Au premier coup d’œil, c’est l’évidence. Malgré sa pimpante teinte jaune-vert acidulé, le Jimny n’est pas taillé pour la vitesse avec sa garde au sol minimale de 21 cm, son empattement court et sa forme tout droit issue du mouvement cubiste. Taillé exclusivement à l’équerre, le petit 4x4 offre des surfaces planes qui se rejoignent en angles droits, ça semble très basique et pourtant je tombe totalement sous son charme. Entre les dimensions réduites et les proportions, parfaites le tout agrémenté de petits phares ronds à LED et d’arches de roue en plastique noir lui donnant définitivement l’air d’un mini baroudeur, je n’ai qu’une envie, c’est de partir à l’aventure avec lui.
Pourtant, avec mon 1,97 mètre, une voiture d’à peine 3,65 mètres de long pour 1,65 mètre de large je devrais avoir un mouvement de recul, au minimum. Mais rien n’y fait, il a une bouille définitivement trop sympathique alors je m’empresse d’ouvrir son coffre pour y ranger mes affaires afin de prendre la route.
#Minimalisme
Sauf que, de coffre il n’y en a point. Disons plutôt qu’il est excessivement réduit avec
à peine 85 litres disposés de façon très peu pratique et qu’il faut choisir entre le volume de chargement et la deuxième rangée de sièges. Aucun compromis possible sur le sujet avec un véhicule de cette taille. Je rabats donc les sièges pour obtenir
377 litres, découvre un plancher plat et robuste ainsi que divers points d’ancrage permettant de bien arrimer du matériel si besoin. Les professionnels et autres bricoleurs apprécieront franchement.
Le reste de l’habitacle est pourvu du minimum, avec des sièges en tissus qui manquent légèrement de maintien latéral et une garniture de plastiques durs un peu partout qui ne surprennent pas, ni ne déçoivent. En vérité, c’est exactement ce que j’attends dans ce
petit 4x4 Suzuki. Les diverses commandes, des commandes de vitres électriques jusqu’à l’écran tactile, sont étudiées pour être utilisées dans n’importe quelles conditions, même avec des gros gants. Pratique.
Afin que ce chapitre ne soit pas trop court, je tiens à préciser que le
Jimny est tout de même équipé d’une prise USB, une prise 12V, une boîte à gants, de compteurs et d’un volant !
Une autoroutière qui s’ignore ?
Jusqu’ici, j’imagine que, comme moi, vous pensez que ce
Jimny n’est absolument pas fait pour faire de l’autoroute. Vous vous dites sans doute qu’avec son petit moteur
1,5 VVT de 102 ch et 130 Nm et, une boîte de
vitesse manuelle à 5 rapports lui permettant une
vitesse maximale de 140 km/h pour des accélérations foudroyantes tel le
0 à 100 km/h couvert en largement plus de temps qu’il n’en faut pour le dire, le
Suzuki sera incapable d’affronter les longues langues d’asphalte durant des heures.
Eh bien, ne vous détrompez pas ! Envisager les longs trajets est une décision importante à prendre en connaissance de cause. Je vous l’ai dit, en
Jimny il faut prendre son temps et, dès lors, elle vous mènera où vous le souhaitez. Tout semble long avec le Nippon, des accélérations à la prise de virage en passant par les changements de rapports qu’il faut bien décomposer.
Su route de montagne, puisque je me trouve dans les Alpes, il est de bon ton de prendre la mesure de la direction. En effet, à peu de chose près, le premier quart de tour de volant n’a aucune incidence ou presque dessus. Alors je me répète que je dois prendre mon temps, oublier les affres du monde moderne trop rapide et simplement profiter du voyage, de l’expérience et des somptueux paysages enneigés. Très vite - sans aucun jeu de mots - je me laisse prendre au jeu, me décale pour laisser passer les pressés et apprends à faire d’amples mouvements de bras et nombre tours de volant à la première épingle venue.
N’allez pas croire que le
Jimny n’est pas capable d’un peu plus, en cas de besoin où de retard, il saura augmenter le rythme tant que vous gardez en tête que les mises en appui ne sont pas immédiates et que le volant demande du travail. Simplement, il ne vous incite pas à le faire.
Petit mais costaud
Le but du jour est de me rendre au départ d’une étape de
La Grande Odyssée. Cette course de chiens de traîneau, au déroulement similaire du Tour de France cycliste, se déroule sur 12 jours, dans les Alpes sur différentes stations. Les équipages, mushers et chiens, parcourent entre 20 et 40 km par étapes dans les paysages blanc immaculé de Savoie.
C’est à Samoëns que le départ du jour a lieu et je n’envisage pas de finir par la route alors que d’après le GPS un chemin semble m’y emmener de façon plus directe. Je prends donc cette direction et rencontre un panneau impasse. J’apprends qu’aucune voiture ne peut emprunter ce chemin, mais je n’ai pas une voiture, j’ai un
Jimny, alors je m’y engage.
Si la première flaque me laisse totalement indifférent sur le risque, la suivante s’apparente plutôt à une piscine d’eau boueuse et de glace dans laquelle je me fraie un passage sans difficulté particulière. Le parcours qui suit demande un peu plus que des pneus M+S et je chausse donc des chaînes afin d’aller m’amuser dans la neige comme le ferait un jeune chien la découvrant pour la première fois.
Je prends soin de passer le
Jimny en
4 roues motrices et d’enclencher
la boîte courte. La garde au sol élevée, le poids contenu de
1090 kg ainsi que
les très bons angles d’attaque et de sortie, de respectivement 37° et 49°, me permettent de passer partout ou presque, de poser mes roues dans de profondes ornières ou d’attaquer des pentes qui en ferait fuir plus d’un. Le petit
Suzuki se sort de beaucoup de situations grâce à ses deux ponts rigides et son châssis échelle taillés pour l’exercice. La direction très peu directe se transforme en véritable atout et l’amortissement un peu mou sur route révèle tout son potentiel. Voilà le terrain de jeu de prédilection du
Jimny.