En regardant de plus près la fiche technique, le larcin est devenu évident. Le Karoq a littéralement pillé ses congénères. On y retrouve la plateforme de la SEAT Ateca, le dernier moteur TSI de la Golf, les compteurs digitaux d’Audi, le style de son grand frère Kodiaq et la modularité d’un monospace. Il ne nous restait plus qu’une chose à faire : enquêter.
Le vol de nom…
Karoq, c’est tout d’abord un nom. Un nom qui, comme celui du SUV Kodiaq, est tiré du langage d’un peuple indigène d’Alaska. Cette dénomination est la contraction, ou plutôt la fusion, des mots « KAA’RAQ » (voiture) et « RUQ » (flèche). Pourquoi, me direz-vous ? La réponse des gens du marketing est plutôt laconique : « Pourquoi pas ? »
Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que le nouveau modèle tchèque est un SUV compact. Il se place juste en face de la star française, Peugeot 3008, et autres Renault Kadjar, Nissan Qashqai, Hyundai Tucson, SEAT Ateca ou Volkswagen Tiguan. Du beau linge, bien en place et qu’il sera difficile de faire vaciller.
La plateforme espagnole…
Le SKODA Karoq a tout simplement récupéré la plateforme technique MQB de sa cousine espagnole, l’Ateca. À la différence qu’elle déploie sa silhouette sur 4,38 m de longueur, 1,84 m de large, et 1,60 m de hauteur. Pas de quoi faire grincer les dents de la lionne 3008 qui lui rend 65 mm en longueur. Pourtant grâce à son empattement long de 2 638 millimètres (version quatre roues motrices : 2 630 mm), le Karoq offre une habitabilité de premier ordre, avec des dimensions intérieures généreuses dignes d’un monospace.
Pour preuve, la soute à bagages a une capacité de 521 litres avec les sièges arrière en place. Une fois les sièges arrière repliés, le volume augmente à 1 630 litres. Si vous choisissez l’option VarioFlex, qui permet de faire coulisser (et même enlever) les trois sièges de manière indépendante, l’espace de chargement peut varier de 479 à 588 litres et même 1 810 litres. Largement de quoi le transformer en estafette pour aller chiner à la brocante du dimanche !
Une Golf sous le capot…
La chipie pioche sans vergogne le tout dernier 4 cylindres turbo essence à injection directe de la nouvelle Golf. Si ce1.5 TSI produit 150 chevaux pour 250 Nm de couple en temps normal, il est capable d’interrompre deux de ses chambres de combustion – les deuxième et troisième cylindres – pendant une courte période lorsque la puissance n’est pas nécessaire. Le moteur se contente dès lors de la poussée de deux cylindres pour économiser jusqu’à 0,5 litre de carburant aux 100 km. L’ACT (c’est le nom du système) est utilisé entre 1 400 et 4 000 tr/min et jusqu’à une vitesse de 130 km/h.
Pour les performances en laboratoire, le Karoq TSI 150 passe à 100 km/h en 8,4 secondes et atteint une vitesse de pointe de 204 km/h. Le tout pour une consommation moyenne 5,5 litres pour 100 km. Comme il a volé ce moteur à la Golf, le Karoq s’est également permis de lui chiper sa transmission automatique DSG à 7 rapports qui prendra lieu et place, moyennant finance, de la boîte de vitesses manuelle à 6 vitesses.
Les compteurs digitaux d’Audi…
Le compteur digital, une véritable expertise de la marque aux anneaux, fait comme par magie son apparition dans la Karoq. Tout comme chez Audi, celui-ci dispose de plusieurs modes d’affichage. Pour être précis, il en compte pas moins de quatre.
Le premier est la mise en page « Classic ». On trouve ici le compte-tours et le compteur de vitesse sous une forme ronde sauf que l’espace central peut être configuré avec un affichage du programme de divertissement ou avec la carte de navigation.
Le deuxième est la mise en page nommée « Élargi ». Elle couvre toute la largeur avec le programme de divertissement ou la carte de navigation. Au-dessus et en dessous de celui-ci, on retrouve des informations comme la vitesse, le rapport recommandé, la détection des panneaux de signalisation, la distance jusqu’à la prochaine étape sur le système GPS ou la distance restant à parcourir.
La troisième est la mise en page « Modern ». Ici au centre du grand écran apparaît la carte de navigation. À gauche et à droite, le pilote peut choisir entre le compteur de vitesse, la sélection du rapport, la détection des panneaux de signalisation comme les limites de vitesse ou encore le temps total de conduite.
The last one, est la mise en page « Basic » qui ne s’occupe que de montrer la vitesse de conduite et la distance à parcourir. Des informations de base peuvent être affichées dans la partie haute et basse de l’écran. Si le GPS est activé, la flèche de navigation sera affichée au centre de l’écran.
La frimousse du Kodiaq…
Les designers tchèques sont certainement en mal d’inspiration. Car il sera très difficile, voire impossible, de ne pas confondre le nouveau Karoq et le Kodiaq de pleine face. On retrouve ici la même calandre trapézoïdale, le même capot bombé nervuré arborant en son centre le logo. Les phares géométriques ne font pas exception et semblent tout simplement repris au Kodiaq, tout comme les feux de brouillard placés au-dessus de la ligne du pare-chocs avant.
Heureusement, la reprographie s’arrête ici. Les 32 cm en moins modifient largement son profil. Sa silhouette est plus ramassée, plus robuste et ses arches de roues franches, équipées de jantes en alliage léger pouvant atteindre jusqu’à 19 pouces, ne font qu’amplifier le phénomène. En poupe, les optiques sont divisées en deux pour dessiner un « L », alors que la signature lumineuse utilise des LED formant un « C ». Pour marquer son empreinte, la malle connecte la plaque d’immatriculation aux bas des feux arrière par une pliure franche de la carrosserie. Une figure de style qui lui offre une carrure puissante très proche des 4x4.
Et sur la route ?
Il faut dire que les organisateurs de cet essai ont vu les choses en grand. L’éventail de modèles à disposition est pléthorique. Bien heureusement, après avoir grogné, s’être battus jusqu’au sang avec nos confrères de la presse étrangère, nous voilà en possession des clés d’un Karoq 1.5 TSI Style en traction avant et boîte de vitesses mécanique. Cette offre proposée au prix de 31 090 € devrait représenter une grosse part des ventes.
Dès les premiers tours de roue, on ressent une franche différence de comportement avec ses cousins Tiguan et Ateca. Typé confort, il encaisse parfaitement les routes défoncées siciliennes. Il faut dire que son châssis et ses suspensions travaillent parfaitement de concert.
Le moteur est étrangement creux à bas régime alors qu’il propose tout de même 250 Nm dès 1 500 tr/min. L’étagement extrêmement long de la boîte fait parfaitement son office pour la consommation normée, mais oblige régulièrement à descendre une vitesse. Résultat, il est difficile de s’en sortir sous une consommation de 8,5 litres de moyenne. Cependant, il reste discret et si on le taquine dans les tours, presque sportif avec des poussées linéaires.
Le problème ici, c’est que son typage confort, dessert le Karoq à l’attaque. Les suspensions garderont toujours un poil trop de souplesse pour vraiment passer les virolos à haute vitesse. Elles auront tendance à s’affaisser et à allonger la courbe. Pour remettre les choses en place, il suffira de lever légèrement le pied droit. Rien de plus naturel !
Le Karoq peut se conduire rapidement, mais pas sportivement. Sa tenue de route restera ainsi toujours stable et ses passagers profiteront de son confort. Un confort qui sera en plus augmenté par un habitacle à l’ambiance sérieuse (trop d’ailleurs), utilisant des matériaux assemblés avec soins, alors que les p’tits monstres à l’arrière profiteront des deux prises USB pour brancher leur attirail électronique.
Enfin, l’équipement de sécurité est moderne et complet. Le conducteur peut compter sur l’aide de l’avertisseur de collision piéton, de l’aide au parking, du régulateur de vitesse adaptatif, du maintien dans la voie et du système de reconnaissance de panneau. Bref… tout ce qu’il faut pour rouler en toute quiétude.
Le plus « CONFORT »…
En détroussant les technologies, les moteurs et l’esprit de ses cousins teuton et espagnol, le nouveau modèle tchèque ne manque pas sa cible. Avec le Karoq, Skoda propose désormais un SUV compact spacieux, modulable et confortable bien dans l’esprit de la marque.
Certains diront qu’il est quelque peu trop souple. Moi je leur dirai alors d’aller voir du côté du SEAT Ateca ou mieux, du Peugeot 3008 pour avoir un comportement plus sportif. Car lui, le Karoq, préfère transporter les petites familles tranquillement, mais sûrement.
Ses qualités se reflètent naturellement sur la facture, mais celle-ci reste malgré tout justifiée… Cependant, faites bien attention avant de vous jeter sur les modèles essence. Les moteurs carburant au diesel restent bien plus économes avec des moyennes aux environs de 6 litres aux 100 km. À vous de bien calculer !
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