La marque AC ne saurait vivre sans elle. Elle, c'est la légendaire Cobra. Un bolide hors normes, venu d'une autre époque. Pourtant la petite marque britannique ne peut user de ce patronyme, car c'est un autre qui en revendique la paternité.
Au début des années 60, c’est Carroll Shelby qui métamorphosa le sage roadster anglais, propulsé par un petit 6 cylindres, en monstre. Son idée, toute américaine, a été de troquer le moteur d’origine pour un gros et puissant V8 Ford. Quelques années plus tard et après avoir remporté les 24 heures du Mans, l’AC Cobra entra dans le Panthéon des voitures de sport.
La descendante est devant nous
En 2014, AC Automotive produit l’héritière de cette légende dans un petit atelier en Allemagne. Cette AC Mk VI GT est entièrement produite à la main et demande plus de 1000 heures de travail pour la réaliser. Bien qu’inspirée par son ancêtre « la nouvelle Cobra » fait appel aux technologies modernes avec : un châssis tubulaire, une carrosserie en époxy d’aluminium, des suspensions KW issues des monoplaces de formule 1, d’énormes freins Brembo et des pneus spécialement développés par Michelin. Seule la ligne intemporelle et bestiale s’affranchit de la moindre retouche. Le profil est ramassé, les ailes sont bombées, le capot est interminable et les sorties d’échappements sont sur le côté. Pour son habitacle le constructeur joue encore avec ce mélange de modernisme et de classicisme. Système d’info-divertissement, climatisation, sièges chauffants et pédalier réglable électriquement en profondeur pour le côté moderne. Habitacle recouvert entièrement de cuir, compteur central, multiples manomètres chromés, volant en aluminium et bois pour le style rétro.
Toujours un cœur made in USA !
Sous le capot, le bolide troque le vieux V8 Ford au profit d’un Big Block de Corvette C06, développant 437 chevaux et 585 Nm de couple avec ses 6,2 litres de cylindrée. Pourtant sur la balance ce Cobra ne revendique que 1050 kg, soit un rapport poids-puissance de 2,40 kg par cheval. C’est donc mieux que la référence des super-car actuelles, la Ferrari 458 Italia qui avec son V8 de 570 chevaux pour une masse en ordre de marche de 1380 kg ne peut revendiquer que 2,42 kg/ch.
Cette AC Mk VI GT, est-elle aussi violente qu’une Cobra d’époque ?
Rien de tel que la piste de 3,5 km du circuit de Chenevières et ses virages en dévers pour tenter d’exploiter, dans ses derniers retranchements, la cavalerie du bolide. Le rendez vous est donc pris avec l’importateur Européen « Formula Automobiles » pour mon plus grand plaisir.
Farouche la bestiole !
La position de conduite est très allongée, on se croirait dans une baignoire. L’AC Cobra de nouvelle génération, ne renie pas ses origines. C’est une voiture virile ! Pas de direction assistée, ni d’ABS encore moins d’anti-patinage. Pour enfoncer l’embrayage, mieux vaut avoir de bons muscles tellement la pression a exercer est importante. On pilote bien une voiture de course ! D’ailleurs, on ressent parfaitement le tarmac grâce à la direction directe et précise. Quelque soit le rapport engagé, les poussées sont stratosphériques. Les vertèbres craquent, les tympans bourdonnent, les muscles se tétanisent ! Vouloir atteindre les 278 km/h en vitesse de pointe, annoncée par le constructeur, ne tient pas du courage mais de la folie furieuse car à plus de 200 km/h, une véritable tornade envahit l’habitacle.
Bon, c’est mon dernier tour, j’envoie au maximum. Première à fond, 60 au compteur, je passe la seconde. 4 secondes après le démarrage et à plus de 120 km/h on arrive au rupteur pour enclencher la troisième. L’aiguille du compteur de vitesse s’affole ! A peine le temps de la regarder qu’il faut passer la quatrième alors que l’on vient d’atteindre les 165 km/h. En quatrième, le bolide est encore en train de me plaquer au siège mais la courbe arrive et il faut attaquer la pédale centrale avec brutalité, sans pour autant bloquer les roues au risque de tirer tout droit vers le rail de sécurité … Les réactions de la Cobra sont violentes et parfois imprévisibles. C’est une auto exigeante qui n’apprécie pas l’à peu près. Pour apprivoiser la cavalerie déchaînée, il faut beaucoup d’humilité car au moindre petit emballement sur l’accélérateur, le train arrière passera rapidement devant.
Conclusion:
Une voiture de plaisir pur !
Prendre les commandes de l’AC Mk VI GT, c’est replonger dans une époque où l’automobile se vivait avec passion et, où le conducteur du dimanche se transformait en pilote chevronné, à chaque virage. Oui, nous disposons là d’une voiture sensationnelle, dans tous les sens du terme. On glisse, on se bat avec le volant, bref c’est « l’éclate » totale mais voilà bien une auto à ne surtout pas mettre entre toutes les mains. Un Cobra comme celui-ci ne se dompte, s’apprivoise et se façonne qu’avec l’expérience.
AC construit seulement 12 exemplaires de Mk VI par an. C’est peu et il faudra attendre plus de six mois et faire un chèque de 116.500€, pour prendre les clefs de ce bolide aussi farouche que glamour.
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