La mort des GTi… ?
Lorsque l’on parle de l’histoire sportive de Peugeot, il nous vient tout naturellement à l’esprit, les victorieuses Lionnes des 24 Heures du Mans. Puis comment oublier les fabuleuses
205 Turbo 16 du groupe B qui ont conquis durablement nos cœurs dans le Championnat du monde des Rallyes.
Si je ne devais retenir qu’un moment, ça serait sans conteste celui où
Ari Vatanen affola les chronos sur les 156 virages de la montée de Pikes Peak avec sa
405 T16.
En plus du coup médiatique et des gains de notoriété, tout cela sert également à élaborer les technologies des futurs modèles de grande série. Ces laboratoires roulants ont donc offert à Peugeot des modèles de série hors du commun. Cela passe de la
405 Ti à la
205 Turbo 16 en passant par la
205 GTI. D’ailleurs, ce badge, qui avait été abandonné au milieu des années 90, fit son grand retour avec la première génération de 208 et la 308 actuelle.
Eh bien, vous savez quoi… ?
Comme leurs ancêtres, les
208 GTi et 308 GTi, se sont placées tout de go comme les références de leur segment. Les aficionados de la marque s’attendaient donc à une
508 GTi…
Eh bien, cela ne sera pas le cas !
Les normes antipollution et surtout les taxes en tout genre de notre belle France sont en train de tuer à petit feu ces automobiles émotionnelles.
Bien heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là.
La firme française dispose d’une palanquée d’ingénieurs. Ils sont plutôt du genre «
piqué à la compétition » et ils ont trouvé une solution alternative pour ne pas rentrer dans le viseur des régulateurs.
Cette solution est : la fée électricité.
S’il n’est pas encore question de proposer une auto sportive 100 % électrique, les ingénieurs ont réussi à développer un groupe motopropulseur hybride rechargeable disposant d’une écurie de
360 chevaux. Si cette
508 devient la Peugeot de grande série la plus puissante jamais produite, elle abandonne le badge GTi pour se muer en
Peugeot Sport Ingeneered.
La 508 PSE part à la chasse… de la « néo-performance ».
Chez Peugeot, on a donc décidé de se lancer dans cette nouvelle bataille avec une
508 hybride. Elle dissimule sous sa belle carrosserie une chaîne de traction développan
t 360 chevaux pour un couple gargantuesque de 520 Nm. De quoi permettre à la lionne d’expédier le 0 à 100 km/h en seulement 5,2 s et de couvrir le kilomètre départ arrêté en 24,5 s. Sur Autobahn, les Teutons seront heureux de savoir qu’ils pourront atteindre sa vitesse de pointe de 250 km/h.
Concrètement, le
système hybride marie un quatre cylindres turbo essence de 1,6 litre développant 200 canassons pour 300 Nm de couple à deux moteurs électriques. Le premier est intégré à la boîte de vitesses automatique à 8 rapports. Il ne s’occupe donc que du train avant et dispose de 110 chevaux. Le second est positionné au centre des roues arrière. Il produit l’équivalant de 113 pur-sang tout en transformant cette 508 PSE en quatre roues motrices.
Qui dit hybride rechargeable dit batterie de haute capacité… Eh bien, pas tant que cela. Celle qui équipe la lionne se contente d’un stockage de 11,7 kWh d’électricité. C’est la raison pour laquelle elle «
limite » son autonomie électrique à 42 km.
Pour la recharger, une prise de 3,7 kW suffit. Ainsi en 4 heures vous ferez le plein d’électrons. Par contre, notre belle 508 PSE se contente de 46 g de CO2/km, ce qui la libère du malus.
Une 508 à la sauce Peugeot Sport Ingeneered…
Ce nouveau label, qui induit toute une gamme de sportives à venir chez
Peugeot, offre une nouvelle identité à la
508. Plus question de faire dans la demi-mesure. Cette
508 PSE doit se faire voir. Elle dispose donc d’une allure unique.
De face, la calandre noir mat largement ciselée en verticale fait son effet. Tout comme les optiques à LED et la fameuse signature lumineuse en forme de «
crocs de lion ». Petite gâterie des stylistes, elle est d’office équipée d’une touche de « jaune acidulé » au niveau des écopes d’air. D’ailleurs, cette jolie couleur recouvre les gros étriers de freins à moitié cachés par les belles jantes de 20 pouces qui remplissent parfaitement les arches de roues. Le profil est très agressif puisqu’il a été rabaissé de 10 mm en proue et de 1 mm en poupe. On a l’impression qu’elle est sur des « starting blocks », un peu à l’instar d’un sprinter.
En poupe, on retrouve le bandeau noir relayant les feux. Ils élargissent visuellement la malle, tout comme les deux canules d’échappement positionnées de part et d’autre du diffuseur d’air.
Ça sent le sport ! Tout comme l’habitacle.
Bien évidemment, cette
508 PSE reprend à son compte le mobilier des «
508 classiques ». Et c’est une excellente chose. Le dessin est vraiment plaisant. On y retrouve très vite ses repères avec les « touches piano » qui offrent un accès direct aux commandes principales comme la climatisation, le GPS ou la gestion du système hybride. N’oublions pas le petit volant sport et les compteurs digitaux placés juste au-dessus de celui-ci.
Ce qui change véritablement, c’est surtout la finition apportée à cet habitacle
PSE. Il n’y a que des matériaux nobles à portée de main. Les surpiqûres jaunes contrastent parfaitement avec les plastiques de la planche de bord et avec l’assise des sièges sport trimatières.
Cette 508 PSE n’est pas une GTI… bien que…
Bon… il est temps de prendre la route pour enfin savoir ce qu’elle a dans le ventre. Nous disposons d’une boucle de 167 km pour cette première journée en pays sarthois.
J’appuie sur le «
START ».
Pas de bruit.
Les écrans s’allument.
Le GPS se lance et me prévient que mon break dispose de tous les pleins.
Plein d’essence et plein d’électrons.
L’autonomie globale se porte à plus de 600 km.
Les premiers tours de roue se font en banlieue du Mans. Dans un silence qui me fait dire que les GTi d’antan sont bien mortes. À défaut de nous faire hérisser les poils par ses vocalises, elle se déplace sans consommer une goutte d’essence. Que voulez-vous, c’est soi-disant bon pour la planète…
Pour une «
sportive », cette
508 PSE est étrangement confortable. Les suspensions actives sont parfaitement calibrées et le système de gestion électronique sait anormalement la rendre douce en milieu urbain.
La route se libère. Une nationale bien lisse s’impose à nous. Toujours en mode «
hybrid », c’est le mode qui optimise les consommations et la gestion du mode de propulsion électrique. Le moteur essence se décide enfin à activer ses cylindres. Ici, pas grand-chose à y redire. Souple, facile à diriger, la
508 PSE est presque capable de se conduire toute seule. Il faut dire que la firme n’a fait preuve d’aucune mesquinerie sur l’équipement. Elle dispose de toutes les aides à la conduite imaginables. C’est simple, j’enclenche le régulateur, l’aide au maintien dans la voie et elle s’occupe de garder ses distances avec les autres usagers de la route.
Les kilomètres passent et la moyenne de consommation se stabilise largement sous les 7 litres aux 100… Un chiffre qui va exploser dès mon arrivée dans les «
Alpes Mancelles ».
Cette vallée encaissée est composée de fragments de plateau et de collines aux versants parfois abrupts. Elle nous donne l’opportunité d’enclencher le mode «
SPORT » et les
360 chevaux de la machinerie.
L’auto se tend !
Les suspensions et la direction se raffermissent franchement.
Le moteur monte d’un cran dans ses régimes et produit, pour la première fois, des petites vocalises.
Plein gaz… le break pousse d’abord de l’arrière. C’est le moteur électrique, et son couple généreux, qui officie. Il est très vite relayé par le train avant pour maximiser l’adhérence. Sans vous coller les yeux au fond des orbites, les démarrages sont tonitruants. Les virolos s’enchaînent avec un entrain et une vivacité rare.
La piloter ?
C’est simple !
Il suffit de porter le regard sur la corde et le train avant s’y place. Le popotin s’occupe de la relance tout en enroulant le virage. Il me fait même croire qu’il est équipé d’un autobloquant électronique.
Pourtant, il n’en est rien… c’est juste le réglage des suspensions et du couple arrière qui fait virevolter la
PSE. C’est surprenant d’agilité, qui plus est pour un break de plus de 1 800 kg.
Je reconnais bien là la «
Peugeot Touch ». Ce feeling au volant qui différencie cette marque des autres.
Et dire que je vous ai écrit que les
GTI étaient mortes.
Non… elles ne sont pas mortes. Elles sont en train de muter !
Les derniers kilomètres se feront avec un rythme moins soutenu.
La cause ?
Un beau manteau blanc qui recouvre la chaussée. Bien heureusement, les ingénieurs ont prévu le coup avec un mode « 4x4 ». Ici, les moteurs travaillent de concert pour obtenir la meilleure traction possible. Dans les faits, ça fonctionne plutôt bien et cela nous permettra de sortir de cette situation sans trop de sueur.