Avec une production en très petite série, seulement 1 000 exemplaires... prendre le volant de la plus extrême des Ford jamais construite n'est pas chose aisée. Alors lorsque Ford France proposa à l'un d'entre nous de monter à bord, même pour seulement trois petits tours de pistes, ce fut la foire d'empoigne... et j'ai gagné !
Ford GT : Petit récap !
C’est il y a 50 ans que Ford bouleversa le petit monde de l’automobile sportive en gagnant les 24 heures du Mans, au nez et à la barbe del
Commendatore et de sa
Scuderia. Il y a maintenant deux éditions, le constructeur américain eut la bonne idée de nous refaire le coup, en remportant Le Mans dans la catégorie
GT.
Avec un
V6 biturbo de 647 chevaux, une coque carbone, une aérodynamique prévue pour la piste, des dimensions plus proches de la soucoupe volant que d’une
GT, on ne pensait pas que la firme puisse l’homologuer pour la route… Et pourtant.
Ford GT : Un air de famille, mais pas que…
En 2005, Ford nous faisait déjà le coup de la réinterprétation de sa GT avec un design singeant celui de sa devancière. Avec ce nouvel opus, les ingénieurs se sont éloignés, autant que faire se peut, de l’icône GT40. C’est qu’ils se sont concentrés sur la performance plus que sur la nostalgie ! Par exemple, il sera compliqué de trouver autre chose que du carbone et de l’aluminium, tant l’essentiel de l’auto est composé de ces matériaux. La carrosserie est comme taillée pour fendre l’air aussi nettement que possible. Avec ses multiples écopes, les flux aérodynamiques sont canalisés pour aspirer la GT sur le tarmac.
Dans l’habitacle, c’est petit, très petit même. Ford annonce qu’il sera impossible aux plus d’un mètre quatre-vingt de s’y installer. Le « plafonnier » est vraiment très bas. Par contre, le petit volant est magnifique, et s’inspire des GT3 avec sa multitude de boutons et de poussoirs. Les sièges sport sont du plus bel effet, alors que la planche de bord et l’instrumentation soutiennent la critique. C’est propre, sobre et bien ajusté.
Ford GT :En quelques chiffres…
Avec une masse de 1 385 kg et son
3,5 L V6 biturbo EcoBoost de 647 chevaux implanté en position centrale, la
GT jouit d’une répartition des masses équilibrée. Le bolide annonce un 0 à 100 km/h expédié en à peine 3 secondes et une vitesse de pointe de 347 km/h en pointe. Des chiffres bien dignes des meilleurs supercars italiennes et allemandes !
L’histoire retiendra que ce monstrueux V6 est une version retravaillée du moteur propulsant le célèbre pick-up :
F150 Raptor.
Ford GT Trois petits tours…
Le nombre de
Ford GT étant limité, les responsables de la firme américaine ont également limité les risques en mettant un de ces deux bolides à ma disposition sur la piste du circuit Michelin de Ladoux, près de Clermont-Ferrand, et cela pendant trois tours.
Il faut d’abord s’installer. Pour y arriver, un petit échauffement et 5 minutes de yoga sont préconisés, car en levant les portes en élytre, il faut littéralement se contorsionner et maîtriser le grand écart. Une fois installé dans la supercar, il faut encore composer avec des assises de siège sport fixes. Pour avoir les pédales à la bonne distance, il faut l’ajuster via un système coulissant. Pas très pratique !
Mais qu’importe, la mise à feu du missile me fait tout oublier pour me plonger immédiatement dans l’univers de la course. Cinq modes de conduite sont proposés : Normal, Sport, Track, V-Max ou Wet. Vu que je n’ai droit qu’à trois petits tours d’essai, j’ai de suite choisi de prendre la mesure de la bestiole avec le mode Track.
La piste d’
essai de Michelin mise à notre disposition n’est pas faite pour un tel bolide. Avec ses 11 virages sur 2 770 mètres de longueur, je n’aurai pas le loisir de vérifier les 347 km/h de la Vmax. Par contre dès les premières courbes rapides, le train avant affiche une adhérence assez ahurissante.
Conséquence du très gros appui aérodynamique, la coque carbone résonne au moindre changement de direction. C’est du brut de décoffrage, tout comme les freins en carbone-céramique qui stoppent littéralement la
GT à la moindre sollicitation. Avec eux, il vaut être tout doux, sous peine de se retrouver en une fraction de seconde dans le pare-brise.
À l’accélération, je joue avec les palettes comme avec des gâchettes de jeu vidéo. Les 7 rapports de la boîte de vitesses montent ou descendent à la vitesse de l’éclair. Le compteur de vitesse s’affole et dévoile des chiffres ahurissants en un petit laps de temps. Question mélodie, elle chante comme une diva digne de son rang.
Bref… Au deuxième tour, je tente de pousser encore un peu plus, mais je sens bien qu’à la moindre intempérance de la pédale de droite, le
V6 me fera très vite comprendre qu’il n’est pas du genre à plaisanter. Le train arrière ne demande qu’une chose, passer à l’avant. Cela dit, le retour d’info dans les hanches est tel que je sens de suite le coup venir. Assez pour corriger, sans devoir me battre avec le volant. Je commence à peine à la ressentir que le tour de refroidissement pointe le bout de son nez…