Jour 1 :
Le premier jour permet de prendre ses marques en même temps que sa chambre dans un hôtel de luxe de la principauté. Nous rencontrons une partie de l’équipe organisatrice ainsi que Laurent, le créateur génial de Happy Few Racing et la très sympathique équipe Audi.
À 19 h 30, rendez-vous est donné pour un cocktail dînatoire et, surtout, pour le briefing. L’explication du déroulement du rallye se fait dans la bonne humeur des bulles de champagne et de petites touches d’humour bienvenues.
Jour 2 : moteur plein et tête vide
Ce premier jour de roulage se voit décomposé en deux étapes, une le matin et une l’après-midi. La vitesse moyenne relevée sur chacune de ces étapes devra être respectée le plus scrupuleusement possible sur les étapes du lendemain. Nous décidons que chacun devra respecter également la moyenne effectuée par l’autre, pour ajouter un peu de piment à l’aventure. Nous partons néanmoins la fleur au fusil, sans relever la moindre donnée, tout confiant que nous sommes en l’organisation.
Dès le matin, nous nous battons avec Frédéric pour laisser le volant à l’autre. Je gagne et m’installe donc côté passager tandis qu’il démarre le V10 qui résonne d’un son grave et puissant dans le parking souterrain. Je m’en veux déjà de lui avoir laissé le volant !
Après un début de parcours assez lénifiant, je délaisse un peu le roadbook. La sentence tombe dès le premier rond-point, nous obligeant à faire demi-tour, erreur de débutant !
Très vite, le rythme s’accélère, les paysages s’embellissent et Fred semble vouloir me mettre en difficulté sur la moyenne à tenir. Mode Sport enclenché, volant bien agrippé et concentration à son point culminant, il tire tout son potentiel de l’Audi R8 V10 Plus. Il retarde ses freinages au maximum, ensuite les 610 ch repartent avec une hargne qui semble illimitée. Je sens la R8 se placer sur ses appuis et l’arrière pousser à chaque virage lorsque Fred remet les gaz, quel pilotage !
Après le déjeuner, je m’empare du volant, bien décidé à prendre ma revanche. Les premiers kilomètres se font donc à petit rythme, le réservoir étant vide. Comme celui de la plupart des autres participants à en juger par la quinzaine de voitures de sport qui font la queue à l’unique pompe de SP98 de la première station du parcours.
Je m’attelle ensuite à élever la moyenne, mais la route tourne souvent en aveugle ; l’organisation a l’air de s’être rangée du côté de mon binôme. Pour autant, elle ne m’a pas oublié en mettant de nombreux tunnels sur mon trajet. Les acousticiens des Ponts et Chaussées semblent avoir travaillé la résonnance de ceux-ci spécialement pour notre V10, ce qui occasionnera chez moi la naissance d’un TOC : dès que j’en aperçois un, je passe la R8 en mode Sport, ouvre les fenêtres, tombe plusieurs rapports et mets « gazafond ». Quelle sonorité dantesque, quel plaisir auditif chaque fois renouvelé ! Le V10 atmosphérique offre un des plus beaux sons de la production actuelle !
Après une pause à La Bollène-Vésubie où nous pouvons nous détendre autour de fruits et de boissons, j’attaque les 65 km restant du roadbook, en commençant par le Col du Turini, le couteau entre les dents. Pourtant, 12 km plus loin, en haut dudit col, juste derrière un virage, je tombe sur l’arrivée, à ma grande surprise. Retour sur Monaco pour le dîner et une nuit de repos avant la longue journée de demain.
Jour 3 : de la balade et beaucoup de régularité
Le matin, une simple mise en jambe de 120 km nous amène en Italie. Quitter Monaco n’est toujours pas le plus amusant. Le reste de la route, très agréable, nous emmène d’abord à Sospel puis à Tende ou nous traversons le tunnel pour passer en Italie. Mon TOC me reprend et j’écrase l’accélérateur.
Nous apprenons au détour d’une discussion du midi que c’était à nous de calculer nos moyennes, ce qui nous avait légèrement échappé. Encore une erreur de débutant ! Heureusement, nous retrouvons grâce à nos photos et vidéos des horaires approximatifs de départ et d’arrivée. Nous calculons nos moyennes avec les distances du roadbook, puis le temps par kilomètre et, pour finir, annotons de repères temporels différents points du trajet.
L’étape compte 274 km et je pense trouver l’arrivée surprise vers le kilomètre 160. Fred part sur un rythme élevé pour gagner du temps afin d’avoir la marge nécessaire pour faire des pauses photo. Nous croisons un concurrent sur le bas-côté et nous arrêtons avec l’intention d’aider l’équipage, mais ne pouvons rien pour eux. Une voiture de l’organisation arrive rapidement et offre une aide plus convaincante que notre seul soutien moral. Fred repart de plus belle, vite stoppé par un troupeau de moutons, ânes et autres chèvres, en quantité infinie, menés de main de maître par leurs bergers. Nous perdons du temps, mais vivons un moment qui se savoure, et qui s’immortalise.
Le cheptel évacué, notre avance a fondu comme neige au soleil. Nous quittons la route principale pour une route étroite, à flanc de falaise où nous nous stoppons souvent afin de laisser passer voitures, vélos et motos. Je m’arrête également faire quelques clichés, et dans une totale abnégation au profit de mon travail, je monte sur le parapet qui borde la route dans le but de faire une photo qui englobe le paysage, la voiture, la route et le torrent en contrebas. Mon vertige n’aide pas, bien que le risque soit en réalité très minime.
La route s’élargit, la visibilité est bonne, nous sommes au kilomètre 124 quand, au détour d’un virage, nous tombons nez à nez avec l’arrivée surprise. La moyenne nous semble peu respectée ! Verdict demain midi.
Le reste du parcours se fait dans de superbes décors, notamment les gorges du Cian. Ces gorges rouges, au travers desquelles serpente une route assez large, déserte et en très bon état sont grandioses. Notre retard permet de nous justifier auprès de nos consciences pour le rythme très élevé, et les échos sans fin du V10.
Après le dîner, je prends le volant pour l’étape de nuit. Nous décidons de la jouer vraiment. Pour ce faire, nous commettons une erreur dès le début. Nous ne perdons pas plus de 5 minutes qui seront très vite rattrapées, et même légèrement dépassées. Je maintiens ensuite du mieux possible la vitesse de 52,3 km/h que nous devons respecter. La nuit est noire, les paysages inexistants et seuls les feux lasers de la R8 éclairent notre direction comme en plein jour. L’arrivée surprise se fait au kilomètre 54 et nous rentrons ensuite sur Monaco de façon libre.
Jour 4 : de la joie, de la tristesse et de beaux souvenirs.
Le lendemain matin nous partons pour une derrière balade dans l’arrière-pays, où nous découvrons à nouveau des paysages aussi superbes qu’inédits. Nous profitons pleinement de la R8 que nous allons bientôt devoir quitter, à regret. Nous poussons encore et encore le V10 de 610 ch dans ses retranchements. L’emmener en fond de troisième, le sentir et l’entendre reprendre avec rage à 6 000 tr/min pour changer de rapport à 9 000 tr/min est mon passage préféré, tel ce moment de votre film culte que vous pouvez vous repasser à l’infini.
Laurent donne le classement et les temps juste avant le dernier repas. Nous finissons modestement la première étape chronométrée avec un écart de + 8,7 km/h, mais celle de nuit nous apporte satisfaction avec un delta plus contenu de + 1,6 km/h. La première place est acquise par un très sympathique couple suisse en Ferrari F430 Spider, suivi de très près par un père et son fils en McLaren 675LT Spider.
Les 1000 km GT, organisés par Happy Few Racing, offrent un mélange suave de compétition et de balade, de liberté totale et de régularité, de paysages superbes et de nuit noire. Le rallye trouve un équilibre parfait entre amusement, détente et tension lors des étapes chronométrées. Nous naviguons dans un ensemble de sensations et de sentiments très variés, mais toujours plaisants. Une pure réussite en somme !
2023 8370 km Automatique Essence
2024 11348 km Automatique Essence