Durant de longues décennies et pour un budget donné, vous aviez le choix entre une voiture sportive et une voiture moins performante mais plus confortable. Puis ont vu le jour les modèles se voulant capable de faire les deux, telles les BMW M5, Audi RS6 et Mercedes-AMG Classe E. Avec la nouvelle M850i xDrive, BMW passe un cap et atteint une dualité encore jamais vue.
Le chiffre 8, chez
BMW, est utilisé avec parcimonie et réflexion. Il se fait à ce point rare qu’avant le modèle qui nous intéresse, seules trois Munichoises l’ont arboré : la
Série 8 de 1989 à 1996, la fabuleuse
BMW Z8 de 2000 et l’actuelle i8. Cette ascendance ne laisse pas de place au doute, le 8 chapeaute la gamme et la nouvelle venue s’y attelle sans le moindre complexe en accompagnant les futures Série 7, X7 et
Série 8 cab dans l’offensive de la marque sur le haut de gamme. Vers le très haut de gamme même, mais s’arrêtant juste avant le luxe réservé à Rolls-Royce.
Plaisir pour deux
Effectivement, en pénétrant dans l’habitacle, la profusion de cuir et de matériaux haut de gamme nous rappelle que la marque anglaise a réussi à se placer un cran au-dessus avec un cuir supérieur et des moquettes inégalables. Cependant, la
Série 8 fait fort avec sa sellerie en cuir Merino BMW Individual biton Tartufo/Schwartz parant des sièges électriques chauffants et ventilés ou encore les inserts d’aluminium satiné courant le long de portières.
Ce n’est pas le prix de
124 750 €, ni le système hi-fi Bower & Wilkins en option à 5 700 €, ni l’ambiance lumineuse avec différents coloris ou la nouvelle planche de bord incluant l’instrumentation numérique 12,3 pouces et l’écran de l’infodivertissement de 10,25 pouces qui feront penser à une voiture d’entrée de gamme non plus. D’ailleurs, ce dernier reçoit les désormais traditionnelles commandes vocales, gestuelles, tactiles ou via les commandes sur la console centrale. Quant aux informations essentielles, vous les trouverez via l’un des plus grands affichages tête haute de la production automobile, impossible de ne pas y trouver son compte.
Cependant, et malgré
un coffre tout à fait honnête de
420 litres, la
nouvelle Série 8 s’appréciera plutôt à deux tant l’espace dédié aux passagers arrière est compté. Seuls de très jeunes enfants pourront y trouver leur place avec cet espace aux jambes quasi inexistant et cette garde au toit particulièrement réduite.
Dynamisme esthétique
Ce manque d’espace, à l’arrière, trouve son origine dans le dessin très élancé du grand coupé avec cette ligne de toit, culminant à 1,35 mètre, fuyant jusqu’à la malle de coffre rehaussée d’un petit becquet. Restons à l’arrière, travaillé avec de grandes lignes horizontales qui asseyent visuellement la 8 dont les longs feux tridimensionnels à LED. Notons la faute de goût avec les deux doubles sorties d’échappement qui sortent d’énormes canules parfaitement inutiles. De ce point de vue arrière, nous pouvons également admirer l’épaulement large avec ces ailes divinement galbées apportant un air musculeux qui fait écho à l’avant.
Je n’apprécie que moyennement le virage esthétique pris par la marque allemande ces derniers temps avec ces feux avant toujours plus fins qui viennent se coller à des calandres de plus en plus hautes. La
Série 8 tranche de ce que l’on peut voir sur les futurs X7, pis encore sur la
nouvelle Série 7, et autres X5 et nouvelle Série 3. Elle marque une pause bienvenue dans ces changements en séparant de nouveau les phares de la calandre, qui elle-même demeure dans des dimensions acceptables, tout en élégance. Regarder la
Série 8 dans son ensemble, et cet avant particulièrement, est un pur moment de plaisir et ce ne sont pas le capot bombé, les jantes de 20 pouces en Y, le kit spécifique BMW M ou les étriers de frein M Sport bleus qui me feront dire le contraire. Bien entendu, c’est purement subjectif, mais n’ayons pas peur des mots,
la BMW Série 8 est belle !
Bipolaire pour le meilleur
Sous ses airs de grand coupé haut de gamme dynamique, la
Série 8 cache ce que
BMW est capable d’offrir de meilleur. Je ne vous parle pas seulement du gros
V8 biturbo de 4,4 litres développant
530 ch à 5 500 tr/min et
750 Nm dès 1 800 tr/min, mais également du système à
4 roues directrices, de la suspension Select Drive de série, du différentiel M Sport de série (sur M850i) ou encore du système de
traction intégrale xDrive.
Sur le papier, le poids en ordre de marche de
1 965 kg laisse tout de même dubitatif, c’est lourd. Malgré tout, la
BMW M850i xDrive est annoncée pointer à
100 km/h depuis l’arrêt en tout juste 3,7 secondes avant d’atteindre la
vitesse maximale de 250 km/h (limitée électroniquement).
Dans les faits, le poids semble disparaître au profit d’un très bon rapport poids/puissance de 3,7 kg/ch aidé par un système à quatre roues motrices agrippant le bitume avec une force surprenante. Les accélérations et reprises impressionnent par leur vigueur, me collant dans mon siège à chaque franche pression sur la pédale de droite. Les 750 Nm passent au sol sans la moindre perte, par défaut avec 60 % à l’arrière et 40 % à l’avant avec la possibilité de faire passer le tout indifféremment sur l’un ou l’autre des essieux, la technologie à son meilleur niveau.
Dans l’ensemble, la
Série 8 la plus puissante, pour le moment, joue la carte de la propulsion en ressenti, mais en manque cependant, de ressenti. Quel que soit le mode de conduite que je sélectionne, de Eco Pro à Sport +, la direction pourtant consistante manque légèrement d’informations et ne transmet pas exactement l’emplacement des roues. Sans doute ai-je trop voulu l’imaginer en supersportive au vu des accélérations. Pourtant, la
M850i est capable de prouesse, effaçant virages et courbes à des vitesses sidérantes sans le moindre effort et sans se poser la moindre question. L’amortissement est d’une telle efficacité que la qualité de la route n’est qu’une variable insignifiante dans le résultat final.
Le mode Eco Pro donne même à cet amortissement des allures de tapis volant tant le coupé devient confortable et agréable, rendant les longs trajets reposants. La sonorité elle-même se fait douce et délicate pour ne pas perturber le voyage. Malheureusement, elle se fait également un peu trop discrète en mode Sport alors que l’on voudrait que le V8 vienne flatter nos tympans via les 4 échappements.