Spa le joyau ardennais

S'il est un tracé qui fait l'unanimité en sport mécanique, toutes disciplines confondues, c'est bien le circuit de Spa. Au beau milieu de l'Europe, en moins de trente kilomètres, on parle néerlandais, wallon ou allemand. En plein milieu de cette partie de la Belgique qui vit se dérouler la bataille des Ardennes, derniers combats avant que ne s'ouvrent les portes de la Ruhr industrielle pour les alliés.

Plus près de nous, Francorchamps est devenu sans doute le passage obligé de tout pilote qui veut prouver qu'il vaut quelques investissements de sponsor. Pour ma part, j'ai toujours l’œil fixé sur les performances des aspirants champions du côté de Malmédy et Stavelot. Si quelques garnements aux relations solides et aux appuis substantiels peuvent faire illusion sur des circuits aseptisés, ils ne peuvent tricher à Spa. Même si depuis quelques années, la FIA et Ecclestone s'efforcent de dénaturer sa spécificité, deux ou trois passages restent des juges de paix intransigeants. Alors ceux qui vont bien à Spa iront bien partout.

Une seule solution pour vraiment s'en rendre compte : aller sur place ! Impossible, même dans les jeux vidéo les plus sophistiqués de ressentir quoique ce soit en bas du Raidillon par exemple. Qui porte bien son nom puisque à pied, la pente est rude. Les moins sportifs ont même du mal à monter sans prendre de grosses respirations.

C'est vous dire si la sensation à bord d'une F1 doit être époustouflante lorsqu'il s'agit d'aborder ce géant du pilotage. En fait, c'est une énorme compression. Corde à gauche et visée du point de sortie là-haut presque à l'aveugle dans le bruit infernal du moteur en pleine charge tandis que la coque passe à moins d'un millimètre de l'asphalte. Ça frôle, et quelquefois même ça tape dans une gerbe d'étincelle. Passer l'Eau Rouge à fond, l'autre nom du Raidillon, c'est à coup sûr gagner les galons du Grand. Jacques Villeneuve en a fait le juge suprême. Un spécialiste puisqu'il se sortit deux fois en haut du raidard belge ! Ah le dépassement de Raïkkönen sur Schumacher ! Celui qui peut ici passer à fond peut s'en aller partout dans le monde avec une confiance inébranlable. Le Raidillon, c'est le Graal de tout pilote de course.

Puis ensuite il faut passer '' Kemmel '', Les '' Combes '' avant de plonger en passant '' Bruxelles ''. Le double gauche de '' Pouhon '' n'est pas lui non plus à piquer des hannetons tandis que se profile '' Stavelot''. Puis c'est '' Blanchimont '' un drôle de truc qui n'est ni une ligne droite et même pas une courbe mais qui vous fait dériver comme si la force centrifuge était, juste à cet endroit décuplée et difficilement contrôlable. La chicane, c'est là que les plus agressifs tentent le dépassement avant de passer devant les stands et s'en aller vers la '' Source '' pour de nouvelles et trépidantes aventures. Mais plus que partout ailleurs, Spa c'est avant tout une ambiance. A part Le Mans et Monaco,, aucun autre circuit ne fait vivre une telle plongée dans la course. Les spectateurs sont littéralement ''immergés'' et un Grand Prix de Belgique, pour les spectateurs aussi est un moment d'une rare intensité.

Et ''pouis'' il y a nos amis belges. Incomparables, accueillants, toujours prêts à rendre service, et tellement heureux d'avoir à leurs portes un des plus grands monuments du monde des sports mécaniques (c'est un Manceau qui le dit). Même si ce n'est pas pour un Grand Prix, trouvez vous le temps de passer par Francorchamps alors que s'y déroule une épreuve de sport mécanique. Cela restera comme l'un des souvenirs les plus émouvants de votre vie de nouvel aficionados du sport automobile. Et si vous avez déjà le virus, forcément, un jour ou l'autre vous irez manger une frite mayonnaise du côté de Francorchamps.