Essai ferrari 512 tr l icone testarossa en mieux

Si la sculpturale Ferrari Testarossa est un mythe pour toute une génération, qui avait son poster au-dessus du lit, elle n'était pas exempt de défauts, loin de là. Avec son châssis boulonné, sa rigidité plus que moyenne, son freinage incertain et sa capacité de louvoyer en courbe, elle n'était pas à mettre entre toutes les mains et ne donnait pas la pleine mesure du potentiel énorme de son moteur. En 1992, Ferrari offre une refonte totale à son vaisseau amiral et le nomme 512 TR (TR pour Testarossa, vous l'aurez compris). Si esthétiquement la différence se fait peu visible, c'est véritablement une nouvelle voiture.
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Nous avons eu la chance de passer une soirée en compagnie de ce chef-d’œuvre signé Pininfarina. Aux premiers abords, elle intimide avec son gabarit aussi large que bas, ses flancs sculptés à la serpe laissant apparaître ses colossales prises d’air, le tout posé sur des jantes de 18 pouces, une première mondiale à l’époque. L’arrière, très large, ainsi que le capot moteur, sont très ajourés, laissant entrevoir le cœur de la bête. Ce dernier s’exprime via les 4 pots d’échappements faisant office de cordes vocales.

Après avoir pris le temps de la découvrir, de la regarder sous tous ses angles, il est temps de s’installer à son volant, dans ses superbes sièges, profonds et confortables, en cuir beige très bien conservés. C’est d’ailleurs presque la seule chose qui respire la qualité dans cet intérieur, le reste de la finition est fidèle à la réputation des Ferrari de l’époque, grossière. Entre autres des grilles d’aération de piètre qualité, tout droit sorties de chez Fiat, où encore les quelques rossignols çà et là, sur un modèle pourtant en très bon état. Mais là n’est pas l’essence de la Ferrari, tout est dans le feeling que l’on a avec la voiture. Assis bas, la position de conduite, très bonne, se trouve facilement et nous n’avons qu’une hâte : tourner la clef et faire chanter la belle. Nous mettons le contact, mais avant de chanter, l’italienne demande un temps indispensable pour se chauffer la voix. C’est donc sur un rythme doux que nous partons, prêts à découvrir cette Ferrari. Avec sa direction non assistée et ses pneus larges, elle demande un certain effort pour manœuvrer, mais reste, au vu du poids, relativement utilisable. Le couple dantesque, 510 Nm à 5500trs/mn, permet de rouler sur un filet de gaz. Il faut également prendre le temps de découvrir le gabarit de l’intérieur, avec ces ailes arrière nettement plus larges que celles avant il ne faut jamais perdre de vue que si l’avant passe « à la corde », l’arrière, lui, ne passera pas.

512

La mécanique est chaude, il est temps de voir ce qu’elle a dans le ventre : On enfonce la pédale de droite et … non, nous n’avons pas fait ça. Une autre chose à ne pas perdre de vue, c’est qu’il n’y a aucune aide à la conduite et avec, dans le dos, un 12 cylindres à plat de 5,0 litres développant la bagatelle de 428ch, il faut savoir raison gardée. Pour autant, on peut rouler vite, très vite même puisque la vitesse de pointe s’établie à un impressionnant 313Km/h et les 100km/h depuis l’arrêt sont atteints en seulement 4,8 secondes.

Cette 512 TR n’est pas faite pour les petites routes sinueuses où ses dimensions et son poids sont pénalisants, non pas qu’elle ne s’en sortirait pas, simplement que ce n’est pas là que l’on prendra le plus de plaisir. Elle fait une excellente autoroutière, confortable et très stable à haute vitesse, mais son terrain de jeu idéal ce sont les routes avec de longues courbes où son train avant s’inscrit parfaitement et la tenue de route est remarquable, même à des vitesses élevés, dès lors on prend un plaisir immense à avaler les kilomètres, plaisir légèrement entaché par la boîte de vitesse. En effet, si l’embrayage est un peu raide, il dérange peu la conduite, mais la boîte n’est clairement pas au niveau de la noblesse de la mécanique. Lente, elle demande d’être manipulée avec, à la fois, un grand soin et de la poigne. La célèbre grille métallique en H, donnant pourtant ces fabuleux cliquetis caractéristiques à chaque changement de rapport, peine à vous faire tout de même apprécier cette boîte.

Le moteur à lui seul vaut son pesant de compliments pour le lot de sensations qu’il distille. Tout d’abord, par sa beauté esthétique, quel plaisir de lever le capot et d’admirer les 6 tubulures, partant de chaque côté des célèbres culasses rouges (Testa Rossa). Plein à bas régime, il permet de cruiser en toute quiétude, accompagné d’une mélodie rauque, berçante comme le ronronnement d’un chat. Mais ne vous y trompez pas, vous êtes bien à bord d’une Ferrari, si vous sollicitez la pédale de droite, c’est un déchainement et le Boxer 12 grimpe jusqu’à 7.400trs/min dans un rugissement métallique. Le temps (long) de changer de vitesse et on recommence l’exercice, dantesque, jouissif.

Boxer

La Ferrari 512 TR est une véritable icône, elle ne laisse personne indifférent, et elle mérite ce statut, bien plus que l’erratique Testarossa qui la précède. C’est une véritable usine à sensations, que ce soit l’odeur caractéristique quand vous entrez dedans, le fait de saisir le grand volant avec le cheval cabré en son centre, d’entendre son fabuleux moteur prendre des tours, ou le simple fait de voir les optiques se lever à l’avant. Tout respire la passion et le plaisir dans cette voiture, elle est bien moins facile à conduire qu’une Ferrari 458 pourtant bien plus puissante, mais elle est nettement plus gratifiante, car l’emmener vite n’est pas chose aisée, mais quand on y arrive on sait que l’on a compris sa machine et ça, c’est une véritable satisfaction.

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