Essayer un imposant coupé 5 portes (4,70 m de long) fort de 450 ch grâce à la paire de turbo accolés à son V6 sur un circuit ou une Autobahn allemande, cela ressemblerait à du déjà-vu. Eh bien, nous, pour mettre à l’épreuve la nouvelle sportive siglée Audi, nous avons préféré les routes de l’ouest de l’Irlande, à peine plus larges que notre monture du jour et, surtout, sur lesquelles on circule à gauche. Ça, c’est du sport.
Contrairement à BMW, dont la variante M4 est réservée aux coupé et cabriolet, Audi a décidé d’offrir une version RS à la déclinaison 5 portes de l’A5. Bonne pioche tant les lignes de cette pseudo-familiale font quasiment l’unanimité. Mais alors que la S5 se distingue à peine des finitions S-Line, la RS, elle, n’hésite pas à en mettre plein la vue. Les boucliers, notamment, sont spécifiques. Celui de l’avant est très largement ajouré et ne craint pas d’arborer le logo Quattro sur le pourtour inférieur de la calandre. Quant au postérieur, il se voit orné d’une paire de sorties d’échappement grosses comme le poing. Un aileron posé sur le hayon et des ailes élargies complètent la panoplie RS. Si cela vous semble encore trop discret, ne craignez pas d’y ajouter, comme c’était le cas pour notre modèle d’essai, la teinte rouge Misano nacré (1 060 €) et le pack Esthétique Carbone et Noir Brillant (5 500 €). Effet garanti.
Ce look provocateur trouve sa justification sous le capot. Si les aficionados du nombre de « gamelles » regrettent toujours le V8 des premières RS 5, le V6 2.9 dont profite l’actuelle n’a pourtant rien à lui envier, si ce n’est une sonorité un tout petit peu moins magique. Avec ses 450 ch et ses 600 Nm de couple, ces derniers étant disponibles en permanence de 1 900 à 5 000 tr/min, ce bloc enchante dès les premiers tours de roue. La course évolutive de l’accélérateur permet de progresser tout en douceur dans la circulation urbaine, tandis que la boîte Tiptronic égraine ses 8 rapports sans à-coups. L’Audi Drive Select, qui agit sur la suspension, la direction et la réponse moteur, réglé sur le mode Comfort permet même de préserver les vertèbres. La RS 5 Sportback n’est certes pas aussi douillette qu’une A6, mais la trouver inconfortable dans ces conditions serait franchement exagéré. Bien calé dans les sièges baquets habillés de cuir et d’alcantara (100 % cuir contre 1 050 €), on profite alors de la présentation très soignée, malgré la présence de quelques plastiques pas tout à fait à leur place dans une auto de ce standing, mais qui ne se distingue pas suffisamment de celle d’une « bête » A4 TDI. Ce renvoi à la familiale de la marque aux anneaux nous rappelle tout de même que cette sportive reste capable d’embarquer conjoint, enfants et bagages grâce aux places arrière plutôt généreuses et aux 465 l de coffre.
Rapidement, notre itinéraire nous mène sur des axes en 2x2 voies au bitume impeccable. De quoi confirmer nos premières impressions en matière de confort, y compris sonore, et de commencer à tâter des premières possibilités de la bête lorsqu’il s’agit d’exécuter un dépassement. Cette aptitude nous sera confirmée dès le lendemain alors que nous nous attaquons aux routes du comté d’Ennis. Ici, l’expression ligne droite semble avoir été presque totalement bannie. Aussi, lorsque l’une d’entre elles se profile, nous ne manquons pas, après avoir basculé l’Audi Drive Select en mode Auto, de solliciter l’imposante cavalerie afin de dépasser prestement les voitures de location qui véhiculent les touristes, nombreux en cette période, à des allures sénatoriales. Il est vrai qu’eux sont surtout venus pour profiter des paysages majestueux de cette région. Contrairement à celui des grands axes, le bitume de ces routes de campagne est beaucoup moins lisse. Un peu comme si les services locaux chargés de les construire n’avaient pas pris le temps de terrasser le sol avant de couler le goudron par-dessus. Le terrain parfait pour constater que la tenue de cap reste imperturbable. C’est moins le cas si l’on se risque à utiliser le mode Dynamic qui permet de doser avec beaucoup moins d’aisance l’arrivée de la puissance. Idéal, sans aucun doute, sur une bonne vieille autoroute allemande, mais potentiellement piégeux sur nos routes du jour. Parmi les surprises que réservent les routes irlandaises, il y a le troupeau de moutons savamment disposé en sortie de courbe. Une spécialité locale qui nous aura permis de tester, à maintes reprises, l’infaillible efficacité du freinage. Précisons tout de même que nous disposions de l’option freins carbone/céramique à 7 300 €.
Comme toutes les sportives Audi, la RS 5 Sportback fait naturellement appel à la transmission intégrale Quattro. Celle-ci donne une légère prépondérance à l’essieu arrière avec une répartition de la puissance 60/40. Cela permet à ce coupé 5 portes de conserver une certaine agilité malgré ses 1 840 kg à vide et de rester insensible aux conditions climatiques y compris lorsqu’il s’agit, comme nous l’avons rencontré lors de cet essai, de fortes rafales de vent latéral et de pluie diluviennes. Une météo qui incite à lever le pied et à tester les nombreux équipements présents à bord. Parmi ceux de notre monture, le Bang & Olufsen Premium Sound System avec son en 3D. Un dispositif facturé plutôt raisonnablement (1 030 €), mais dont le rendu manque de profondeur. Autant conserver cette somme pour l’une des nombreuses autres options présentes au catalogue et qui viendront grossir la facture de base, déjà fixée à 97 570 €. À titre d’information, une RS 5 Sportback telle que vous la découvrez sur nos photos exige plus de 130 000 €. Pour se faire pardonner, elle affiche un appétit mesuré rapporté au nombre d’équidés à nourrir, mais à condition de la mener en bon père de famille. Elle se contentera alors d’environ 10 l/100 km. En revanche, s’il vous prend l’envie de lui lâcher la bride, les 20 l/100 km et plus sont tout à fait à sa portée.
À condition d’avoir un compte en banque solidement garni, la RS 5 Sportback permet de s’offrir le mariage quasi parfait d’une familiale et d’une sportive. De la première, elle hérite d’un habitacle plutôt accueillant et d’un confort assez soigné, mais aussi d’un gabarit imposant, de la seconde, elle possède la mécanique rageuse et le châssis parfaitement calibré, tout autant qu’un appétit gargantuesque si on la titille trop. Autre atout de cette RS 5, un design fluide que ne peut se targuer de posséder son unique concurrente actuelle, la Mercedes-AMG C 63 S.
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