Essai Datsun 240Z : une véritable Lady

1971 : cette année-là …

James Douglas Morrison dit Jim Morrison, mourra à Paris dans son bain à l’âge de 28 ans. Alan Shepard, astronaute de son état, joua au golf sur la lune. 500 000 manifestants (hippies, objecteurs de conscience et vétérans) se sont retrouvés à Washington pour dénoncer la guerre du Vietnam commencée en 1964. 1971 est également l’année de naissance de notre Datsun 240Z. Cette Fairlaidy Z a donc 44 ans et toutes ses dents. Une jeunette en somme !

Premier contact …

C’est au siège de Nissan France, plus précisément dans leur parking sombre, qu’elle m’attendait. Juste à côté d’elle, la nouvelle Nissan Pulsar. A priori rien d’impressionnant mais pourtant la berline compacte lui rend 14 cm de largeur. Notre Datsun est encore plus frêle que ce à quoi je m’attendais.

Ses lignes sont d’une élégance et d’une fluidité rare. La 240Z offre un caractère typique des GT de la fin des années 60. Elle mélange, les courbes gracieuses et sensuelles d’une belle italienne avec les lignes franches et longilignes d’une anglaise. Le capot, qui semble interminable, évoque explicitement la Jaguar Type E, notamment avec les phares ronds encastrés en retrait de la calandre.

Vue de dos, la 240Z est pour le moins, virile. La poupe s’inspire de celle d’une Ferrari 275 GTB, en plus cubique, un effet encore accentué par ses optiques rectangulaires, son panneau arrière peint en noir, tout comme le large aileron en queue de canard et sa sortie d’échappement proéminente.

240Z, une beauté intérieure …

Dans l’habitacle, on trouve tout ce que l’on peut attendre d’une automobile de cet âge avec un tableau de bord moussé qui laisse apparaître en son centre trois tachymètres, des sièges de couleur rouge offrant une position de conduite semi-couchée et un grand volant trois branches avec une fine jante en bois . Plus bas, on retrouve les commandes du chauffage, puis l’autoradio K7, pour finir sur le splendide levier de la boîte de vitesse avec son pommeau en bois. L’instrumentation s’avère complète avec des commodos et des tirettes permettant d’ouvrir, depuis l’intérieur, le coffre ou la trappe à essence.

L’ambiance intérieure se révèle véritablement singulière car la Datsun 240Z est entièrement recouverte de skaï rouge. On le retrouve sur la sellerie à motif matelassé, sur le tunnel central, sur les passages de roues et dans le vaste compartiment à bagages. Mention spéciale aux aérateurs ronds argentés, vraiment « vintage » et élégants.

Première émotion …

Difficile de s’imaginer au volant d’une auto vieille de quarante ans. Pourtant, je me suis vu m’installer derrière son volant et harnaché avec une ceinture 3 points un peu branlante. J’enfile mes gants de conduite et je tourne la clé. Le son du 6 cylindres en ligne gavée par des carburateurs produit immédiatement son effet. Ce sont bien des vocalises à l’ancienne qui sortent de l’échappement. Une sorte de mélange entre des bruits métalliques aigus et des sons de contrebasse, bien graves. Un envoutement mécanique qui en plus, laisse s’échapper des ratés, offrant encore plus de cachet à la prise en main.

Pour enclencher la première, il faut avoir la main droite ferme et y aller franchement. Il faut se rendre à l’évidence après quelques kilomètres seulement, cette Datsun sollicite autant le corps que l’esprit. Pas question de la conduire. Il faut la piloter ! Pour en tirer sa quintessence notre 240Z réclame un certain savoir-faire. C’est une propulsion et son 6 cylindres monte très facilement dans les tours. Un exercice d’autant plus aisé que la belle japonaise ne pèse que 1045 kg.

Que du bonheur !

La Datsun, s’accommode pleinement de l’exercice autoroutier, mais son véritable terrain de prédilection reste les départementales et les petites routes de campagne qui courent à côté des champs de colza, ondulant de droite à gauche et de bas en haut. Un terrain de jeu qui se transforme rapidement en une diabolique piste d’essai, pour dire vrai.

La petite GT, avec ses suspensions souples, avale toute les imperfections de la chaussée et permet de sentir pleinement les transferts de masse. D’un coup de volant, la 240Z pivote instantanément en faisant gémir ses pneumatiques. Un autre coup dans l’autre sens et me voici en plein contre braquage. Les freins s’accommodent parfaitement des enchaînements rapides, ils ne demandent que de quelques secondes pour refroidir après dix bonnes minutes de rallye.

Pour atteindre son « meilleur », il faudra au pilote maîtriser le « talon pointe ». Les rapports montent rapidement, mais au rétrogadage, il est nécessaire de relancer les gaz pour ne pas bloquer la boîte de vitesses et les roues arrière. La tenue de cap quant à elle est sans surprises, le nez suivant parfaitement les impulsions données au volant. Bref, une véritable GT !

Datsun : Le charme agit !

Et en ville me diriez-vous ? Si sur la route, la Datsun est facile d’utilisation, il reste le délicat passage des pavés parisiens. Un endroit où bon nombre d’automobiles actuelles laissent le conducteur et ses passagers circonspects par l’inconfort des suspensions. La Datsun nous dispense de ce désagrément. Ses suspensions, contrairement à nos attentes, se sont révélées des plus confortables.

Pour finir mentionnons un effet inattendu. Lors de la séance de photos avec Gilles, notre photographe, nous n’avons cessé d’être interpellés par les badauds, pour savoir : « qu’elle est cette superbe auto ? », « qu’elle âge a-t-elle ? » et ceci sans compter le nombre de regards de la gente féminine, qui semble avoir été séduite par le caractère à l’ancienne de notre Datsun. Un vrai piège à filles, un piège tabou, un joujou extra qui … vous connaissez la suite.