BYD dévoile sa nouvelle version du SUV ATTO 3, tout électrique, et propose ainsi une évolution supposément raffinée de son modèle lancé en France en juin 2023. Si le communiqué officiel vante une mise à jour « spectaculaire » (pas de panique, ce qualificatif ne vient pas de nous), il y a matière à s’interroger sérieusement, surtout quand on a connu la précédente génération. Disons que cet ATTO 3 n’était pas exactement la coqueluche des amateurs de châssis incisifs. Les ingénieurs chinois, malgré leurs efforts louables, se sont longtemps illustrés par une approche singulière de la mise au point des suspensions. Certains diront qu’ils avaient la fibre artistique pour la carrosserie, mais qu’ils laissaient la partie technique à un algorithme mystique de Shenzhen. Et puis il faut reconnaître qu’en matière de clinquant, ils avaient un don : l’ancienne version était un défilé d’éclairages d’ambiance, de laques brillantes et de plastiques contrastés.
Un tarif concurrentiel pour se faire une place en Europe
La nouvelle génération commence à 38 990 € sur la finition
Comfort, et s’affiche à partir de 40 990 € pour la finition Design. On notera que cela reste dans la tendance du marché des
SUV électriques milieu de gamme, même si on observe une concurrence croissante sur ce créneau. Les amateurs de chiffres retiendront surtout que
BYD, constructeur qui se décrit comme leader mondial des véhicules à énergie nouvelle, a pour ambition de s’imposer sur un marché hexagonal pas toujours connu pour son enthousiasme envers les marques émergentes.
Batterie Blade et autonomie affichée
Le cœur technique demeure la fameuse
Batterie Blade BYD de
60,4 kWh, une batterie dont le fabricant se vante pour sa résistance thermique et sa densité en énergie. Sur le papier, on parle d’une autonomie
WLTP de 420 km en cycle combiné. C’est dans la moyenne des SUV électriques actuels, ce qui ne sort pas des sentiers battus, mais qui n’a rien d’infamant non plus. La marque avance une charge rapide de 10 à 80 % en 35 minutes, pour peu qu’on déniche une borne de recharge suffisamment vaillante. Il convient d’ailleurs de préciser que la puissance de charge grimpe désormais à 110 kW/h (les férus de formules électriques auront noté la marge de progression par rapport à la génération antérieure). Reste à savoir si cette valeur est atteinte en continu ou si elle redescend au bout de quelques minutes, comme c’est le cas pour la majorité des véhicules électriques.
Style revisité par Wolfgang Egger
Selon BYD, ce SUV affiche un coefficient de traînée de 0,29 Cx, fruit du travail du directeur du design Wolfgang Egger, qui signe déjà diverses lignes pour la marque. On retrouve le Dragon Face, ce concept un peu pompeux (pardon, un peu « spécial ») censé s’inspirer de la mythologie chinoise. Sur l’ancien modèle, tout était assez ostentatoire : des phares LED en forme d’yeux mythiques, une calandre horizontale façon moustache draconique, et un habitacle aussi chaleureux qu’une salle d’arcade un samedi soir. Sur cette nouvelle version, on pourra noter des portières partiellement redessinées, une custode arrière peinte en noir pour un effet plus discret (ou plus chic, c’est selon), ainsi que la disparition de la signature «
BYD » à l’arrière, désormais remplacée par le nom
ATTO 3.Une petite subtilité, donc : sur l’ancien modèle, le hayon arborait fièrement la marque BYD, histoire de bien rappeler à qui vous aviez affaire. Cette fois, BYD semble vouloir laisser la vedette au nom du véhicule, une manière de jouer la carte du SUV vedette, plutôt que de vanter le label de l’usine. On laissera chacun juger du bien-fondé de cette évolution, mais on constate effectivement une volonté d’intégrer des standards esthétiques plus sobres – ou en tout cas moins criards.
Le châssis au cœur des attentions… ou pas
Venons-en à ce qui fâchait sur la génération précédente : la mise au point du châssis et des suspensions. Il faut reconnaître que l’ATTO 3 avait ce petit charme de la conduite « inattendue » : en mode balade tranquille, tout allait bien, mais à la moindre envie de dynamisme, la caisse tanguait avec la grâce d’un chalutier breton en pleine tempête. Les ingénieurs de
BYD, sans doute trop occupés à sculpter des dragons dans les rétroviseurs, n’avaient pas encore trouvé la formule magique pour faire rimer plaisir de conduire et confort.
La question qui se pose : ce nouveau millésime fera-t-il mieux ? Le communiqué reste assez peu disert sur les améliorations apportées à la suspension. On nous signale néanmoins que le châssis conserve la fameuse construction Cell-to-Body, un procédé qui intègre la batterie dans la structure même du véhicule. Sur le papier, cela promet plus de rigidité, et donc un meilleur comportement routier. Mais c’est en faisant un tour sur la départementale la plus sinueuse de votre coin qu’on saura si BYD a réellement corrigé cette inclinaison prononcée du pavillon et, surtout, la prise de roulis.
Un habitacle toujours technologique… et bling-bling ?
À l’intérieur,
BYD persiste à mettre en avant des technologies qualifiées d’intelligentes, voire connectées. L’habitacle reçoit désormais un capteur de pluie, un volant chauffant (pratique pour les matins frisquets) et un système indirect de surveillance anti-somnolence. Il faut l’admettre, sur le terrain de l’accessoirisation, BYD en connaît un rayon. L’ancienne génération en témoignait déjà : écrans pivotants, éclairages d’ambiance déclinés en 47 nuances, enceintes reprenant la forme de guitares imaginaires… On exagère à peine. Reste à voir si les finitions ont gagné en solidité, car l’ancienne version donnait parfois l’impression que les plastiques s’acoquinaient un peu trop avec les rayons du soleil.
Tracter jusqu’à 750 kg, pour les courageux
C’est l’une des nouveautés de ce millésime : l’
ATTO 3 peut tracter une remorque jusqu’à 750 kg. Cela ne fera pas de lui un champion du remorquage de caravanes de 2 tonnes, mais c’est déjà un pas en avant pour qui veut déplacer un petit bateau pneumatique ou quelques vélos électriques sur un plateau. Il est toujours utile de vérifier la disposition des points de fixation, car certains SUV électriques se montrent parfois tatillons sur la compatibilité de leurs prises.
Livraisons à compter de janvier 2025
Les premiers exemplaires devraient être livrés en fin de mois de janvier
2025. Cela laisse un peu de temps pour observer l’accueil que réservera le marché français à cette mise à jour. Avec un positionnement tarifaire débutant sous la barre des 40 000 € et quelques évolutions stylistiques, BYD espère grignoter quelques parts de marché aux côtés de constructeurs déjà établis.
Bien entendu, une interrogation demeure : la direction précise-t-elle avec minutie ce que « nouvelle version » implique sous le capot, ou s’agit-il principalement d’un restylage ? Les données officielles mentionnent la hausse de la puissance de recharge, mais on reste dans l’attente d’une confirmation sur la mise au point dynamique. Les plus exigeants voudront vérifier si la firme de Shenzhen a enfin musclé son jeu sur la route. Pour mémoire, la génération précédente puisait son charme… disons, dans un certain exotisme. Alors, qui sait ? Peut-être que la petite cure de sobriété visuelle s’accompagne d’un regain de maîtrise technique. Ou peut-être pas.
Conclusion:
un SUV qui se cherche encore ?
Cette nouvelle mouture du
BYD ATTO 3 prétend monter en gamme, s’appuyer sur une batterie Blade et corriger des détails qui avaient pu chagriner certains clients. Les évolutions esthétiques, le prix attractif et l’équipement de série (volant chauffant, capteur de pluie, etc.) constitueront des arguments tangibles pour ceux qui aiment le confort numérique et les menus gadgets. Mais le passé de ce SUV, tout du moins la version précédente, rappelle qu’il faut rester prudent sur la promesse de plaisir de conduite, car l’équilibre châssis-suspension n’a pas toujours été le point fort du constructeur.
Pour ce qui est du clinquant, on ne se fait pas trop de souci : BYD sait y faire pour afficher un habitacle lumineux et un design à la fois expressif et surprenant. Reste donc à savoir si, entre deux sessions de design inspiré par la faune légendaire, les ingénieurs ont pris le temps d’étudier la géométrie du train arrière et la rigidité des barres antiroulis. On attend de voir si la marque a enfin trouvé la bonne recette pour concilier l’élégance du Dragon Face et la fermeté d’un SUV à l’européenne.
Pour l’acheteur en quête d’électrique, le BYD ATTO 3 se pose alors comme une curiosité. Avec sa batterie de 60,4 kWh, son autonomie annoncée de 420 km, son prix de départ, et la possibilité de recharger de 10 à 80 % en 35 minutes, il va titiller certaines offres du marché. On saluera l’initiative de s’adapter au goût français et européen, mais l’histoire a déjà montré que la volonté ne fait pas tout : encore faut-il réussir à mettre la route dans sa poche. Verdict final ? Comme dirait un certain présentateur britannique : ce SUV n’est peut-être pas le plus pointu sur le bitume, mais si vous aimez les dragons et les lumières d’ambiance, vous trouverez sans doute votre bonheur au pays de la Blade.
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