Les routes françaises sont jalonnées de quelque 4 300 radars, parmi lesquels une centaine de « radars tronçons ». Leur particularité est de ne pas mesurer la vitesse d'un véhicule à un instant T, mais de calculer la vitesse moyenne pratiquée sur un tronçon défini de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres, ce qui leur vaut d'être un peu moins impopulaires que les autres, parce que jugés plus équitables.
Pourtant, cela pourrait bientôt changer...
Un appel d'offres a en effet été passé récemment par le Département du Contrôle automatisé à l'attention des concepteurs et fabricants de radars pour mettre au point des radars tronçons déplaçables à volonté, pouvant être installés sur un mât préexistant (comme les radars urbains ou les radars tourelles) et fonctionnant sur batteries. Le but : rendre les radars « vitesse moyenne » moins visibles et plus rentables, car leur coût très élevé à l'achat et à l'entretien et le peu de contraventions qu'ils génèrent en font des outils peu intéressants pour les caisses de l’État.
Aujourd'hui, jeudi 25 novembre 2021, l'association «
40 millions d'automobilistes » dénonce la cupidité du Gouvernement et une politique de sécurité routière complètement déconnectée de la réalité, qui ne sert qu'un objectif pécuniaire au lieu de s'attaquer aux vraies causes de l'accidentalité routière. Comme l'a fait la
Cour des Comptes dans son rapport d'évaluation publié en juin dernier, l'association appelle à changer d'urgence de logiciel, pour renouer avec une
sécurité routière populaire, juste et efficace.
Les
radars tronçons sont les appareils automatiques les plus chers du marché (165 000 € l'unité), sans compter le prix de leur maintenance (19 000 € par an). Or, ils font aussi partie de ceux qui flashent le moins, et rapportent donc le moins d'argent à l'État : en 2019, ils n'ont relevé « que »
333 000 infractions sur les
23,8 millions de PV distribués.
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Le meilleur radar, c'est celui qui ne flashe pas. Cela signifie que l'on est parvenu à faire respecter la règle et que l'on n'a pas besoin de sanctionner l'usager. C'est d'autant plus vrai pour un radar tronçon, qui agit sur plusieurs kilomètres ; on n'y voit pas l'effet du radar fixe bête et méchant, devant lequel on ralentit pour mieux réaccélérer derrière. Alors pourquoi vouloir les rendre moins visibles en les déplaçant constamment ? Simplement pour piéger les automobilistes. On va en faire à coup sûr des serial flasheurs, mais ça ne fera pas baisser le nombre d'accidents. C'est bien la preuve que l'État ne considère ces outils que comme des tirelires géantes », s'agace
Pierre CHASSERAY, délégué général de « 40 millions d'automobilistes ».
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La France détient déjà le catalogue mondial de tous les radars existants. Pour autant, elle reste très à la traîne par rapport à ses voisins européens concernant les performances de sa politique de sécurité routière. C'est ce qu'a révélé le rapport d'évaluation de la Cour des comptes en juin dernier : on installe toujours plus de radars, mais on ne parvient plus à infléchir la courbe de la moralité routière. Obnubilée par la « vitesse » et la répression à outrance des petits excès de vitesse, la Sécurité routière en oublie complètement de traiter les autres causes de l'accidentalité, qui pèsent pourtant lourd dans la mortalité routière : l'alcool et les stupéfiants (plus de 30 % des tués sur les routes), le téléphone au volant (1 accident sur 10)... Quand le Gouvernement va-t-il enfin prendre conscience des réels enjeux sur les routes ? Il y a urgence ! », conclut
Daniel QUÉRO, dirigeant de l’association.
Pour amener l'État à réorienter sa politique de sécurité routière et mettre fin à la radarothérapie à outrance, l'association a mis en ligne la pétition «
Plus en radar de plus », qui a déjà recueilli 213 000 signatures.