Goodwood festival of speed 2016 les fous du volant

Il y a quelque chose d'ahurissant au Royaume-Uni. Alors que des étudiants du West Dean College s'appliquent minutieusement à la restauration d'?ìuvres d'art, dans le silence religieux qui règne au c?ìur du campus, non loin de là se déroule un étrange manège. En effet, une interminable procession de voitures de luxe, de sportives et de supercars patiente pour atteindre le Festival de vitesse de Goodwood.
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« Mais qu’est-ce que c’est que ce cirque ??? » s’écrie, de l’extérieur, un touriste surpris par le bruit des moteurs ronflant de concert. Il serait d’autant plus surpris de voir, à l’intérieur, ce fourmillement d’Anglais tous plus mordus d’automobile les uns que les autres. Lorsqu’on déambule à travers les paddocks, on se croirait perdu entre le salon Techno Classica et le Mondial de l’automobile… Des voitures hors du commun, des anciennes au look « caisse à savon » et d’autres bolides, plus futuristes, prêts à s’envoler.

Sur un air de Techno Classica et du Mondial de l’automobile

Comment savoir que vous êtes bien au Royaume-Uni ? Il suffit d’observer ces nombreux gentlemen, vêtus de leur costume en tweed à carreaux, chaussant fièrement de hautes bottes de pluie en caoutchouc. « Oh Lord, it's fantastic ! », distingue-t-on dans le brouhaha, il n’y a pas de doute, nous avons bel et bien pénétré dans le « Super paddock ». Le cortège de visiteurs s’incline dans tous les sens devant les supercars pour essayer d’obtenir une photo correcte, mais en vain. La team s’active tous azimuts. Pendant que des mécanos changent les roues, d’autres bichonnent le moindre recoin de leur voiture : c’est beau l’amour !

Dans les allées, des commissaires de pistes hurlent « libérez le passage, s’il vous plaît ! ». Aussitôt, la foule s’écarte et laisse la voie libre à d’étonnantes voitures comme cette Alfa Romeo 8C 2300 Monza ou encore une Fiat 834 Isotta Fraschini 200HP Special datant de 1905. L’émotion gagne rapidement les seniors qui admirent les bolides avec nostalgie. Les moteurs rivalisent d’éclat et de sonorité... Loin de l’esprit lourdaud de la bagnole, les équipes peaufinent les derniers réglages avant la course. Trois coups d’accélérateurs pour récompenser les plus connaisseurs, puis l’atmosphère devient rapidement irrespirable.

Des voitures hors du commun, des anciennes au look « caisse à savon » et d’autres bolides, plus futuristes, prêts à s’envoler

La colline de Goodwood c’est 1,866 kilomètre comportant neuf virages où les véhicules doivent enregistrer le meilleur temps. Certains jouent le jeu à fond, d’autres savourent le moment et profitent des quelques kilomètres pour saluer ou amuser la galerie. La foule venue admirer les voitures se promet un beau torticolis. L’avantage avec Goodwood, c’est qu’on peut observer le cortège des voitures qui arrivent dans l’autre sens pour prendre le départ : la couleur est annoncée.

Suivre la course vous transporte dans une autre dimension, mais relève également du sport. Les spectateurs vont passer leur temps à fixer le grand écran qui retransmet la course, puis tourner la tête aussi vite que possible pour voir le bolide arriver à toute allure, puis retour au grand écran, etc. Les plus aguerris vous conseilleront de vous fier au bruit : plus ça hurle, plus il faut se concentrer sur la piste pour accompagner le bolide. Crissements de pneus, drifts, voitures monstrueuses aux sonorités plus qu’inquiétantes, alternant avec les moteurs hurlants de Formule 1 d’époque mis en contraste avec des monoplaces de Formule E, tout ceci a pour résultat une dissonance burlesque… On se croirait dans une reconstitution de la série Wacky Races (les Fous du volant).

Au Royaume du monde automobile, les Anglais sont de vrais sorciers

Même les nombreuses Ladies, complètement détachées du monde automobile et qui, pour accompagner leurs maris, assistent médusées à cette parade incessante d’autos, se sont prises au jeu. Le Festival de vitesse Goodwood a sans doute cet effet de catharsis sur le spectateur qui se projette à la place du pilote, s’imaginant faire toutes ces acrobaties et cascades sur route ouverte.



On retiendra l’éblouissante performance de Ken Block à bord de la Ford Fiesta RX43, driftant à travers la piste et ne pouvant s’empêcher de faire quelques donuts, histoire de laisser une trace de son passage ; le mystérieux passage de la F-150 Raptor avec à son bord Ben Collins, l’ancien Stig ; la fameuse Ford GT multicolore à l’allure fantastique — nous rappelant celle dont on a rêvé depuis tout petit —, et qui a pris le temps de saluer les spectateurs, leur offrant ensuite un beau départ canon. Pour finir, on a noté l’apparition très remarquée, pour la première fois, de la nouvelle Bugatti Chiron, un bolide de 1 500 chevaux bridé à 420 km/h, piloté par Andy Wallace.

« Vous partez déjà ?! » m’interpelle une hôtesse. « Hélas oui, il est déjà l’heure de partir… » lancé-je dépité. « Vous revenez pour le Goodwood Revival ? » Rendez-vous est pris pour septembre. L’occasion de prolonger la nostalgie, accompagné de légendes du pilotage et de nombreuses célébrités apprêtées en costume d’époque pour revivre les courses d’antan avec ce petit plus qu’apporte l’élégance anglaise.

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