Ioniq 5 N : La rage extérieure
Le programme de cet essai est, avouons-le, plutôt court. En tout cas, pas comme peuvent le laisser présager les photos que vous avez devant les yeux, car la
Ioniq 5 N ne combat pas dans la catégorie des berlines compactes. Avec ses
4,72 m de long, 1,94 m de large et 1,59 m de haut, la Ioniq 5 N se positionne (comme la version de grande série) dans la catégorie des
crossovers/
SUV familiaux. D’ailleurs, il convient de noter que cette variante "N" est 2 cm plus basse, mais également 8 cm plus longue et
5 cm plus large qu’une Ioniq 5 classique… Pourquoi ? Les ingénieurs Hyundai ont littéralement "lâché les chevaux" des stylistes. Ils ont littéralement transformé la Ioniq 5 en bête de course qui dévoile ses ambitions avec un bouclier avant massif, des bas de caisse torturés, et une poupe transfigurée avec ses larges diffuseurs et ses ailerons. Bref… ça en jette ! Et ce n’est pas du tout "kéké". Une prouesse qui s’accommode bien du plus gros du boulot réalisé par les ingénieurs sud-coréens.
Pas de fioriture, le châssis est rigidifié via 42 soudures et 2,1 m de matériau adhésif supplémentaires. Il est ainsi prêt à relever le défi et encaisser la cavalerie d’un moteur avant développant 238 ch pour 370 Nm, associé à un autre sur le train arrière de 412 ch pour 400 Nm de couple. La cavalerie totale est ainsi annoncée pour
610 ch et 740 Nm. C’est même 650 ch et 770 Nm de couple avec le bouton N Grin Boost enfoncé !
La fiche technique de cette
Hyundai Ioniq 5 N est délirante… Tenez-vous bien, puisqu’elle pulvérise le 0 à 100 km/h en seulement 3,4 secondes, alors que sa vitesse max est limitée à 260 km/h. C’est un véritable boulet de canon tirant ses électrons d'une batterie de 84 kWh lui permettant de revendiquer jusqu’à 448 km d’autonomie. Comme les autres
Hyundai Ioniq 5, la N repose sur une architecture 800 V capable d’encaisser jusqu’à 250 kW de recharge. Le 10 à 80 % demande 18 min sur une borne capable de lui transmettre cette puissance.
Ioniq 5 N : La paix intérieure…
Une fois dans l’habitacle, les modifications sont moins délirantes bien que profondes. D’une part, cette
Ioniq 5 N laisse de côté la planche de bord en plastique "
girly" au profit de matériaux plus sombres qui s’accommodent parfaitement aux sièges baquets flanqués de logos illuminés. D’ailleurs, leur maintien est absolument irréprochable et ils compensent sensiblement les poutres d’acier qui servent d’amortisseurs. Le centre névralgique d’une sportive est évidemment le volant. Celui-ci est spécifique. Sa jante est épaisse juste comme il faut, mais la multitude de boutons peut faire peur. Pour le reste, on est pratiquement sur du copier/coller vis-à-vis des autres versions du
SUV électrique. La présentation est donc sobre et réalisée dans un mélange de plastiques de bonne facture, qu’ils soient moussés ou durs. En bonne voiture moderne, cette
N dispose d’un double écran digital de 12,3 pouces. L’un se loge derrière le volant et sert de compteur digital, paramétrable à son goût. L’autre, au centre du tableau de bord, est tactile et pilote le multimédia. Bien qu’il soit réactif, sa prise en main est complexe, voire inappropriée. Il faut, par exemple, un nombre incalculable de clics sur des menus et sous-menus pour enfin pouvoir désactiver la pénible assistance de maintien dans la voie et l’avertisseur de sur-vitesse. On est loin de ce que propose Renault avec son
nouveau Scenic, qui a introduit un "
double clic" sur le côté pour conserver/désactiver les aides de son choix. On regrette également la petite taille de certains boutons, comme celui permettant de revenir en arrière et à l’écran d’accueil. Bien heureusement, Hyundai a également conservé des commandes de climatisation physiques et séparées. Très pratique, Android Auto et Apple CarPlay peuvent être répliqués sans fil.
Ce qui n’a pas changé non plus sur cette
Ioniq 5 N, c’est son espace à vivre. Avec un empattement de 3 m ainsi que la présence d’une banquette coulissante à l’arrière, les passagers ont vraiment de la place. La soute à bagages peut encaisser de 527 à 1 600 litres d’objets en tout genre. Mais la mauvaise nouvelle, c’est la disparition des espaces situés sous le plancher ainsi que sous le capot. Ils ont laissé leur place pour intégrer des haut-parleurs. Ils permettent de faire rugir ses moteurs électriques… En effet, la Ioniq 5 N peut simuler le grondement d’un V6, voire d’un V8 ainsi que deux autres sons plus "
spatiaux".
Ioniq 5 N : Le plaisir sans faille !
C’est donc la
division N, le département sportif de Hyundai, qui a mis les petits plats dans les grands pour nous concevoir une
Ioniq 5 d’un niveau technologique hors du commun. La preuve, cette N est bardée de nombreuses fonctionnalités et modes spécifiques comme : N Race, N Grin Boost, N Brake Regen, N Drift Optimizer, N Torque Distribution, N Pedal, N Road Sense, N Launch Control, N Battery Preconditioning, N e-shift, et enfin N Active Sound +. Avec autant de "bidules" N, on pourrait aisément croire que les ingénieurs en ont fait trop. Eh bien non ! C’est impressionnant comment chaque "machin chose" N fonctionne à merveille. Cerise sur le capot, aucune de ces fonctions n’est jamais caricaturale, pas même sa fausse sonorité ou ses passages de rapports simulés. C’est même le contraire. Ces deux systèmes sont les initiateurs de faux rires à bord. Ils font plus que participer au charme et à la facilité de prise en main de l’engin. Ils ouvrent les chakras du pilote qui se cache en vous en simulant à la perfection les vocalises d’un V6 avec les changements de rapports qui vous secouent, les pétarades à la décélération, les talons-pointe pour éviter les blocages, et ils vous laissent même en rade si vous arrivez au bout de la zone rouge. Plus énorme encore, ils simulent tellement bien que, si vous êtes en sous-régime, rappelons que c’est factice puisque c’est un moteur électrique, il va se mettre à "brouter". C’est juste génial !
Comme un bon plat coréen, il y a un deuxième effet Kiss Cool. Si elle donne le sourire à chaque instant, elle semble créer un trou béant dans l’espace-temps. J’ai rarement autant bombardé à cette allure sur circuit totalement détrempé. Elle rivalise sans vergogne avec les intouchables :
Audi RS4,
Mercedes C 63 AMG ou encore
BMW M4. C’est dire à quel point le boulot que Hyundai a abattu avec sa
Ioniq 5 N est impressionnant. Finalement, l’unique petit raté de la
Hyundai Ioniq 5 semble être son mode
N Drift Optimizer qui, au lieu de rendre la glisse plus accessible, la rend plus aléatoire et confuse. Mais c’est bien la seule chose dont le ressenti n’est pas naturel et c’est une véritable prouesse technique, lorsque l’on pense à sa masse. Avec 2,2 tonnes sur la balance, cette
Ioniq 5 N n’est pas une ballerine ordinaire. Il lui faut donc des chaussons spécifiques et un freinage à la hauteur. Ici le pilote peut compter sur des disques de 400 mm et des étriers 4 pistons à l’avant, et de disques de 360 mm à l’arrière qui résistèrent aux séances sans broncher.
Hyundai Ioniq 5 N : Il se réjouit !
Pleine de qualités, pleine de puissance, et avec des rivales de renom comme les
Audi e-Tron GT,
Porsche Taycan Turbo en électrique ou des monstres à essence comme les
BMW M4 et autres Mercedes C 63 AMG, je m'attendais à un bon de commande à 6 chiffres… Eh bien pas du tout. Le
prix de la
Hyundai Ioniq 5 N débute à 78.000€. Ce n’est pas la voiture du peuple, certes ! Mais c’est loin, très loin de ses concurrentes qui réclament plus du double, alors que l’on parle d’un niveau de performance équivalent.