. Avec un oeil plein de malice il souhaitait une meilleure performance que l'an dernier ( victoire en catégorie GT).

Tout le monde vous dira se moquer un peu des temps et que la course c'est d'abord 24 heures. Pourtant, toutes les écuries tentent bien de rassurer avec des temps  meilleurs que ceux de la concurrence et espionnent les adversaires pour déceler le pilote maillon faible contre lequel il sera possible d'envoyer en piste le véloce de l'équipe pour faire la différence. Alors ces essais, certes obligatoires pour être qualificatifs, sont les indicateurs pour l'élaboration des stratégies de course qui nous échappent, tout en étant bien réelles et fondamentales. Comme nous le confirme Batti Pregliasco, manager chez AF  Corse Ferrari, les essais permettent  quand même le jeu des autres. Ainsi les Aston Martin qui semblaient un peu loin claquent d'entrée un temps respectable qui les place devant. On sait mieux à quoi s'en tenir.

De même Porsche, qui avait semblé marquer un peu le pas par rapport aux Toyota et Audi a semble-t-il eu envie de marquer les esprits en attaquant fort d'entrée de jeu les qualifications, en collant deux secondes à la meilleure Toyota. 

En tout cas,  quelque soient les temps de ce mercredi ou de demain, il est certain que la course sera à l'aulne de la jolie formule avancée par Porsche. Le vainqueur démontrera par sa maitrise de l'hybridation qu'il a su trouver la meilleure énergie motrice qui soit et l'on attend de voir si Toyota s'affirmera en ce domaine avec la même autorité que sur les voitures de tourisme.

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