En 2009, Citroën se lance sur le marché du premium avec la marque DS. Abréviation pour Distinctive Series, la nouvelle branche du constructeur est une formule qui, au regard des résultats d'exercices, fonctionne à plein régime. Une santé insolente qui a poussé beaucoup d'autres fabricants, comme Ford, à franchir le pas. À défaut de pouvoir proposer des Lincoln (division luxe du géant américain) sur le Vieux Continent, la marque à l'ovale bleu fait naître le badge Vignale.
La Ford Mondeo sur son trente-et-un :
Propriété de Ford, la carrosserie italienne Vignale a donné son nom aux Ford haut de gamme. À l'image de DS avec Citroën, le constructeur est allé chercher un patronyme chargé d'histoire, synonyme de raffinement et de haute couture automobile. Mais a contrario de la marque française et du carrossier turinois, le programme Vignale ne s'applique qu'à des modèles déjà existants. Un sérieux dérapage qui risque de froisser les plus fins connaisseurs d'automobiles de prestige.
Car la Ford Mondeo Vignale ne se distingue guère du reste de la gamme conventionnelle, niveaux de finition Titanium compris. À l'extérieur, la berline reçoit une nouvelle calandre nid d'abeille, de nouveaux antibrouillards cerclés de chrome, des optiques Ford Dynamic LED et deux sorties d'échappement chromées. À noter aussi la présence de jantes spécifiques, d'un jonc chromé sur les flancs et de teintes exclusives, réalisées avec plusieurs couches de vernis.
Dans l'habitacle, le traitement est un peu plus poussé pour répondre aux exigences du segment. L'intégralité de la planche de bord, les contre-portes et les sièges se recouvrent de cuir Windsor, plus doux au toucher. C'est bien tenté, d'autant que le travail effectué en matière d'insonorisation devrait permettre de profiter pleinement de cet habitacle, mais la Mondeo Vignale affiche encore quelques pingreries, comme certains plastiques, qui font tache dans un cocon à vocation luxueuse. Le constructeur nous promet aussi que la Mondeo Vignale fait l'objet de cent points de contrôle supplémentaires et d'une finition à la main en bout de chaîne de montage. L'histoire ne nous dit pas s'il s'agit d'un véritable travail sur-mesure ou plutôt de la pose manuelle du seuil de porte Vignale.
Un confort d'utilisation rehaussé :
Lors de cette approche de la Ford Mondeo Vignale, nous avons pris les commandes de gaz du nouveau bloc TDCi 210. Cubant 2,0 litres de cylindrée et gavé par deux turbos, le moteur sans bougie développe 210 ch et 450 Nm de couple. Située en haut du tableau dans la gamme de motorisation diesel, la mécanique est uniquement accouplée à la boîte Powershift à double embrayage et six rapports.
Avec une telle cavalerie produite par la technologie biturbo, la Ford Mondeo TDCi 210 est idéale pour les pères de famille qui souhaitent disposer d'une mécanique volontaire sans sacrifier le confort des passagers. La boîte, plutôt réactive, permet des reprises honorables quand on est un peu plus pressé que la moyenne. Hélas, le caractère est bien trop muselé par la masse de la Ford Mondeo, qui avoue 1 619 kg à vide. Une tare qui affecte directement les consommations de la chaudière : donnée pour un appétit mixte de 5,2 l/100km, nous avons relevé une valeur proche des 10 l/100 km ! Une fausse note bien rattrapée par les émissions de CO2 fixées à 130 g/km, sous le seuil du premier niveau de malus écologique.
Hormis ces quelques reproches, la Ford Mondeo Vignale ne perd en rien ses qualités innées, à commencer par celles du châssis ainsi que la tenue de route qui en découle. Très bien suspendue, la familiale de Ford affiche de bonnes prestations au chapitre dynamique. La suspension s'avère toutefois toujours aussi ferme à faible allure ou sur les chaussées défoncées, et les jantes de 19 pouces de la Vignale n'aident pas à rehausser le confort. Cette nouvelle version de la Mondeo s'équipe en outre de l'Active Noise Reduction qui, en se basant sur la technologie des casques antibruit, envoie des sons à travers les enceintes pour contrer les bruits de roulement ou de la mécanique. Des vitres latérales feuilletées permettent également de limiter le niveau sonore dans l'habitacle. Dans les faits, la Ford Mondeo Vignale est plus silencieuse que les autres versions, mais on est loin d'atteindre le silence décrit par ses géniteurs. Une qualité que l'on doit toutefois mieux savourer dans la déclinaison hybride.
L'enfer est pavé de bonnes intentions :
En apposant la griffe Vignale sur la Mondeo, Ford tente une percée dans le segment premium. C'est un fait, on apprécie l'audace du constructeur, les diverses attentions apportées à la carrosserie, qui reçoit quelques retouches distinctives, et l'habitacle qui se met sur son trente-et-un. De plus, le constructeur promet un service client exclusif avec une conciergerie, un interlocuteur dédié, à tout moment, pour répondre aux questions du client et un espace Vignale particulier dans tous les prochains Ford Store. Tout cela est très intéressant, sur le papier, mais la Ford Mondeo Vignale manque d'arguments pour justifier son surcoût.
Par rapport à la version Titanium sur laquelle elle est basée, la Vignale réclame un supplément de 6 900 €. Même si elle reçoit en série certains équipements optionnels de la Titanium et quelques attirails spécifiques, la Mondeo Vignale affiche une rallonge tarifaire qui pourrait freiner la clientèle. Non pas que les 40 400 € demandés par la berline (+ 1 000 € pour le break) TDCi 180 soient particulièrement prohibitifs, mais à ce tarif-là, certaines concurrentes offrent de meilleures prestations ou une image de marque premium plus gratifiante. Et le service client, qui ne fait que copier les plus prestigieux, n'arrive pas non plus à convaincre suffisamment. Si le badge Vignale peut paraître une hérésie, positionner cette série au rang de premium l’est tout autant.
Au chapitre commercial, Ford espère atteindre les 700 unités en année pleine et devrait ouvrir cinquante Ford Store d'ici l'année prochaine. En revanche, là encore, le constructeur devrait revoir sa campagne de communication pour séduire les acheteurs potentiels.
Note : 14/20
Bien vu :
- Le comportement routier
- Le silence de fonctionnement
- L'audace du constructeur d'investir le segment premium
À revoir :
- Le prix
- Les consommations (2.0 l TDCi 210 ch)
- Les quelques détails de finition
- Le manque de singularité du modèle
2024 2624 km Automatique Diesel
2024 7000 km Manuelle Essence