Hispano Suiza Carmen Sagrera : une apparition discrète (ou presque) au Plaza Athénée

Paris, Plaza Athénée : on a déjà vu défiler dans la cour de cet hôtel quelques Aston Martin, des Bentley ronronnantes, et parfois les fantaisies mécaniques du milliardaire Hasan Harbatly (qui semble changer de Lamborghini ou de Porsche comme on change de cravate). Mais cette fois, une autre silhouette a surgi, un peu comme si la Batmobile avait fait un crochet à Paris avant de sauver le monde : c’est la Carmen Sagrera, dernier rejeton de la marque Hispano Suiza. Si l’on se fie aux oreilles, l’engin est totalement silencieux, à la fois rassurant pour les voisins et déstabilisant pour les amoureux du rugissement d’antan. Pourtant, son arrivée a rameuté une bande hétéroclite de passionnés, certains moustachus qui semblent sortir d’un salon rétro, et d’autres, visiblement habitués à troquer un PEL contre une supercar. Il faut dire qu’Hispano Suiza n’est pas une novice : fondée en 1904, la marque a engrangé quelques solides trophées, entre 12 000 voitures de luxe et 50 000 moteurs d’avion, histoire de démontrer qu’on savait faire tourner les pistons et siffler les turbines.
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L’héritage espagnol qui s’était fait la malle

Hispano Suiza, avant de revenir jouer les vedettes en 2024, avait déjà laissé quelques souvenirs dans l’Hexagone. Du temps de la Belle Époque, la marque avait installé une usine à Bois-Colombes. Elle ne faisait pas que tailler la route, elle soignait la réputation de l’industrie automobile française. Paris fut son terrain de jeu. Picasso, Einstein ou encore Coco Chanel ont un jour croisé son sigle, soit sur une route de campagne, soit à la sortie d’un atelier enfumé. Alors, pourquoi s’en priver en 2025 ? Après tout, la marque célèbre ses 120 ans. Les plus superstitieux diront qu’on ne réveille pas un vieux dragon facilement. Pourtant, Hispano Suiza l’a fait.

Petite leçon d’histoire : de la HS T26 à la Carmen Sagrera

Lorsque les fondateurs, Damián Mateu et Marc Birkigt, ont uni leurs forces en 1904, personne ne s’attendait à retrouver un jour des Hispano Suiza convoitées par la jet-set moderne. À l’époque, on sortait la HS T26 ou la HS Type 15/45, symboles de raffinement et de techniques de pointe. Dans les années 1930, c’est la Dubonnet Xenia qui a fait du bruit, presque autant qu’un avion au décollage. Aujourd’hui, on nous glisse que la Carmen Sagrera s’inspire de cette Dubonnet, et on n’y voit pas d’inconvénient. L’élégance rétro mêlée à des lignes venues du futur, c’est le cocktail du moment pour séduire les collectionneurs.

Un design qui intrigue et qui amuse

Depuis l’arrière, la Carmen Sagrera fait penser à une chauve-souris. Certains puristes la comparent à la fameuse Batmobile, surtout si on a trop regardé la série Brotherly Love. Question carrosserie, difficile de faire plus fluide, tout est en aluminium. Le résultat donne un coup de crayon qui semble effleurer l’asphalte. Les nostalgiques regretteront peut-être l’époque des grosses calandres chromées, mais on ne peut pas ignorer que cette silhouette a de quoi faire tourner les têtes.

Du kWh et des chevaux, pour la modique somme de…

Sous le capot, exit le V12. On vous met sous le nez une batterie de 103 kWh. De quoi rouler (assez loin) et d’accumuler une puissance équivalente à 1 114 ch. Oui, on ne parle plus de cylindrée, mais de chiffres tout aussi expressifs. Le 0 à 100 km/h est annoncé à moins de 2,6 secondes, à faire pâlir une GT3 (du moins, sur le papier). L’autonomie, elle, tourne autour de 500 km. C’est suffisant pour un aller-retour rapide entre Paris et Le Touquet, avant de s’apercevoir que le temps passe et qu’il va falloir chercher une borne. Sur le plan tarifaire, on donne dans le très haut de gamme : 2,5 millions d’euros, plus taxes si vous avez le malheur de vouloir la plaque personnalisée. On se permet de préciser que l’engin est limité à 24 exemplaires, même si le communiqué officiel parle de 25. Il faut croire qu’un exemplaire s’est égaré ou que quelqu’un a déjà signé en douce pour le châssis numéro 25.

Un atelier artisanal, si on veut bien y mettre le prix

Le PDG, Sergio Martinez Campos, évoque avec un œil fier le fait que tout est réalisé à la main, dans les ateliers de Barcelone. Même le logo, probablement. Les délais de production avoisinent entre neuf et douze mois : assez long pour s’impatienter, mais si vous dépensez 2,5 millions d’euros, vous avez peut-être d’autres joujoux dans le garage pour patienter. Les premiers chanceux évoquent déjà un intérieur qui sent bon le cuir fin, avec un système embarqué inspiré de chez McLaren (selon certains). L’écran de navigation aurait la taille d’une petite tablette, histoire de situer le propriétaire sur la route de Saint-Tropez ou de Courchevel.


Une famille qui ne veut pas lâcher l’affaire

Hispano Suiza n’est pas un simple coup de poker commercial. La marque appartient toujours à la famille Suqué Mateu, ce qui en dit long sur la persistance de l’héritage. Miguel Suqué Mateu, l’arrière-petit-fils du fondateur, s’applique à propulser la marque dans le monde électrique et, qui sait, vers un horizon hybride à l’approche de 2027. D’ailleurs, le PDG le confirme à demi-mot : « On s’adaptera, on aime bien l’électrique, mais on est contents quand le thermique ronronne aussi. » Une façon de dire qu’on est conscients de l’époque, mais qu’on n’exclut pas de nourrir encore la passion des amateurs de vroum-vroum.

Trois hypercars, un seul crédo : le luxe à l’ancienne, revisité

La Carmen d’origine, la Carmen Boulogne et maintenant la Carmen Sagrera, voilà le trio de la gamme actuelle d’Hispano Suiza. La première affiche 1 019 ch et un 0 à 100 en moins de trois secondes. La seconde, plus sportive, grimpe à 1 114 ch et dépasse encore moins de temps pour le sprint. La dernière, la Carmen Sagrera, repose sur la même performance (1 114 ch), tout en ajoutant quelques détails esthétiques distinctifs. On nous parle d’un « joyau » pour célébrer les 120 ans de la marque, et ce n’est pas que du bavardage de communiquant : c’est surtout un moyen de dire qu’il n’y en aura pas pour tout le monde. Les prix (2,2 millions pour la Carmen, 2,35 pour la Boulogne, et 2,5 pour la Sagrera) montrent clairement qu’on vise la crème de la crème des portefeuilles.

Paris, un choix pas si anodin

Si Hispano Suiza a décidé de dévoiler cette hypercar au Plaza Athénée, ce n’est pas juste pour boire un café à 25 euros sur la terrasse. La marque se rappelle ses liens profonds avec la France, un marché chéri qui l’a déjà accueillie bras ouverts à l’époque de la traction arrière et des départs en trombe sur les pavés. Renforcer le lien avec l’Hexagone, c’est un retour aux sources, dans un écrin où la clientèle fortunée passe plus de temps qu’on ne l’imagine. D’ailleurs, l’objectif est clair : convaincre qu’Hispano Suiza, ce n’est pas qu’une nostalgie pour les vieux collectionneurs, mais aussi une offre contemporaine qui se veut à l’aise sur le marché international.

Un futur modèle déjà dans les cartons

Entre deux coupes de champagne, Sergio Martínez Campos a glissé qu’un nouveau modèle ferait son apparition en 2027. Il sera vraisemblablement toujours électrique, voire hybride. L’idée est de continuer à intégrer la marque dans la transition énergétique, tout en jouant sur la fibre sensible des amateurs d’artisanat hors normes. « On adore le thermique, mais on n’est pas aveugles », pourrait-on résumer. On ne sait pas encore si ce sera un SUV ou un coupé plus discret (tout est relatif), mais on imagine déjà les amateurs qui cochent la date sur leur agenda.

Conclusion:

Un mythe réinventé, sans faire trop de bruit

La Carmen Sagrera propose un moteur électrique qui décoiffe, un design taillé comme une sculpture futuriste, et un prix qui pique. Certes, la pile à 103 kWh ne remplacera pas le charme d’un V8 qui tonitrue, mais elle promet d’autres sensations : l’accélération fulgurante et la satisfaction de ne pas trop enfumer ses voisins. Au moins, le milliardaire Hasan Harbatly aura de quoi renouveler sa collection, et nous, on se contentera de regarder ce bijou glisser sur le bitume depuis le trottoir.

C’est sur ce genre de détail – un rapport puissance/autonomie décent, un intérieur adaptable à toutes les fantaisies, et une production quasi confidentielle – qu’Hispano Suiza entend renouer avec la haute couture automobile. On ne sait pas si cela séduira les puristes, mais au moins, la marque ne fait pas semblant : un style rétro-futuriste, des liens historiques avec la France, et une gamme en expansion à prix astronomique. À défaut d’être accessible, la Carmen Sagrera occupe le devant de la scène. Après tout, on n’allume pas un moteur au Plaza Athénée tous les jours, sauf peut-être quand un milliardaire s’ennuie.

Avec ce retour, Hispano Suiza espère sans doute retrouver un peu de gloire d’antan, dans un monde où tout va trop vite et où le luxe se réinvente. Est-ce que la marque y parviendra ? Les paris sont ouverts, et même si les prix alignés risquent de faire rire (ou pleurer) plus d’un banquier, on ne pourra pas reprocher à Hispano Suiza de manquer de suite dans les idées. Au prochain épisode, donc, pour l’arrivée du futur modèle, qu’on verra peut-être garé entre deux Tesla, ou devant un yacht, à Saint-Barth. En attendant, la Carmen Sagrera fait son show, et tout le monde regarde. C’est déjà pas mal pour une légende que l’on pensait dormant sous la poussière des musées.


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