Opel Light : fiat lux et lux fuit

Pour ceux dont les cours de latin sont un peu loin, ce titre peut paraître assez alambiqué. Quel est donc ce nouveau modèle Opel dénommé Light ? Quel est son rapport avec Fiat ? Les deux marques auraient-elles créé une joint-venture sans que personne en parle ? D’ailleurs, depuis quand Fiat fait dans le luxe ? Non, rien de tout ça !
Opel fête cette année ses 120 ans, plus d’un siècle d’évolutions technologiques en tout genre qui ont amené à l’automobile d’aujourd’hui. Depuis quelques années, la marque allemande communique sur la lumière, élément pour le moins important de la conduite nocturne, et nous a conviés pour des essais originaux autour de ce thème.

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Rendez-vous est pris au centre d’essai de la marque dans les environs de Francfort, en fin d’après-midi, pour une soirée atypique : essayer 120 ans d’automobile. En effet, 18 modèles représentatifs de la marque nous attendent, de la System Lutzmann de 1899 à l’actuelle Insigna OPC. Chacune marquant une évolution dans la manière de voir et d’être vu.

Mais avant de me précipiter sur la Calibra qui me faisait rêver adolescent, ou sur la superbe GT de 1968, Opel nous réserve une surprise. Une conférence de presse. En fait, c’est en fin de conférence que vient la surprise, lorsque le responsable éclairage de la marque dévoile les feux avant et arrière de la prochaine Corsa. Phare à LED à l’arrière, mais surtout, et c’est une première sur le segment des citadines, elle proposera à l’avant la technologie d’éclairage matriciel IntelliLux LED. Mais comment en sommes-nous arrivés là ?

Vacillante chandelle

Voilà une occasion rare de rouler dans une automobile du 19e siècle. La Lutzmann de 1899, les balbutiements de l’automobile, la transition en cours avec les hippomobiles, les véhicules ressemblant surtout à des calèches autoportées plus qu’à autre chose. Roues en bois, amortissement inexistant ou presque, banquettes capitonnées de cuir se faisant face, monocylindre cahotant et boîte à deux rapports. Avec sa cylindrée de 1,5 litre et une puissance de 3,5 ch, la Patentmotorwagen prête à sourire, il n’empêche qu’elle représente l’avenir de l’humanité et s’en offrir un tour est un luxe qui ne se refuse pas. De nuit, l’hiver, en Allemagne, c’est aussi grisant de débuter qu’heureux de s’arrêter. Aucune protection contre le froid qui s’insinue partout et visibilité médiocre due aux passagers assis face à vous, dos à la route… ils ont bon dos, mes confrères, mais quand bien même ils ne seraient pas là, je ne verrais que ce que la lune, magnanime, m’autorise de voir. L’éclairage de la Lutzmann ? Une bougie dans chaque « phare », d’une durée de 3 heures lorsqu’elle est entière et éclairant au mieux à un mètre en amont. Un système fait avant tout pour être vu plus que pour voir.


La fée électricité

Puisque nous parlons de la lumière de la lune, passons sur la Doktorwagen de 1909, toujours aux allures de calèche, mais embarquant des lampes à pétrole et paraffine sensiblement plus performantes et arrêtons-nous sur l’Opel Moonlight Roadster de 1933.

Ce cabriolet semblant tout droit sorti des histoires de Oui-Oui est pour le moins attirant avec son arrière plongeant, ses deux gris rehaussés de rouge lui donnant fière allure, son intérieur tout cuir rouge, son six cylindres en ligne de 1,8 litre développant 33,5 ch et surtout, ses phares à ampoules électriques. Capable de 90 km/h en vitesse de pointe, il était indispensable de voir et non plus seulement d’être vu. Ce sont donc des ampoules de 6 V, apparues sur la Luxus-Zweisitzer en 1929, qui trouvent leur place dans des phares toujours aussi ronds. Une balade à son bord, sous un ciel étoilé, permet d’apprécier à la fois l’évolution de l’amortissement, l’onctuosité du moteur et les progrès considérables de l’éclairage permettant déjà une visibilité de quelques dizaines de mètres.



Avec la Kapitän de 1938, une grosse berline de 55 ch issus d’un 6 cylindres de 2,5 litres, l’évolution ne vient pas de l’éclairage à proprement parler, toujours le fruit d’ampoule de 6 volts, mais de la forme des phares qui abandonnent pour la première fois la forme ronde pour s’étirer et se complexifier, commençant ainsi à devenir un élément de design important.

C’est en 1965 que la grande avancée suivante arrive, sur la berline Opel Rekord B 1900 L de 90 ch. Un modèle qui rappelle la belle époque de l’automobile synonyme de liberté, avec des sièges et une banquette dénués d’appuie-tête, mais d’un moelleux désormais disparu. L’amortissement jouait dans la même cour, moelleux à l’excès. Sous le capot, un 4 cylindres de 90 ch permettant une vitesse maximale de 160 km/h grâce à une boîte de vitesses à 4 rapports (en option pour 95 deutsche marks). Le « levier » en H, situé derrière l’immense volant, demande de larges gestes pour changer de rapport. Pour la première, tirez vers vous et descendez jusqu’à votre genou, pour la quatrième, poussez vers le tableau de bord et montez jusqu’au pare-brise. Simple. Mais surtout, la Rekord embarque des ampoules électriques de 12 volts, de quoi encore augmenter la visibilité et donc la sécurité.

Toujours plus loin



En 1968, Opel présente son coupé sport GT aux allures de Dino 246. Impossible de ne pas craquer pour sa sympathique petite bouille, pour ses dimensions réduites, son poids contenu et son moteur 4 cylindres de 90 ch. Une voiture de sport qui vit, qui vibre, qui sent, qui vous fait sentir vivant tant elle vous envoie d’informations. Le levier de boîte de vitesses demande de prendre son temps et de bien décomposer ses mouvements tant il est mou et les rapports éloignés les uns des autres. L’habitacle, minuscule, est grandement entamé par l’immense volant en bois semblant s’étendre de vos genoux au pare-soleil. Devant moi, le long capot tout en courbes sur les côtés et aucune lumière. Pour éclairer, il faut tirer un levier prêt de la commande de boîte, comme l’on tire un frein à main. Celui-ci est ferme et demande une bonne poigne, le tirer vers soi fait éclore les feux qui se retournent depuis l’intérieur du capot. Évidemment, pour que ce soit drôle, il faut que cela ne fonctionne pas du premier coup. Si je ne tire pas de manière franche, les phares se retournent, mais sans s’allumer. Deuxième tentative, sans hésitation, les phares s’éclairent. Outre des ampoules électriques de 12 V « classiques », les feux de route intègrent des lampes halogènes éclairant la nuit comme en plein jour.

Voilà une phrase dont les services marketing usent et abusent depuis des dizaines d’années. Pourtant, il me suffit de prendre le volant de l’Opel Kadett LS Coupé « Rallye » de 1971 pour me rendre compte que le « plein jour » a encore progressé. Pas d’halogènes ici, mais 4 phares longue portée, comme en rallye, en plus des éclairages de base de la Kadett. Lorsque vous allumez le tout, pour sûr vous avez une bonne visibilité avec un angle très large, éclairant jusqu’à la cime des sapins au bord de la route, sans distinction aucune et éblouissant le moindre être vivant croisant votre route.

1978, le grand coupé Monza avec son arrière fuyant et son 6 cylindres en ligne de 3,0 litres et 180 ch marque l’évolution suivante. Mais le premier plaisir de cette voiture, ce n’est pas son éclairage entièrement halogène équipé d’ampoules halogènes H4 à deux filaments (une seule ampoule, deux niveaux de puissance : route/croisement). Ce qui me marque, c’est la capacité du moteur à reprendre extrêmement bas dans les tours. Quel plaisir d’avoir un moteur aussi souple, capable de reprendre à 1 000 tr/min, là où les moteurs actuels sont totalement creux !

La Calibra sort en 1990, cette fois c’est le design qui guide la technologie, puisque la forme très fine (pour l’époque) des phares oblige le constructeur à opter pour des ampoules halogènes H1.

Toujours plus de technologie

Après l’halogène, c’est au Xénon de faire son apparition, d’abord en 2003 sur l’Omega. La bonne époque des phares bleutés qui faisait rager les autres usagers de la route souvent aveuglés par cette nouvelle technologie pas tout à fait au point. Puis viennent les bi-Xénon AFL et AFL+ des Vectra GTS et Insignia OPC. Cette technologie offre l’un des plus grands conforts de la conduite de nuit, des phares directionnels pivotant jusqu’à 15° dans les courbes, éclairant au mieux la route, ainsi que des ampoules en sus éclairant à 90° sur la droite ou sur la gauche dans les virages serrés par exemple, pour éviter toute bordure.



Pour finir, viennent les phares adaptatifs Matrix IntelliLux LED. Cette technologie permet de ne plus du tout s’occuper de ses phares puisque les modèles qui en sont équipés gèrent absolument tout via 8 ou 16 LED (Astra/Insignia) dans chaque phare avec l’aide de la caméra Opel Eye. Cette dernière détecte la présence de véhicules venant en face ou roulant dans le même sens et allume ou éteint les LED selon les besoins pour éclairer le maximum de choses sans jamais éblouir les autres usagers de la route. Opel fut la première marque à proposer la technologie sur le segment des compactes dès 2015 et sera, une fois encore, la première à la proposer sur le segment des citadines dès cette année. Entre temps, l’Insignia a bénéficié d’une version améliorée de la première mouture vue sur l’Astra.

Conclusion:

L’éclairage, comme l’automobile, est en constante évolution. Élément de sécurité indiscutable, il permet à la fois d’être vu, si possible sans éblouir, et de voir pour pouvoir toujours mieux anticiper. Des bougies de la Lutzmann de 1899 aux phares matriciels de l’actuelle Insignia, la technologie a fait un bond immense, la sécurité avec. Mais l’histoire continue de s’écrire, et Opel travaille déjà sur de nouvelles technologies prévisualisées sur son concept GTX.

NB : Fiat lux et lux fuit => Que la lumière soit et la lumière fut.


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