« On veut être le grand acteur de la transition électrique », annonce d’emblée Jean-Marie Dumas, attaché de presse Renault lors de la présentation de l’Arkana. Le message est clair, et pour cause, d’ici 2025, le constructeur au losange compte introduire 14 nouveautés électriques et a pour dessein en 2030 d’être « la marque la plus verte ».
Conscient de l’électro-scepticisme, Renault veut réconcilier les clients dont les attentes peuvent être « contradictoires ». Ainsi, si l’on devait résumer grossièrement le cahier des charges de cette nouvelle Arkana : il s’agit de faire du Renault, tout en gardant la sportivité des voitures et d’y associer l’évolution technologique tout en respectant la pléthore de normes et restrictions imposées par l’Union européenne.
Voilà le défi titanesque auquel François Laurent, directeur du programme Arkana s’est confronté. Plus qu’un passionné d’automobile, cet ingénieur mécanique s’est dévoué corps et âme pour forger et concrétiser l’alchimie parfaite du « low drive Sedan et du high SUV ». Car l’Arkana joue dans une catégorie particulière réservée aux premiums : les SUV coupés.
Et il suffit de le regarder sous différents angles pour comprendre que ce véhicule sort, à bien des égards, de la norme. Et pour comprendre cela, François Laurent nous replonge dans la genèse de ce « véhicule qui n’aurait jamais dû être là ».
Un coup à jouer avec ce SUV coupé
Tout commence au Salon de Moscou, où Arkana est un tout autre véhicule. Rustique, sans aides à la conduite automobile, sa version russe se contente des principaux besoins du marché : une transmission intégrale. Le succès de cet Arkana ne tarde pas et fait également des émules en Corée – où il est connu sous le nom de
XM3 –, lieu où il sera finalement produit dans l’usine de Renault Samsung à Busan, «
l’une des meilleures usines de l’Alliance, pour ne pas dire au monde », s’enorgueillit-on chez Renault.
«
Il y a sans doute un coup à jouer avec ce SUV coupé », se dit François Laurent. Et cinq ans après, même après avoir dévoilé ce mystérieux fruit hybride au public, il la regarde toujours avec autant d’amour dans les yeux. Il suffit de parcourir
Arkana pour réaliser qu’il s’agit là d’un vrai coup de foudre. Pour le comprendre, on lui a volontairement posé la question sur le choix de l’appellation d’
Arkana et on a eu droit à la fameuse ritournelle : « d
u latin arcanum, ce sont les secrets, le mystère, ces alchimistes qui autrefois mélangeaient les substances » faisant un parallèle avec l’hybridation de l’Arkana dans une société très hybride. Et comme on a été moyennement convaincus, on a décidé de creuser ce mystère. Après avoir fait un tour du véhicule, ici l’Arkana dans sa version RS Line, avec cette couleur blanc nacré perlé, «
un blanc qui souligne les volumes, une couleur qui n’existe dans aucune autre usine », étaye-t-il en caressant l’auto.
Il y a ces détails dont il est très fier comme le chrome de la calandre qui rentre dans le phare. Ou bien le pack color avec le ski avant et arrière en rappel. Une attention portée aussi bien à l’avant qu’à l’arrière que l’on retrouve à l’intérieur notamment dans les portières où l’on remarque les coutures gris et rouge. « La concurrence n’en mettait que deux ? Eh bien, je vais en mettre trois », assène-t-il. Idem pour les ceintures de sécurité ornées d’un liseré rouge qui se retrouve en écho le long des sièges arrière. Enfin, les zones de contacts, accoudoirs et médaillons n’ont pas été négligés et ont été choisis dans un matériau soft alternant avec du carbone glossy pour être plus accueillants.
D’autres éléments sont le fruit d’une prouesse technique comme les sièges arrière avec ce dossier incliné à 27 degrés. Le directeur du programme Arkana joint le geste à la parole et prend place : «
on descend le point de bassin, et moi, avec mon mètre 85, je ne touche pas, je ne suis pas mal installé et pourtant nous sommes dans un coupé ».
« Ça aussi ça a été compliqué. »
Parmi les petites «
touches personnelles » de notre chef d’orchestre, il y a ce filet passager, un élément qui peut paraître trivial, mais qui s’avère des plus pratique dans le quotidien de l’automobiliste. «
Ça aussi, ça a été compliqué », explique-t-il. En effet, le moindre changement, la moindre optimisation aussi simpliste qu’elle soit, au-delà des désaccords que cela engendre entre les équipes coréennes, entraîne nécessairement une dépense supplémentaire.
Une exigence poussée à son paroxysme, mais à bon escient, car la somme de ces quelques détails de personnalisation distingue notablement l’Arkana des autres véhicules.
Pousser les ingénieurs parfois dans leurs retranchements et hors de leurs habitudes n’est pas sans risque. «
L’ADN de Renault c’est de s’ouvrir à tout le monde » et de surcroît « partager ses innovations ». Alors quand on a la chance d’œuvrer dans l’une des meilleures usines au monde, il faut être encore plus exigeant. Sur la finition de son produit,
François Laurent n’est pas peu fier de nous le faire constater. Et cela saute aux yeux, notamment lorsque l’on observe la géométrie de la caisse, la qualité perçue des pièces jusqu’aux moindres ajustements.
Il effleure l’épaule arrière, mettant en avant cette sculpture, qui donne « la force et cet élan de dynamisme » à la voiture et son profil dessiné qui donne la jupe.
L’amour du travail bien fait
Tel le chef Philippe Etchebest, il sort une carte de crédit pour vérifier l’affleurement et nous prouver le soin du montage de la carrosserie : « quand tu regardes le jeu, c’est constant ! A contrario, quand on regarde les voitures dans la rue, on pleure ».
On boit ses paroles. Plus qu’un éloge de l’
Arkana, il s’agit d’une allégorie de l’amour et de la féminité. Et c’est à cet instant que l’on comprend qu’Arkana représente bien plus qu’une simple émotion. Alors on repose la question sur ce qui se cache réellement derrière le nom Arkana et
François Laurent finit par avouer : «
mes grandes amours avaient toutes des prénoms qui se terminent par un A ».
Son icône automobile de référence reste la
Renault R16 dont on perçoit la similitude avec le hayon et ses lignes puis son empattement, qui autrefois étaient proposés en rupture dans une société conservatrice. Cette voiture familiale emblématique a permis de partir en vacances, en camping.
Le Full Hybride
Toujours aussi surprenant, cette
hybridation permet de faire les 300 premiers mètres en électrique. Le moteur s'actionne dès que l'on passe les 20 km/h. Mais tou se fait subtilement, sans à-coups, de façon quasi imperceptible. Équipé d’une boîte de vitesses vitesses automatiques et couplé au moteur électrique, l'ensemble gère tout seul la récupération l’énergie lors du freinage. La voiture et ses suspensions absorbent notablement les aspérités de la route. Sur l’aspect sécurité et précision de conduite, c’est encore un sans faute pour l’
Arkana qui permet de se délecter du plaisir de reprendre la route sans ressentir la fatigue au volant.
Le gabarit se fait très rapidement oublier dès les premiers mètres et l’ensemble des radars et la caméra de recul vous permettent aisément de vous faufiler dans des chemins tortueux ou qui d’apparence n’invitent pas à l’accès. Bien qu’elle ne soit pas à transmission intégrale, elle n’est pas farouche et s’aventure aisément sur des chemins de campagne et de forêt puis invite spontanément à l’emmener encore plus loin.
De surcroît, ce qui contribue au plaisir notable lorsqu’on est au volant de l’
Arkana, c’est cette foultitude d’éléments liés au R-Link comme le rappel de la navigation dans l’affichage tête haute avec la limitation de vitesse sur la route empruntée. L’ergonomie et l’intelligence des boutons pour régler ou changer la radio, changer de vue sur l’écran de bord et afficher les informations qui vous importent. Bref, ces petits détails qui permettent de se concentrer tout simplement sur la route sans se perdre dans les commandes ou autres sous-menus.