« Ah tiens, une Lamborghini Urus », m'exclamai-je. Le doute me saisit un instant, j'inspectai l'avant de l'auto et aperçus Lotus. La première fois que j'ai eu affaire à une Lotus, c'était en 2008 et c'était une Exige V6 410 Sport. Voyant le pilote précédent galérer à sortir de cette caisse et me dire qu'elle « fait un bruit de casseroles », je me suis abstenu d'en prendre le volant.
Aujourd'hui, la Lotus du jour a pris un peu de poids, 2,7 tonnes, et a été baptisée Eletre — un prénom qui lui confère un je-ne-sais-quoi de tragédie grecque. Cette Lotus Eletre est loin de faire un bruit de casserole, car elle est 100 % électrique. De surcroît, elle n'a plus rien de l'esprit d'antan vu que la marque est passée sous le giron chinois de Geely.Sa couleur grey blossom offre un panachage de gris allant jusqu'au rose essence phosphorescent. De bon matin, ça pique, certes, mais le soir à la tombée du crépuscule, l'Eletre devient la plus belle des cartes postales.
Son capot, avec ses nombreuses prises d'air, vient parachever son look des plus futuristes pour ne pas dire cubistes. Son arrière, ainsi que le profil, manque clairement de personnalité. En effet, avec la coupe typique des SUV coupés, il est difficile de deviner de quelle voiture il s'agit. Heureusement, c'est indiqué Lotus sur les étriers de freins et à l'arrière, pour éviter les confusions.
Lorsque vous pénétrez en son sein, l'écran d'accueil s'illumine de jaune pour vous confirmer, en cas de doute, que vous prenez place à bord d'une Lotus.
Ce petit détail qu'on apprécie, le bruit de la fermeture de porte, rappelle celui bien présent et rajouté en post-production dans les films, qui vient vous confirmer que vous avez bien fermé la porte.
Pas de rétroviseurs, malgré la présence imposante d'un bras, qui ne se replie pas, juste une caméra qui reflète la vision arrière dans un écran. L'inconvénient, c'est lorsque l'optique est poussiéreuse ou sale, avec un léger rayon de soleil ou en temps de pluie, cela éblouit l'écran et donc empêche de distinguer correctement ce qui se passe derrière. Ici, j'ai galéré pour comprendre d'où venait un véhicule de police car la caméra ainsi que son écran numériques peinent à afficher les feux pénétrants ainsi que les gyrophares bleus.
L'écran horizontal est largement inspiré des Tesla, notamment avec l'affichage des véhicules et piétons environnants. C'est inutile et insupportable puis dangereux car cela attire votre attention en dehors de la route.
Seul avantage d'un tel écran est d'afficher la caméra de recul en très grand, pour le placement du très long véhicule de 5,10 mètres.
« Je ne vais pas répondre à ça », m'a répondu laconiquement Eletre à une question pourtant simple, claire et précise…
Je réitérai avec une nouvelle requête : « Hé, Lotus ? »
« Je suis en train d'apprendre cette fonctionnalité, veuillez réessayer plus tard. »
Puis s'en est suivi une écoute maladroite et discontinue de mes conversations, où, ne pouvant répondre en vain, j'ai fini par lui dire « Motus et bouche cousue ».
Des traces d'empreintes digitales omniprésentes attestent que le règne du tactile est notoire dans Eletre, aucun bouton, sauf pour verrouiller/déverrouiller les portes, ouvrir la boîte à constats et un sélecteur pour passer les différents rapports D, N, et R.
Lové dans un foisonnement de cuirs moussés et cuir alcantara, agrémenté d'éléments en carbone, les surpiqûres rouges qui parcourent le tableau de bord et qui se prolongent également sur les sièges à l'arrière, et détail ultime qu'on adore : les ceintures rouges en raccord parfait. Même les poignées n'ont pas été épargnées avec un revêtement en cuir. Niveau finition, il n'y a rien à redire, nous voilà plongés dans un cocon digne d'un lounge.
Pour couronner le tout, l'ambiance harmonieuse procurée par ce liseré jaune qui traverse la planche de bord et les motifs cannelés creusés confère cet aspect road trip qui donne envie de partir en voyage. Une vision, de surcroît, des plus théâtrales qui séduirait un réalisateur de films pour renforcer l'effet cinématographique d'un prochain road movie.
Le passager dispose d'une bande LED qui lui affiche la radio ainsi que sa fréquence DAB, la possibilité de faire play, ou next, back ou carrément de l'éteindre en appuyant sur la lune. Ce qui aura le mérite de faire ressortir toutes les empreintes digitales.
Pas de bruit de casserole, mais quelques bruits comme celui du Lidar, Laser Imaging Detection and Ranging, petit appendice qui sort tel un périscope dès que vous commencez à rouler. Look de borne de taxi garanti. Ceci vient renforcer le bruit lors du roulage et cette sensation que vous avez mal fermé le toit ouvrant alors qu'il ne s'ouvre pas.
Ensuite, le bruit de l'aileron qui se replie. Déployé à plus de 110 km/h, lorsqu'il se replie, il fait un bruit de couinement d'un chaton. Angoissant au début, agaçant à la longue, surtout au prix de la voiture.
L'agacement continuera, toujours à cause de la conduite intelligente qui ne cessera de vous faire freiner de façon incongrue ou de surcorriger votre trajectoire quand cela sera non nécessaire. Seul point agréable, le rayon de braquage qui est des plus éblouissants pour un tel gabarit.
L'électrique, c'est fantastique. L'accélération fulgurante vous scotche au fond du siège, avec un 0 à 100 km/h en moins de trois secondes. Des accélérations en veux-tu, en voilà, c'est le principe de l'électrique. À la tête d'une cavalerie de 905 ch, pas étonnant d'atteindre la vitesse max de 256 km/h. Sauf que cela vous donnera rapidement des maux de tête… Et enfin, on en vient même à regretter le bruit de casseroles. Car c'est bien là le problème de cette voiture au look banal d'un SUV coupé dont la couleur est néanmoins hyper chouette — en témoigne le nombre de curieux qui nous attendaient avec leur téléphone en main, les voisins de parking qui nous ont fait des coucous, puis le nombre incroyable de personnes qui sont venues engager la conversation à la vue de la Lotus Eletre. Oui, il lui manque ce petit détail qui pourrait tout changer : du son ! Un vroom vroom, un truc qui viendrait régaler conducteur et passants, une impression que la voiture a une âme.
L'autonomie de la voiture oscille autour des 414 km selon la voiture lorsqu'elle est chargée à 100 %. Et la recharge s'est effectuée en 51 minutes, montre en main, sur une borne de recharge Ionity.
Alors notre question, pleine d'espoir, à quand la version thermique ?
Difficile de conclure sur un presque coup de cœur, même s'il s'agit d'un tour d'un soir. En effet, l'Eletre nous a marqués et dans le bon sens du terme. Sur papier, la sulfureuse a tout pour être aimée mais elle recèle un je-ne-sais-quoi de complexe. Elle a, certes, son manque de vocalises mais comme dans toute relation, il faut essayer de voir au long terme et comment les choses peuvent évoluer. Alors avant de crier au monde qu'elle est presque parfaite, laissons le temps et la chance au produit.
Photos© D.Latif & N.Meunier
Lotus, le constructeur britannique aux lignes aussi élégantes que ses noms de modèles sont étranges, prend un virage électrique avec la révélation ... Voir plus
Sur la scène nord-américaine de la Monterey Car Week, c'est avec une assurance nonchalante que la Lotus Eletre hyper-SUV a fait sa première apparit... Voir plus
Nous sommes sous le choc à la rédaction. Nous venons de vivre un moment qui devrait faire exploser le segment des hypersportives. Si Colin Chapman ... Voir plus
Après de très longs mois de teasing en tout genre, voici le temps de la présentation officielle du nouveau modèle Lotus. Malheureusement, le fondat... Voir plus
Lotus, le prestigieux constructeur britannique, vient d'annoncer avec panache le lancement de son tout premier hyper-GT électrique : l'Emeya. Une ... Voir plus
2019 11373 km Manuelle Essence
2019 18332 km Manuelle Essence