Avec 1,5 milliard d'€, Stellantis se met à l'heure chinoise en intégrant Leapmotor

Stellantis voit loin, très loin. Il sait que les marques chinoises sont en train de conquérir le marché européen à coup de SUV électriques bon marché et performants. Plutôt que de les combattre, il a décidé de les rejoindre. Il a ainsi investi 1,5 milliard d’euros dans Leapmotor, s’octroyant au passage 20 % de ses parts. Il a également créé une coentreprise, avec l’objectif de distribuer les modèles chinois en Europe.

Un SUV électrique à la pointe de la technologie

Leapmotor n’a pas tardé à dévoiler son premier modèle destiné au marché européen : le C10, un SUV électrique spacieux de 4,74 m, présenté lors du Salon de l’automobile de Munich en septembre dernier. Ce véhicule affiche une technologie 800 V et un système Lidar pour ses aides à la conduite autonome. Il se veut donc à la pointe de la technologie, mais sans pour autant être trop cher. « La marque cible les consommateurs soucieux du prix mais désireux d’avoir la meilleure technologie dans leurs produits », a expliqué Natalie Knight, directrice financière de Stellantis, à Automotive News Europe1.

D’autres modèles à venir ?

Leapmotor dispose déjà de trois modèles sur son marché domestique : la berline électrique Leap C01, le SUV électrique C11 et la citadine électrique compacte T03. On ne sait pas encore si ces modèles seront également proposés en Europe, ni à quel prix. Stellantis et Leapmotor envisagent en tout cas de produire leurs véhicules en Europe, pour éviter d’éventuelles taxes douanières accrues de l’UE sur les véhicules électriques chinois. Cette mesure est en effet à l’étude par la Commission européenne, qui veut protéger les constructeurs européens face à une concurrence jugée déloyale.

Un changement de stratégie et de leadership

L’association avec Leapmotor marque un changement de stratégie pour Stellantis, qui a longtemps peiné à s’imposer sur le marché chinois. Le groupe a vu ses ventes s’effondrer de 80 % entre 2014 et 2020, passant de 740 000 à 150 000 unités. Face à ce constat, Stellantis a décidé de miser sur les véhicules électriques, qui représentent un segment en forte croissance en Chine. Le pays est en effet le premier marché mondial pour les VE, avec plus de 1,3 million de ventes en 2020, soit 41 % du total mondial.

Pour accompagner ce virage stratégique, Stellantis a également annoncé des ajustements dans son leadership en Chine. Grégoire Olivier, qui était le directeur opérationnel de la région, devient le responsable d’un nouveau bureau de liaison avec Leapmotor, rapportant directement au PDG de Stellantis, Carlos Tavares. Il sera également membre du conseil d’administration de Leapmotor. Il aura pour mission de veiller à la bonne exécution du partenariat stratégique, notamment la création de la coentreprise de vente et la coordination avec Leapmotor sur l’utilisation des actifs de distribution et de vente de Stellantis.

Doug Ostermann, qui était le directeur financier et le responsable de la stratégie en Chine, succède à Grégoire Olivier comme directeur opérationnel de la région. Il sera également membre du conseil d’administration de Leapmotor. Il aura pour responsabilité de gérer les opérations de Stellantis en Chine, en tenant compte des défis de croissance dans un contexte concurrentiel. Il a démontré sa capacité d’adaptation, ses compétences de négociation et sa résilience, et est prêt à assumer cette responsabilité opérationnelle.

« Afin d’assurer la parfaite exécution de notre initiative stratégique récemment annoncée avec Leapmotor, nous avons décidé d’adapter notre organisation en Chine, en nous appuyant sur deux cadres très compétents. Grégoire et Doug ont travaillé main dans la main au cours des deux dernières années pour élaborer une nouvelle stratégie et ouvrir de nouvelles voies de croissance de notre activité et je leur fais confiance pour donner une nouvelle impulsion dans leurs rôles respectifs », a déclaré Carlos Tavares.

Une date d’arrivée en Europe encore incertaine

La date d’arrivée de Leapmotor en Europe n’est pas encore fixée, mais on parle de fin 2024. D’ici là, les consommateurs européens auront peut-être appris à prononcer le nom de cette marque, qui signifie « sauter le moteur » en anglais. Un nom qui illustre bien l’ambition de Leapmotor de se démarquer des constructeurs traditionnels et de proposer des véhicules électriques innovants et accessibles. Reste à savoir si les Européens seront séduits par cette offre, ou s’ils resteront fidèles aux marques locales.