Essai Ford Focus Active Flexifuel : quand l’E85 devient le carburant d’hier

Évolutions en douceur

Faire évoluer un véhicule à mi-carrière n’est jamais un exercice aisé. Malgré la volonté d’insuffler une nouvelle dynamique esthétique comme technologique et mécanique, le budget alloué saura vous ramener sur terre très rapidement. Le constructeur à l’ovale a ainsi fait le choix de faire évoluer sagement le design extérieur de sa compacte emblématique.

Ainsi, les optiques s’adoucissent, au même titre que la calandre qui se voit apposer le logo, tandis que la partie inférieure du pare-chocs devient plus distinctive. La Focus reste ainsi reconnaissable, mais dispose dorénavant d’un style plus harmonieux.

À noter que le bouclier avant de cette version Active est spécifique et que les suspensions sont surélevées de 30 mm. À l’arrière, point d’évolution notable hormis le design intérieur des feux qui change tout en conservant la sortie d’échappement double. Il n’y a également aucun signe distinctif de cette version E85 excepté un badge sur le hayon.

À l’intérieur, les changements sont plus marqués, à commencer par un plus grand écran tactile de 13 pouces et l’adoption de compteurs digitaux. La position de conduite est toujours typée compacte (et non SUV) en étant basse et en profondeur : chacun y trouvera son compte avec les différents réglages de siège et aura ainsi la sensation d’être en pleine maîtrise de la conduite.

L’intérieur reste qualitatif pour cette gamme et bien agencé, avec des commandes de climatisation dédiées et situées sous ce grand écran tactile, tandis que le nouveau système SYNC 4, issu du Mustang Mach-E (avec infotrafic et mises à jour en temps réel), se montre plus réactif et lisible que la version précédente, d’autant qu’il est capable de proposer des trajets réguliers. À l’avant, il y a assez de place et des rangements sous la console centrale comme dans l’accoudoir, mais cela reste un peu étroit dans les contre-portes.

À l’arrière, les passagers, notamment les plus grands, devront faire avec une garde au toit un peu juste mais ils s’en sortiront côté espace aux jambes. L’ensemble se montre toutefois convivial, bien qu’il manque un peu de luminosité si l’on n’opte pas pour le toit ouvrant panoramique à 1 150 € en option.

Étant donné qu’il s’agit d’un simple restyling, le volume de coffre reste à 392 l – il se montre correct (contre 412 l pour une Peugeot 308 thermique et 361 l pour une 308 hybride rechargeable) – et est facilement accessible et profond. En revanche, il n’offre pas de plancher plat une fois les sièges rabattus.

Sous les apparences…

Histoire d’offrir un moteur d’entrée de gamme permettant d’acquérir puis de rouler à coût raisonnable, on retrouve ainsi sous le capot de cette Focus restylée un modeste 1,0 l agrémenté d’une hybridation légère de 48 V afin de booster un peu le tout lors des démarrages et accélérations.

Avec 125 chevaux et 170 Nm de couple, la Focus ne fait clairement pas tomber les records étant donné que le 0 à 100 km/h est abattu en 11,1 s. Pour autant, une fois que l’on met à l’épreuve ce petit bloc, il démontre une certaine vivacité lors des relances, notamment en ville, grâce au système de microhybridation ainsi qu’à un poids contenu (1 330 kg).

L’instrumentation reste lisible et permet de comprendre comment et quand intervient le système 48 V. Avec des vibrations limitées au niveau du moteur et une boîte robotisée à 7 rapports vous épargnant des à-coups, la compacte sait également vous préserver sur route.

Et en fonction du mode de conduite choisi, la réponse à l’accélérateur deviendra plus vive et la boîte plus réactive lors des changements de rapports. Au fil des kilomètres, ce combo se montre très agréable à utiliser, la boîte comprenant sans difficulté lorsqu’il s’agit de faire tomber un rapport, et n’exagère pas en conduite douce, en enchaînant à outrance ceux-ci.

Là où certains concurrents se voient pénalisés par un système Stop & Start trop intrusif, celui de la Focus se montre doux, notamment en usage urbain. Malgré sa petite cylindrée, ce petit moteur démontre un certain appétit en environnement urbain avec du carburant classique (7,4 l/100). Il se rattrape toutefois sur voie rapide et autoroute avec une consommation moyenne de 6,4 l/100.

Avec le réservoir rempli de carburant E85, la consommation moyenne sera alors plus élevée et il vous en coûtera environ 20 % de plus par litre au 100, sauf si vous décidez d’adopter une conduite sereine. De ce fait, le réservoir de 52 l vous assurera une confortable autonomie au quotidien avec du carburant classique (700-800 km) comme avec de l’E85, pour peu que vous évitiez trop d’excès.

Qui dit E85 ne signifie pas pour autant que votre moteur n’accepte que ce type de carburant, bien au contraire. Il est ainsi possible de nourrir votre moteur au SP95 comme au SP95-E10 sans pour autant se poser des questions, étant donné qu’il s’agit d’une préparation faite en usine et non d’un simple ajout de boîtier pour la « transformer ».

Avec environ 11 000 stations-service actives en France et plus de 3 450 proposant ce type de carburant alternatif, vos habitudes ne devraient pas trop évoluer et le passage à la caisse fera la différence. Avec un prix moyen de 1 €, face au 1,79 € moyen du SP95-E10, la différence sera environ de 41 € par plein : la messe est dite.

Le châssis reste également le point fort de cette Focus : le constructeur n’a plus à prouver son savoir sur ce point, au même titre que Peugeot. Mais là où le constructeur sochalien a tenu à orienter sa nouvelle compacte 308 un peu plus vers le confort (quitte à perdre légèrement en efficacité), la Focus effectue le choix opposé avec une redoutable efficacité à chaque virage au détriment du confort, et ce, malgré une monte de 17 pouces.

Enfin, le système multimédia SYNC 4 se montre fluide et simple à appréhender. Connecté avec l’infotrafic en temps réel, il peut également recevoir des mises à jour à distance. Seul petit bémol, comme pour bon nombre de véhicules actuels, vous serez obligé à chaque démarrage de désactiver certaines aides à la conduite, en naviguant dans les menus (les faux positifs du freinage automatique sur différentes marques ont suffi à me vacciner).

Faut-il passer à la caisse ?

Bien avant le conflit opposant l’Ukraine et la Russie, l’E85 affichait des prix insolents à la pompe. Avec une sacrée claque prise dernièrement, il reste malgré tout intéressant avec son coût moyen à la pompe, au point de rappeler ce que l’on pouvait payer dans les années 2000.

Avec une telle proposition, la Ford Focus Flexifuel est à l’heure actuelle unique sur le marché. Il y a bien Jaguar Land Rover qui propose également une telle motorisation, mais à des niveaux de tarif bien plus onéreux.

Vous pourrez évidemment opter pour un véhicule concurrent non pensé pour l’E85 pour le convertir moyennant un surcoût de 1 000 € (exemple avec une Peugeot 308 Allure PureTech 130 EAT8 à 31 440 €), mais il est plus rassurant d’opter pour une solution montée directement en usine.

Ainsi, le 1,0 Flexifuel se retrouve sur 3 niveaux de finition différents pour des tarifs allant de 32 250 € à 33 150 €. Le passage à la boîte Powershift occasionne un surcoût de 2 000 €, tandis que la variante SW demande 1 200 € de plus.

La politique du constructeur américain ne change pas, car, même sur les finitions plus avancées, il faudra encore piocher dans le catalogue des options pour avoir l’affichage tête haute (+ 450 €), ou encore le pack d’aides à la conduite (+ 800 €). Si vous souhaitez connaître l'ensemble de la gamme Focus, je vous renvoi également à l'article de Benoit.

À retenir également, pour une utilisation purement urbaine, l’alternative hybride peut être à considérer compte tenu du coût avantageux de la recharge électrique face à la consommation non négligeable de ce moteur Flexifuel. Enfin, au chapitre des avantages, la carte grise sur ce type de véhicule est gratuite dans la plupart des régions, et pour les professionnels, la TVA est récupérable à hauteur de 80 %.