Essai aston martin db9 gt coupe gt au grand coeur

Ce choix n’est pas anodin, puisque l’Aston Martin DB9 est sur le point de disparaître du catalogue, emmenant avec elle son noble V12 atmosphérique. Alors, avant de voir ce que nous offrira le V12 5,2 litres biturbo de la nouvelle DB11, j’ai voulu, une dernière fois, prendre le volant de l’élégante DB9.

Élégante, c’est bien le terme, lorsqu’on découvre cette ligne intemporelle, tendue et anguleuse, son avant plongeant, son profil racé, ses ailes larges et sa poupe musclée intégrant deux sorties d’échappement. Même habillée d’un triste gris foncé, son dessin aussi fluide que dynamique allie à merveille la classe et le sport, nous invitant à pénétrer dans un monde luxueux.

C’est d’ailleurs ce que je m’empresse de faire. J’appuie sur l’extrémité gauche de la poignée afin de la faire sortir puis tire dessus pour ouvrir la portière. Cette dernière s’ouvre légèrement vers le haut dans une cinématique propre à la marque. Ceci fait, une douce odeur de cuir m’envahit, m’invitant à venir m’installer dans un superbe siège baquet. Adepte d’Oscar Wilde, je respecte un de ses célèbres aphorismes en cédant à la tentation, sans aucune certitude, cependant, de m’en libérer par la même occasion.

La première impression est le besoin d’un peu d’espace, ce dernier se faisant très juste pour les personnes de plus de 1,85 m. Mais bien que mesurant nettement plus, je me sens à mon aise dans cet intérieur à la présentation de qualité supérieure : beauté et confort des sièges, cuir du sol au plafond en passant par la planche de bord et, pour finir, surpiqûres contrastantes du meilleur effet. La console centrale se pare d’une laque de piano noire, plutôt jolie, mais souffrant très rapidement de la poussière et autres traces de doigts, principalement au niveau des boutons tactiles. L’intérieur des portes est également habillé de cuir, à l’exception des accoudoirs — intégrant les poignées de porte — eux aussi laqués noir. Ces derniers affichent une visserie apparente qui tranche singulièrement dans l’habitacle cossu de cette GT à 190 000 € hors options. Je sors de la voiture, contemple de nouveau la ligne somptueuse de « ma » DB9 GT et finalement oublie totalement ces petites vis !

Trêve de tergiversations, j’y retourne, insère la jolie clef au milieu de la console centrale et la presse dans la foulée. Les 48 soupapes se mettent en action, permettant aux 12 cylindres en V de prendre vie avec vigueur. Je tire la palette de droite et prends la direction du Vexin pour profiter de ses routes aussi sinueuses que désertes. Je sors de Paris sans encombre, le temps d’appréhender les dimensions, la visibilité moyenne et le grand rayon de braquage puis emprunte l’A15.

Là, le confort de roulement se révèle très satisfaisant et le moteur se montre peu sonore, j’en profite donc pour faire le tour du propriétaire, à commencer par le système d’infodivertissement. Ce dernier, complet, n’est pas immédiatement logique, mais s’appréhende assez rapidement, sans pour autant être particulièrement ergonomique. Le petit écran à la résolution assez basse marque le pas face à la concurrence. De son côté, le système hi-fi, malgré de très nombreux réglages que je ne prends pas le temps de changer, n’arrive pas à pleinement me convaincre avec une restitution du son parf... Gazzzzzzz ! Non, il n’y a en fait aucun problème concernant le son et si sur le papier les deux haut-parleurs incrustés dans le pare-chocs arrière étonnent, dans les faits ils sont terriblement efficaces !

Après un petit appui sur le bouton sport, je libère davantage le V12, qui se met instantanément à gronder. L’autoroute étant presque vide à cette heure-ci, je rétrograde et réduis ma vitesse autant que possible avant d’enfoncer la pédale de droite d’un coup. Les 620 Nm et  547 ch de cette DB9 GT (30 de plus que dans la version de base) propulsent les 1 800 kg tandis que le ronronnement rauque du V12 se transcende lors de cette accélération fulgurante. Je pourrais ainsi continuer jusqu’à 295 km/h, mais un certain amour de mon permis de conduire me retient. Le moteur offre une remarquable élasticité et sa linéarité convient bien au type GT de la DB9.

Sur les routes sinueuses, l’équilibre de l’Aston Martin s’avère exceptionnel et autorise une conduite très dynamique, restreinte par le poids élevé et le train avant qui finit par chercher de l’adhérence. Mais n’oublions pas qu’il ne s’agit pas d’une pure voiture de sport, mais d’un coupé Grand Tourisme luxueux, confortable et surtout généreux. En effet, si la bande-son m’offre un plaisir non dissimulé au volant, c’est à l’extérieur que ce plaisir acoustique est le plus délectable et nombre de passants m’en remercient encore.

Au final, cette Aston Martin DB9 GT n’est pas parfaite et ses performances n’ont rien d’extraordinaire, pour preuve le 0 à 100 km/h en 4,5 secondes. Mais une Aston Martin, c’est un chef-d’œuvre esthétique, une présentation qui ne laisse personne indifférent et un V12 qui a un effet thaumaturgique, faisant oublier jusqu’au moindre défaut dès lors que l’on fait appel à ses services.

Note : 17/20

Bien vu :
- V12 d’anthologie
- Sonorité démoniaque
- Design à l’instar des diamants, éternel.

À revoir :
- Places arrière inutiles
- GPS « d’époque »