Indycar les frenchies a la conquete de l amerique

En circuit, le sport automobile est divisé en deux continents bien distincts. D'un côté l'Europe et désormais l'Asie et les pays du pétrole, de l'autre les USA et à un degré moindre le Canada. Tout ça ne date pas d'hier. Si on a connu quelques champions du monde de Formule 1 venus d'outre Atlantique, Phill Hill (1961), Marion Andretti (1978), on ne peut pas vraiment dire que la discipline qui domine le monde soit si populaire que ça sur le continent nord américain. La preuve en est donné avec la relative discrétion dans laquelle se déroule les Grand Prix des USA. Pour les fans américains, ces drôles de petites voitures et ces bizarres Européens sont bien trop sophistiqués, compliqués, bref non américains. Ce qui branche le cow boy du Texas ou les prolos de Chicago, c'est la bagarre. La vraie. Celle qui fait voler les pièces de carrosserie et qui explose le carbone. C'est sans doute dans les gênes des descendants des pionniers. Et puis s'il y a un truc qui n'embarrasse pas les Américains, c'est bien la technique. Pourquoi aller chercher des chevaux et du rendement alors qu'il suffit, c'est une longue tradition, de vitaminer un gros moteur pour aller chercher au bas mot les 650 chevaux garantis Cavalerie Yankee. Forcément, les Européens se sont senti longtemps éloignés du sport auto made in USA.

Dans les années soixante, quelques stars vinrent pourtant y glaner quelques morceaux de gloire comme Graham Hill, le ''so british'' pilote Lotus qui l'emporta aux 500 Miles d'Indiapolis 1966 devant Jim Clark. Jacky Stewart était aussi de la partie. Pour le reste, tous les pilotes étaient nord américains ! Cette année au départ de la célèbre classique, les américains ne composaient que le tiers du plateau. Les autres pilotes venaient de partout avec, bien entendu, beaucoup d'Anglais-ses (5), mais aussi de Français puisque nos compatriotes étaient aussi nombreux que les Brésiliens (3).

Indy, une tradition française et une belle perspective de carrière

Simon Pagenaud, Sébastien Bourdais et Tristan Vautier marchent donc ainsi sur les traces de Peugeot. La marque sochalienne a débarqué en effet à Indy en 1913 et a mis à mal la concurrence locale. La marque franc-comtoise réédita son exploit en 1916 et 1919 devenant au début du XX ème siècle une véritable référence sur les terres des pionniers. Et puis insensiblement, les routes des sports automobiles européens et américains se sont séparées sans doute pour longtemps. En 2013, la F1 reste incroyablement onéreuse et techniquement avant-gardiste. L'Indycar, quasiment son équivalent US est, elle, d'une redoutable simplicité. Carrosserie et aéro unique (Dallara quand même), deux marques de moteur (Chevrolet et Honda) et roule l'Indycar !

Pour bon nombre de pilotes un peu en délicatesse avec une carrière continentale aux perspectives souvent bouchées, beaucoup d'Européens tentent leur chance chez l'oncle Sam. La F1 compte un nombre fort réduit de baquets. Les uns réservés aux talentueux, les autres dévolus aux pilotes disposant d'appuis sonnants et trébuchants. Alors même si Bourdais fit un passage parmi le nec plus ultra de la compétition européenne, chez Toro Rosso, il ne put le faire qu'après avoir gagné ses galons aux USA, en Champcar, un championnat désormais intégré dans la série Indy. Simon Pagenaud a dû lui s'expatrier très jeune tout comme Tristan Vautier. Les deux ont gagné l'Indyligth, l'antichambre du prestigieux championnat US. C'est ainsi qu'ils se sont vu offrir une bourse, substantielle et donc un volant.

Les résultats des ''Frenchies'' sont loin d'être quantité négligeables en Indycar puisque désormais, avec la victoire de Pagenaud à Détroit et les récents exploits de Bourdais à Toronto. Les grands médias français, bien évidemment, n'en pipent mot. Pourtant, les Américains ne restent pas insensibles à ces prestations d'autant que depuis des lustres le festin US est partagé entre deux teams, Ganassi et Penske, deux vétérans des circuits nord-américains, qui trustent les victoires dans toutes les séries qu'ils animent avec leurs équipes. Bourdais a un demi pied chez Penske mais c'est au Dragon Racing, l'écurie de Jay Penske, le fils de Roger. Pas encore tout à fait l'idéal pour qui veut être titré en Indycar.

Simon Pagenaud et Tristan Vautier sont tous les deux chez Schmidt-Peterson Motorsports, une écurie bien moins huppée que celles des deux ''papies'' de l'Indy. Pour l'instant ça va très bien donc pour Simon qui pointe à la cinquième place du classement tandis que Bourdais vient d'empocher les points d'une deuxième et d'une troisième place sur le circuit routier de Toronto. Tristan est lui peu à la peine il termine son année d'apprentissage et nul doute qu'il sera opérationnel en 2014.

Il reste six courses dont cinq sur circuit routier. Un atoût dont les Français aimerait bien profiter. On les sait bien moins à l'aise sur les ovales qui restent, eux, la spécialité américaine par excellence. A l'heure oùles perspectives se bouchent en F1, l'alternative américaine reste la solution, avec l'Endurance pour un carrière professionnelle en circuit. à condition d'aimer le Coca et la démesure yankee. Mais aussi les dollars qui vont souvent avec.

Les dernières courses à venir en 2013 :
4 août : Mid-Ohio (routier)
25 août : Sonoma (routier)
1er sept : Baltimore (routier)
5 octobre : Houston (routier)
6 octobre : Houston (routier)
19 octobre : Chicago (ovale)

Le classement après Toronto :
1. Castroneves (Brésil) 425 pts ;
2. Dixon (NZ) 396 pts ;
3. Hunter-Ray (USA) 356 pts ;
4. Andretti (USA) 355 pts ;
5. Pagenaud (France) 309 pts...
16. Bourdais (France) 223 pts ; ...
20. Vautier (183 pts)