Bon OK, j’avoue !
Dès que l’on me cause de la Jaguar F-Type, je deviens tout chose. Je ne sais pas pourquoi, mais cette auto me parle. Elle n’est pas parfaite et une 911 reste plus efficace. Mais cette Anglaise sait parler à mon âme, alors que la Teutonne ne parle qu’à ma raison.
Lorsque la firme d'outre-manche me proposa de vivre un rallye en compagnie de son club afin de rejoindre, au bout de plusieurs centaines de kilomètres, l’événement « Sport et Collection » et que pour vivre ce voyage, Jaguar m’offrait les clés de la toute dernière F-Type 400 Sport, je ne pus passer mon tour.
Toujours aussi sexy…
Des ailes gonflées, des boucliers percés comme un emmental, deux grosses tuyères d’échappement et des jantes au format XXL : un tel programme ne saurait passer inaperçu ! Belle, cette F-Type 400 ? Carrément ! Surtout avec ce capot qui n’en finit pas, cette teinte noir intense qui la recouvre des jantes au pavillon et ses ailes arrière galbées comme le postérieur de Kim Kardashian, il est difficile de ne pas tomber sous son charme.
Dans le cockpit, on ne peut pas manquer le sigle « 400 Sport » qui s’installe à peu près partout. Pour le reste, si l’ambiance est tonifiée par quelques petits éléments en aluminium, on baigne dans le cuir de qualité qui recouvre presque tout l’habitacle. Les sièges sport se règlent à la perfection via de multiples moteurs électriques. Et puis, il y a ce bouton pour régler la direction, le caractère moteur et la suspension qui promet mont et merveilles.
Rugissement !
Dès que l’on pousse le bouton START, elle se met à rugir comme une bête féroce pour prévenir la jungle de son réveil. Le ronronnement sourd à l’échappement donne des frissons aux badauds. Dans l’habitacle, la hargne devient mélodie du bonheur. Ici, les ingénieurs n’ont pas eu besoin de trafiquer la bande-son mécanique pour la faire ressortir des haut-parleurs, comme quelques-unes de ses concurrentes. Le V6 respire à pleins poumons et son système de suralimentation souffle comme un barbare dans les bronches du moteur pour lui offrir des vocalises de diva.
D’ailleurs, allons droit dans les entrailles de la bête. Jaguar nous fait la surprise de faire grimper la cavalerie de son V6 suralimenté de 380 à 400 chevaux entre 6 500 min, pour un couple de 460 Nm de 3 500 à 5 500 tr/min. Le caractère pointu à haut régime, ce n’est fini chez JAG !
Côté transmission, la 400 Sport reste une propulsion et dispose d’une boîte manuelle à 6 rapports ou, si vos fins de mois vous le permettent, une boîte automatique à simple embrayage et 8 rapports. Notre monture se voit équipée de l’excellente commande automatique et séquentielle. Et c’est très bien comme ça…
Du petit matou…
Les premiers kilomètres de notre périple se passeront tranquillement dans les bouchons de notre capitale, rendus célèbres et plus présents grâce à notre belle Anne Hidalgo.
Et je vous remercie, Madame ! Car sans vous, je n’aurais pu me rendre compte des qualités de notre JAG qui roule fièrement des mécaniques, telle une berline compacte. Ici, l’association parfaite du moteur et de sa boîte de vitesses nous permettra même d’oublier votre marotte anti-automobile et d’y prendre un tant soit peu de plaisir.
Malheureusement, après 1 h 30 de ce beau cul à cul qui aura aimanté les regards et attiré les oreilles sur notre belle, il est temps pour nous de prendre les petites routes de campagne. Direction Chambord.
… au carnassier !
Les routes de campagnes sont libres de toute distraction. Il est temps de mettre ses gants de cuir, ses binocles américains et d’échauffer ses chevilles. Enfin libéré, on met pleins gaz.
À la moindre pression sur la pédale de droite, les réserves de la mécanique se manifestent avec violence. Son couple féroce n’incite pas à aller chatouiller la zone rouge ! Si les turbos ont lissé la courbe de couple, ils donnent du mordant à tous les régimes. Soudez l’accélérateur au plancher et la bête est catapultée vers l’avant, avec une poigne sidérante et dans un vacarme digne du dieu du tonnerre…
En vrai pilote du dimanche et de ses belles mécaniques, on se délecte de la poussée virile à chaque pression et tant pis pour les quelques chalands croisés ici et là qui doivent perdre à chaque poussée un pourcentage non négligeable de leur capacité auditive. Les vitesses sont enquillées avec précision et les rétrogradages sont garnis d’un petit coup de gaz automatique ! Le tout est ponctué par les crissements des pneus à chaque freinage. Car en écrasant la pédale des freins, on a comme l’impression de larguer une ancre sur le tarmac. Le bolide se stoppe en une fraction de seconde !
Il me reste à vous conter comment la jeter dans les virages. Oui, il faut bien la jeter et non la guider. Ce qui se fait d’autant plus simplement que la direction est parfaitement équilibrée et que le train avant est un régal de précision. Mais attention : à la remise des gaz, la horde sauvage sortant du V6 fait des ravages. Une pointe d’optimisme et elle nous fait voir la route à travers les vitres latérales. Il faut du doigté pour maîtriser la danse du crabe qu’elle nous impose. En sueur après autant de combats et nous rapprochant du château de François 1er, nous revenons à un rythme plus politiquement correct.
Photos © Etienne Rovillé pour La Revue Automobile
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