A chaque année, j’apprends à mieux m’organiser sur un évènement aussi costaud que celui des 24h du Mans (je dis ça uniquement parce que je n’ai pas encore couvert les 24h de SPA ou du Nurburing).
Cette fois-ci, je serais présent dès les 1ers essais afin d’accumuler assez de matière et moins stresser le jour J. Je prends également la décision de me concentrer avant tout sur la catégorie reine des Hypercars mais avec quelques exceptions côté GT3, comme avec la Porsche des Iron Dames, équipage 100% féminin qui démontre qu’il est possible de faire de la compétition, un environnement mixte.
Accréditation en poche, les essais sont également ma 1ère incursion dans les paddocks ayant mis la main à la poche pour m’acheter une combinaison ignifuge ainsi qu’un casque, obligatoires pour pouvoir y prétendre sur le créneau d’1h30 réservé.
Si l’ambiance reste globalement détendue dans les paddocks, un avant-goût de la course s’y faire sentir avec un balai s’opérant dans les garages des équipages. En y mettant pour la 1ère fois les pieds, c’est un monde presque interdit qui s’ouvre à moi avec un énorme rappel à l’ordre marqué au fer rouge sur ma tête : ne rien faire capoter.
Car mine de rien, vous n’êtes pas le seul photographe et à 3-4 rassemblés au même endroit, cela peut devenir pénalisant pour une équipe / un garage. Il faut donc observer dans un 1er temps le balai incessant des mécaniciens qui changent les pneus en un clignement d’yeux, nettoie les pare-brise tapissés de moucherons ou encore effectuant un ravitaillement de carburant.
Une fois compris, il suffit de rester attentif aux véhicules qui rentrent dans les paddocks pour shooter mais mine de rien, le temps file très vite après avoir effectué d’incessant vas-et-viens pour tout couvrir. Coup de chance pour moi, un second créneau se libère sur la dernière partie terminant vers minuit, ce qui signifie : être dans les paddocks, la nuit, au Mans.
Le balai reste inchangé mais l’ambiance évolue avec les lumières artificielles prenant le relais, conférant un aspect magique à certains clichés. Cela donne en tout cas un avant goût de la course qui vous le verrez est littéralement éprouvante pour tout le monde.
Le Jour J où l’ambiance monte crescendo à mesure que le compte à rebours avant le départ n’arrive à échéance. Pour les photos il vaut mieux se préserver, réaliser quelques clichés au niveau de la ligne de départ ou de Tertre Rouge histoire de se peaufiner ses angles et réglages avec la météo du jour.
Bien évidemment, LE moment à ne pas manquer est le départ. Mais faute de pouvoir se démultiplier, il faut choisir l’endroit à couvrir car plusieurs longues minutes séparent la ligne de départ des 1ers virages visuellement intéressant. De facto, vous avez le choix entre la ligne droite avec ses tribunes et show, le 1er virage, l’arrière du Dunlop ou encore Tertre Rouge.
Cette année, je décide de renouveler le 1er virage car visuellement très intéressant : vous cumulez les tribunes avec le virage apportant un peu de dynamisme à la photo, jugez par vous-même. Passée la première heure à shooter dans la zone, vous pourrez prendre un bain de foule et vous inspirer de l’ambiance qui règne au village comme le long de la piste, avec le public.
Mais pour mieux apprécier cette course, il faut reste mobile et s’aider des navettes mises à disposition des médias et permettant de se rendre à différents points : en soi, c’est une première pour moi et je pars ainsi à l’assaut de la chicane Michelin.
Difficile d’être plus près afin des respecter les conditions de sécurités données par les marshalls et il faudra shooter avec un gros téléobjectif (200-600 mm pour ceux que cela intéresse) afin d’obtenir quelque chose visuellement intéressant.
Mais le temps file, la lumière aussi et je choisis d’aller explorer (toujours via les navettes), le virage de Mulsanne. Intéressant pour le public et les vidéastes, c’est un endroit plus complexe à appréhender pour la photo où il faut opter pour un grand angle, la vitesse et la trajectoire étant plus difficile à capturer.
S’en suivra la Courbe du golf pour un constant identique tandis que le virage d’Indianapolis s’annonce bien plus excitant. Sortant de la longue ligne droite à pleine balle, les pilotes doivent alors écraser la pédale de frein afin d’aborder le virage sans risquer de finir hors de la piste.
C’est aussi là qu’il est possible moyennement 30 min de marche, de remonter dans la forêt cette ligne droite et y observer une ambiance avec pour seuls spectateurs les arbres, photographes et marshalls présents le long de la piste.
Passé minuit, il ne reste que les braves (les vrais) dans les tribunes, les fêtards dans les hospitalités constructeurs et surtout les photographes endurcis qui continuent d’arpenter la piste. Le spectacle des voitures déboulant dans l’obscurité est hypnotisant tout comme le ballet des disques de freins qui chauffent et apparaissent comme par magie.
Pour les amateurs de filés et long poses photos, c’est le moment à privilégier. Mais afin de rester un tant soit peu efficace le lendemain, il fallu me résigner à aller dormir quelques heures dans la voiture. Le temps que l’adrénaline cesse son effet, la fatigue prend immédiatement le relais.
Cette matinée, c’est le moment à passer dans les paddocks, après une nuit rude pour tout le monde. Il suffit de voir le nombre de mécaniciens exténués et / ou luttant contre la fatigue et l’envie irrépressible de fermer les yeux ne serait-ce qu’un instant. On reprend alors les réflexes intégrés précédemment : attendre l’arrivée d’une voiture, trouver son angle en quelques secondes et shooter avant de se mettre en sécurité lors de son redémarrage.
Bien mais peut mieux faire, je persiste alors tout en évitant de gêner jusqu’à ce que j’aperçoive la Porsche GT3 des Iron Dames rentrant dans son paddocks pour inspection avant de profondes réparations. La lumière toujours douce, continue de baigner progressivement les paddocks donnant un côté féérique à ce ballet de mécaniciens.
La tension est peu palpable pour le moment, le plus dur étant fait pour les équipes et ce sont surtout les derniers arrêts aux stands qui seront cruciaux. Je dois ensuite partir pour une expérience inoubliable à savoir un baptême dans le dirigeable GoodYear qui revient sur le devant de la scène (je vous remets la news à ce sujet) et autant dire que cela valait la peine de s’éclipser de la piste pour mieux l’apprécier des cieux, jugez par vous même!
Après plusieurs jours passés à marcher, shooter et très peu se reposer, la fatigue se fait grandement ressentir. Là où votre organisme se shoote à l’adrénaline car obnubilé par tout ce qu’il se passe, il y aura au bout une chute d’énergie qui arrivera fatalement.
Et c’est précisément ce qui s’est passé 1h avant l’arrivée du futur vainqueur. Faute de chasuble adapté pour aller dans le paddocks, je choisis de me poster au début de la ligne droite afin d’avoir une composition en 3/4 arrière avec vue sur le 1er virage mais le temps me parait alors éternel avec une envie irrépressible de fermer les yeux.
Après avoir bougé sur place pour rester alerte, c’est donc la Ferrari - non officielle - numéro 83 (dans la catégorie reine) qui franchit la ligne d’arrivée et constitue une belle prouesse pour la marque, à savoir aligner une 3ème victoire consécutive avec une autre voiture!
Reste à savoir qu’elle dame le pion à la Porsche numéro 6 de peu (seulement 14s d’écart) et au final, un top 3 qui tient en moins de 30 secondes! La victoire revient également à l’Oreca numéro 43 en catégorie LMP2 et la Porsche 911 GT3 numéro 92 dans la catégorie LMGT3.
Classement des 24 Heures du Mans 2025 :
Hypercar
LMP2
LMGT3
2025 8500 km Automatique Diesel
2025 10000 km Automatique Diesel