En passant par la case Motorsport, la BMW Série 5 Touring se dévergonde finalement peu sur le plan stylistique et reste fidèle à la sobriété légendaire du constructeur. Le bouclier avant est en revanche plus aéré qu’à l’accoutumée alors que le bouclier arrière reçoit un panneau noir brillant percé par deux sorties d’échappement trapézoïdales. Pédigrée oblige, quelques badges Motorsport poussent sur l’hayon et sur les ailes avant. Pour notre périple montagnard, le modèle d’essai était équipé de pneus neige montés sur les jantes 328 de 18 pouces. On pourrait presque passer pour des rigolos ayant posé la lettre magique sur une version conventionnelle.
A l’image de la cosmétique extérieure, l’habitacle ne fait pas dans le folklorique. La présentation est rigoureuse. On est ici dans une grande berline allemande et ce haut de gamme affiche tout le raffinement inhérent à son standing. Notamment notre modèle d’essai qui reçoit des placages en frêne et une sellerie cuir Dakota. Une superbe combinaison qui renforce cette impression de confort. Parmi les innombrables et coûteuses options, l’accès confort facturé 800 € nous permet de libérer l’espace de chargement en bougeant son pied sous le bouclier. Utile pour arrimer notre chargement particulier dans les 560 litres du coffre (1 670 litres avec la banquette rabattue).
Un diesel extra-terrestre :
Malgré sa présentation spécifique, cette BMW M550d Touring peut s'apparenter à une nouvelle déclinaison sans réelles nouveautés. Mais sa différence, et non des moindres, se situe sous le capot : cette déclinaison M Performance embarque un 6 cylindres en ligne doté de trois turbos ! Trois escargots de tailles différentes qui lui permettent d’avouer 381 ch de 4 000 à 4 400 tr/min et, attention aux slips, 740 Nm de couple de 2 000 à 3 000 tr/min ! Hormis le V12 TDI de l’Audi Q7, ce bloc moteur sans bougies est le plus puissant de la production actuelle et un record mondial de rendement avec 127,3 ch/l.
Inutile de faire un dessin, vous aurez tout de suite compris que cette M550d dispose d’une force de frappe impressionnante. Dès le démarrage, la mécanique fait appel au souffle d’un premier turbo de petite taille, suivi de près par un second turbo plus puissant. Dès 3 000 tr/min, c’est le troisième turbo, aussi gros que le premier, qui se charge de souffler l’air dans les bronches du 3,0 l jusqu’à près de 5 500 tr/min. Le mazout est aidé par une boîte automatique à huit rapports d’une efficacité redoutable et le rythme s'accélère rapidement en mode Sport et Sport +.
Quelque soit le terrain, les accélérations sont percutantes et les reprises tout bonnement impressionantes. Pas besoin de réciter l’Ezekiel 25 verset 17 pour fair frémir les autres usagers : il suffit de tomber quelques rapports et d’écraser la pédale de droite pour déboiter la totalité des diesels autorisés, y compris les kéké-mobiles badgées M qui occupent trop souvent la voie de gauche. Le 0-100 km/h s’effectue en 4,7 secondes, le 80-120 sur la 4ème en 3,3 secondes et le 400 mètres D.A. en 13,5 secondes, le tout dans une sonorité déroutante pour un bloc à huile lourde.
Poids lourd de compétition :
Pour encaisser le surplus de couple, Motorsport Gmbh a posé sous les dessous de la BMW M550d des trains roulants empruntés à la 550i, le freinage perfectible compris. Des disques en céramique ne seraient pas du luxe mais ce choix pourrait être inapproprié pour une utilisation familiale. Cette M Performance embarque aussi l’excellent système xDrive qui place la voiture sur des rails. Le comportement neutre et les quatre roues fonctionnant de concert permettent de remettre les gaz dès le point de corde sans sourciller. Et n’oublions pas que nous sommes chaussés de pneus neige qui sont censés altérer les prestations dynamiques. En revanche, les 1 950 kg du bébé imposent d'aller choisir la suspension adaptative (facturée 3 300 € en option) pour profiter d'un châssis homogène.
On arrive au bout du périple et là, période hivernale oblige, le col qui devait nous mener à notre point de livraison est fermé. Disposant du xDrive, ce n’est pas la tentation qui nous manque d’aller nous aventurer sur la poudreuse. Mais dans le respect des lois (de la physique), nous avons fait demi-tour pour aller emprunter des sentiers praticables à travers les villages. Nous découvrons alors l’autre visage de la BMW M550d Touring, placée sur le mode Eco Pro pour tenter de faire baisser notre moyenne de 13 l/100km et de profiter du confort royal de la suspension sur les mauvaises aspérités. De quoi éviter à Vincent Vega d’exploser la cervelle de Marvin, confortablement installé sur les sièges chauffants de la banquette arrière.
Conclusion : c'est de la science-fiction
Notre colis livré en un seul morceau à Monsieur et Madame Wallace, l’heure du verdict tombe. La BMW M550d Touring est une exception dans la gamme du constructeur bavarois. Sans avoir la timidité d’une version conventionnelle ni même la radicalité d’une M5, ce diesel reste marginal. Si elle continue de faire grincer les dents des puristes, cette version impressionne toujours. Le 6 cylindres est terriblement démoniaque et la sensation de mener un bloc expérimental est omniprésente. C'en est presque de la fiction, voire de la science-fiction !
A vrai dire, seules les sensations procurées par cette mécanique justifient le supplément par rapport à une BMW 535d. Mais malgré le côté technologique de cette version, les 91 000 € réclamés coupent temporairement la respiration. Pour l’anecdote, notre modèle d’essai bardé d’options passe la barre des 100 000 €...
Note : 17/20
Bien vu :
- diesel de compétition
- transmission xDrive ultra-efficace
- confort à toute épreuve
A revoir :
- prix délirant
- freinage perfectible
- poids excessif
2018 67215 km Automatique Essence
2023 54377 km Automatique Essence